Bégaiement enfance handicap

Bégaiement, Enfance et Handicap

Dans ce nouvel épisode de NOIR & BÈGUE 🎙, on va aborder le thème du bégaiement dans l’enfance ainsi que de son impact dans une vie.

Cet épisode est là pour vous sensibiliser à ce qu’un enfant bègue doit traverser dans la vie, (et cet enfant bègue c’est Mike.)

On recense près de 1% de bègues en France soit 650 000 personnes.

Aujourd’hui le bégaiement est un handicap encore bien trop méconnu par la plupart d’entre nous. C’est un trouble de la communication qui est source de mal-être pour beaucoup de personnes bègues. Et comme nous avons pu le voir dans cet épisode, également de colère de souffrance et de perte de confiance en soi.

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Chez l’enfant le bégaiement commence vers 3 ans, au moment où ce dernier commence à parler, où il commence à chercher à se faire comprendre ainsi qu’à communiquer avec les autres.

Par conséquent, il est la cause de la frustration que peut ressentir un enfant qui s’adresse à un adulte et qui ne le comprend pas, qui ne sait pas ce qu’il ne ressent ni pourquoi il ne parvient pas à se faire comprendre.

C’est donc la colère qui va s’installer puis progressivement va laisser place à une rage allant impacter toutes les relations aussi bien sociales ou amicales d’un enfant.

Le bégaiement est bien plus qu’une succession d’hésitations lorsque l’on parle, c’est un fossé qui va complexifier l’intégration d’une personne bègue dans la société.

Il va continuer à impacter l’enfant vers sa vie d’adulte. Cette dernière va être constituée d’habitudes et de routines fondées autour du bégaiement. Par exemple : Laisser passer quand on fait la queue, privilégier les caisses automatiques, tout est bon pour éviter les interactions avec autrui.

Retrouvez les notes de l’épisode sur noiretbegue.fr

🎧 Bonne écoute

Podcast disponible sur :

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Mike   

C’est seulement dans les ténèbres qu’une bougie peut faire l’expérience de sa propre lumière. Je suis Mike Muya, noir, bègue et entrepreneur, fondateur de Filmcorporate, agence de communication vidéo. Dans noir et bègue. Je vous raconte mon histoire, mon parcours, comment j’ai réussi à dompter mon handicap et à devenir ce que j’aurais dû être.                                                                                                                                         

Bonjour et bienvenue à tous dans ce nouvel épisode noir qui s’intitule bégaiement, enfance et handicap.

Bonjour Mazarine,

Mazarine

Bonjour Mike, prêt pour ce nouvel épisode, dans ce nouvel épisode. On va parler du bégaiement dans l’enfance. Aujourd’hui, c’est près de 1 % des Français qui sont bègues, soit 650 000 personnes. Et l’on sait également que les garçons sont quatre fois plus enclins que les filles à être bègue.  Et j’ai l’un d’entre eux en face de moi aujourd’hui.                                      

Tu vas nous faire part de ton retour d’expérience et de comment tu as vécu ton enfance en étant bègue.              

Enfance

Mike   

Tout a commencé à 8000 kilomètres d’ici. Je suis né à Kinshasa, au Congo, là où j’ai passé une grande partie de mon enfance. Le bégaiement a été un gros frein pour moi dans mon développement en tant que personne, en tant qu’humain. Et ça m’a beaucoup affecté lorsque j’étais enfant, ça a eu un impact très fort sur ma vie, sur ma vie de famille, sur ma scolarité, sur mes relations avec les gens et sur ma sociabilité, tout simplement.                                                                                                                                 

Mazarine       

Et aujourd’hui, est-ce que tu as des souvenirs ? Du commencement de ton bégaiement, quand est-ce que tu as commencé à bégayer ?                                                                                                                                  

Mike   

J’ai toujours bégayé. C’est une question à laquelle je ne peux même pas répondre parce que j’ai bégayé dès mes premiers mots. Donc il n’y a pas eu d’événement marquant ou un fait qui a fait que je commence à bégayer. Donc j’ai bégayé dès le plus jeune âge et du plus loin que je m’en souvienne, j’ai toujours été bègue.                                                                                                                                                              

Mazarine       

Est-ce qu’en tant qu’enfant, il y a un jour où tu t’es dit j’ai un problème ? Il y a quelque chose qui ne va pas dans ma manière de communiquer. Pourquoi je n’arrive pas à placer une phrase sans bredouiller ou pourquoi je n’arrive pas à me faire comprendre ?                                                             

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Mike   

Très vite, je me suis rendu compte que j’étais différent parce que je ne vivais pas la même chose que les autres. J’avais ces difficultés que les autres n’avaient pas et pour moi, c’était incompréhensible. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi c’était moi, pourquoi ça m’arrive à moi ? Tu traverses une période de doute, d’incompréhension, de frustration, en plus quand tu es gamin, tu te poses 1 million de questions et là, tu te poses 1 million de questions : mais pourquoi ? Pourquoi moi ? Et c’était des questions auxquelles je n’avais pas les réponses. Mon entourage non plus, parce que moi, j’ai grandi dans une culture africaine. Le bégaiement n’est pas quelque chose qu’on traite réellement parce qu’il n’y a pas l’orthophonie sur place. Les médecins qu’on avait eus à l’époque disaient que ça allait passer. Et puis mes parents y croyaient aussi que ça allait finir par passer.                                           

..                                         

Malheureusement, ce n’est jamais passé. Sauf que quand tu es enfant, c’est difficile à vivre parce que tu grandis, tu grandis. Mais l’intensité de ton bégaiement est toujours présente et ça affecte ta vie, au fur à mesure que tu grandis, donc c’était plus le temps passe et plus la douleur augmente. Parce que tu es conscient de plus en plus de ce qui se passe dans ta vie et dans ton entourage.                                                                                                                                  

Mazarine       

Et justement en parlant d’entourage, comment tu l’as vécu ça avec tes parents dans ta relation avec eux ?                 

Relation avec les parents

Mike   

Ma relation avec mes parents a toujours été bonne. Maintenant, je veux remettre les choses dans leur contexte et à l’époque déjà le bégaiement n’était pas quelque chose de connu. Il n’y avait pas cette sensibilisation comme on peut avoir aujourd’hui. Il y avait aussi une méconnaissance de ce handicap qui est invisible et tant bien que mal on a essayé d’y croire que ça allait passer.                                                                           

Ils se sont aussi mis dans cette spirale, le fait de croire qu’avec le temps ça peut s’atténuer, et que malgré tout j’allais quand même avoir une bonne vie. Mais on n’a pas mesuré l’impact que ça aurait pu avoir sur ce petit garçon.                                                                                                                                     

Mazarine       

Aujourd’hui, on compte près de 90 % des enfants qui se rétablissent de manière naturelle de leur bégaiement. Comment est-ce que toi tu vis le fait de ne pas avoir fait partie de ces 90 % et des 10 % restants ?                                     

Acceptation de soi

Mike   

Formulé comme ça, j’ai l’impression d’être un peu le dernier de la classe. La vie n’est pas juste. Disons qu’on n’a pas eu de chance, je n’ai pas eu cette chance-là et malgré tout, il fallait continuer à avancer. Mais c’est vrai que j’aurais bien préféré être dans les 90 pour être tout à fait honnête, si j’avais pu m’éviter tout le calvaire que j’ai eu à vivre toute mon existence.                                J’échange ma place sans aucun problème, donc celui qui veut prendre ma place. Je suis la laisse.                                             

Mazarine       

Mais dans ce cas là, il n’y aurait pas eu Noir & Bègue aujourd’hui ?                                                                                                                            

Mike   

Oui, j’aurais préféré ne pas avoir noir et bègue et être tranquille. Non je plaisante.                                                             

Caractère                             

Mazarine       

On sait également que c’est durant l’enfance, durant la maternelle, que le caractère d’un enfant, d’une personne se forge, que c’est à ce moment-là que les premières relations se forme, que les premières interactions avec autrui vont apparaître. Et j’imagine que ça a dû être compliqué pour ce petit Mike à qui on va dire d’interagir avec les autres, de devoir communiquer avec des personnes qui ne le comprennent pas, qui ne vivent pas la même chose que lui.                                                      

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Mike   

Ça a été très compliqué, comme tu dis. C’est à cette période-là qu’on forge un caractère. Et moi, le bégaiement a fait que j’ai dû me créer une carapace pour pouvoir supporter toutes les attaques, toute l’émulation, toutes les moqueries, qu’en tant que gamin tu peux vivre parce que comme on le sait aujourd’hui, quand tu as un enfant, les enfants, ça ne pardonne pas. Toutes les moqueries que tu peux avoir quand tu parles, quand tu vas bloquer ou à l’école, quand on t’interroge ou quand tu dois exprimer tout simplement.                                                                          

C’était super difficile à vivre et tu vivais aussi dans une incompréhension parce que tu te demandes, mais pourquoi c’est moi ? Pourquoi ça m’arrive à moi ? Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Et là, tu remets ta vie en question alors que tu as que quelques années sur terre, tu te dis, mais ce n’est pas possible.                                   

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Mazarine       

Tu appréhendes la suite                                                                                                  

Mike   

Appréhender c’est même un gros mot. Tu n’imagines même pas la suite, tu te dis que ça va être encore un calvaire, tu te dis si déjà à mon âge, je vis tout ça, la vie je n’ai pas envie de devenir grand je ne vois pas comment. et plus le temps passait, mon bégaiement il ne s’atténuait pas au contraire il s’amplifiait, ça devenait de plus en plus inquiétant et ça m’a influencé. Et ça a énormément influencé mon caractère, ma façon d’être. Du coup, j’étais renfermé, j’étais colérique. J’avais cette rage, j’avais cette haine en moi. J’en voulais à Dieu, j’en voulais à la terre. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Je me demandais pourquoi c’est possible que ça tombe sur moi.         

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Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Mais quand tu es gamin, il n’y avait personne qui pouvait t’apporter cette réponse-là. Qu’est-ce que tu peux dire à un gamin qui te dit « pourquoi ça m’arrive à moi ? » Tu vas lui dire c’est un trouble de la communication ? Mais qu’est-ce qu’il en a à faire ? Lui tout ce qu’il sait c’est qu’il souffre. Tu vas lui dire, ça va passer avec le temps, là pour le moment, moi, ça ne passe pas, pour le moment ça ne passe pas pour moi, pour le moment je suis en train de souffrir. Et pour couronner le tout, déjà que j’étais bègue, la vie ne m’a pas fait de cadeau. Au contraire, elle m’a rajouté un poids supplémentaire qui était l’asthme.                                                                                               

Combo

J’étais asthmatique depuis l’âge de sept mois. C’est un combo que je ne souhaite à personne. Déjà, le bégaiement, je ne le souhaite à personne, mais alors l’asthme en plus, alors là, autant crever tout de suite.

Mais j’en pouvais plus de la vie. Déjà, c’était difficile à porter, du coup, toute ma vie, j’ai dû toujours me battre et par moment, je me sens fatigué. Tu vois quand dans toute ta vie rien n’était simple, rien de ma vie n’a été simple. J’aurais rêvé d’être un gamin avec une vie tranquille.

Vie dure 

Je pars à l’école, je prends mon goûter, je dors, une vie de gamin. Non moi, ma vie, c’était les hôpitaux, les blocages, les moqueries. Je ne peux pas m’exprimer du coup, je garde tout en moi. C’était super difficile à tenir, c’était super difficile à vivre. Tu peux avoir le cadre familial, tu peux avoir le bien matériel.                                         

Ça ne changera pas ta souffrance. Je n’étais pas heureux.                                                                                                                                       

Mazarine       

C’est un mal être qui perdure.                                                                                                                                    

Mike   

C’est le mal être, mais qui est là ? Et les gens, ils peuvent t’envier. Lui il vit plutôt dans une bonne famille, mais ça ne veut rien dire. Quand tu es malheureux, les biens matériels ne veulent rien dire. Quand tu es malheureux. L’argent ne veut rien dire.                                       

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Mazarine       

C’est insignifiant.                                                                        

Mike   

Quand tu es malheureux, peu importe tout ce qui se passe autour de toi, ça ne veut rien dire. Ta souffrance est tellement profonde, à cet âge-là, c’est difficile par toi même d’agir réellement au plus profond de toi, sans un vrai accompagnement, sans un vrai déclic. Et en grandissant à l’âge adulte, ça s’est amplifié, tout simplement. Il y avait un mal-être qui était profond.                                                                    

Et plus le temps passait, j’ai développé une peur, la peur de vivre, la peur de demain, qu’est-ce que je vais faire dans dix ans ? Qu’est-ce que je vais faire quand je serai grand ? Je me disais, mais comment ça va être ma vie ? Et rien que le fait de penser à plus tard, je flippais.                                         

Futur

Mazarine       

Il n’y avait pas ce côté insouciant parce qu’un enfant de cinq ans tu vas lui dire qu’est-ce que ton envie de faire plus tard, il va me dire j’ai envie d’être astronaute ou j’ai envie de faire telle chose alors que non, là on a affaire à un enfant qui n’a pas de perspective d’avenir et qui se demande…                                                              

Mike   

Je n’avais pas cette perspective-là parce que c’était déjà difficile, je me suis dit si c’est ça la vie, je n’en veux pas. Ça peut être difficile. Le bégaiement, on dit que c’est un handicap invisible et la souffrance, c’est aussi quelque chose d’invisible. Parce que moi, ce que j’ai dû ressentir, ceci est invisible, tu peux voir une personne en face de toi. Tu vois, le gamin, il est en face de toi, mais en lui, ça ne va pas parce qu’en lui il porte trop de poids et il porte trop de choses qu’il ne peut pas porter à son âge.                                                                               

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Et moi, quand je te disais avec combo asthme, plus le bégaiement, ça a vraiment pourri mon enfance, ça a énormément pourri mon enfance et ça a impacté également mon adolescence. Mais j’ai dû me construire avec ce handicap. J’ai dû me construire avec cette maladie qui était l’asthme. J’ai dû me construire avec tous les paramètres, avec mes faiblesses. J’ai dû me construire malgré tout. 

Pas le choix

Mazarine       

C’était une part de toi que tu te n’as pas eu d’autre choix que d’accepter ?  

Mike   

Je n’ai pas eu d’autre choix que d’accepter. Je savais très bien que quand j’ai commencé ce combat, je ne vais pas arriver en entier parce qu’il y a des choses que tu ne peux pas reconstruire. Moi, c’est comme s’il me manquait une partie de moi. C’est con, là tu peux sourire, mais c’est fou, tu as des gens qui ont les bons souvenirs de l’enfance. Moi, quand j’étais enfant, moi perso, non, rien, c’est même une partie. C’est où clic droit, supprimé, next, corbeille, même la partie adolescence clic droit supprimé.                                              

Mazarine

C’est censé être synonyme d’insouciance.                                            

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Mike   

Ouais, moi j’ai commencé à vivre à l’âge adulte, à la vingtaine, c’est là que j’ai commencé à apprendre, à découvrir la vie. Et là, aujourd’hui, quand je vois la vie que j’ai, la beauté de la vie, je me dis Wow ! On m’a caché tout ça depuis que j’étais gamin.                                                                                                                                                      

Je n’ai pas eu cette chance-là. Et ça influence, comment tu es moi, je me rends compte que ça influence ma façon d’être avec mes enfants. J’ai tellement peur que mes enfants bégaient et tu ne peux même pas imaginer. Ça me stresse. J’essaye de canaliser un peu cette pression-là que j’ai. Je vais analyser chaque mot qu’ils vont dire pour justement déceler et pour ne pas reproduire, pour pas qu’ils aient la même vie que moi.              

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Moi j’ai pu avoir parce que cette vie là, si je le souhaite à personne, encore moins à mes gamins et à personne d’autre de toute façon. Même à mon pire ennemi, je ne le souhaite pas. Mais malgré tout, il fallait arriver à se construire. L’enfance c’est censé être quelque chose de joyeux. Moi, je n’ai pas eu cette chance-là.                                                                                                                                                                                                                      

Ce n’est pas parce que je n’ai pas eu une enfance joyeuse que ma vie en tant qu’adulte doit être malheureuse. Après, tu sais, des fois c’est un peu la suite logique ta était enfants malheureux ça impacte. Si on avait dû garder quelque chose de linéaire, j’aurais dû être malheureux. Aujourd’hui, je ne le suis pas. Personne ne m’a rendu heureux. Être heureux, c’est une décision.  

Être heureux, c’est une prise de conscience. Être heureux, c’est de faire en sorte que tu arrives à atteindre cet équilibre de vie. Heureux. Ce n’est pas une question d’argent. Pour moi, être heureux déjà, c’était la première chose. C’était qu’est ce que je fais sur terre ? C’était déjà de trouver ce plaisir-là. l’Enfance, c’est beau. C’est une phrase que j’ai entendue, l’enfance.                                                                

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C’est beau, c’était beau pour les autres, mais pour moi, l’enfance c’était très moche. Mais ce n’est pas pour autant qu’aujourd’hui j’ai une vision négative de l’enfance. Aujourd’hui, je souhaite la meilleure enfance à tous les enfants possibles et c’est pour ça aussi que je fais noir et bègue. Je ne parle pas directement à l’enfant parce que, à son niveau de compréhension, il ne va peut-être pas comprendre tout ce que je peux dire.                                                                             

Etc., mais je parle également aux parents surtout qui vont avoir des enfants bègues ou eux-mêmes qui peuvent être bègues, etc. Attention, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas forcément des signes extérieurs visibles que l’enfant va bien. Donc c’est aussi une capacité à déceler, une capacité à être présent.                                                   

Mazarine       

Ça manque de sensibilisation ce que tu fais.

Double culture

Mike   

Un acte de sensibilisation. Et puis moi, j’ai eu la chance d’avoir les deux cultures, la double culture, la culture africaine, la culture française. Et ça ne se passe pas du tout de la même façon. J’ai dû grandir aussi le cul entre deux chaises et nous à la culture africaine. En tout cas, moi, dans ma culture africaine, il n’y a pas assez de proximité directe avec les parents à le dire.                                                                                 

Il y avait déjà un peu cette barrière-là aussi. Les parents, c’est les parents, les enfants, c’est les enfants. Et tout ça, ça joue. L’homme se construit par rapport à tout ce qu’il a traversé. Et moi, je suis l’homme que j’ai été il y a une dizaine d’années. Mais cet homme que j’avais en face de moi me correspondait pas.        

C’est pour ça que j’ai décidé de changer. C’est pour ça que j’ai décidé que j’allais devenir ce que j’aurais dû être. Un  homme meilleur, un homme qui voit la vie du bon côté. J’ai appris à me construire brique après brique et j’ai bien cimenté pour pas que personne ne vienne détruire tout le travail.                                   

Inquiétude

Mazarine       

Aujourd’hui, toute cette inquiétude que tu as par rapport à tes enfants, ou quoi que ce soit, ou le fait que tu ne souhaites ça à personne, c’est clairement les répercussions de ton enfance à toi, de toute cette colère, de toute cette souffrance constante.                                                                                                                                  

Mike   

Tu sais, quand tu pars à la guerre, tu ne rentres pas en entier. C’est ça, c’est exactement ça. Je suis parti à la guerre contre la vie, je suis parti à la guerre contre le bégaiement. J’ai des séquelles, c’est des séquelles qui vont rester en moi. Ça fait partie de moi.                                                

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Mazarine       

Ça forge le caractère. 

Mike   

Ça forge le caractère ou ça peut détruire aussi. C’est à double tranchant. C’est comme le feu tu peux l’utiliser pour te chauffer, tu peux te brûler aussi. La vie, c’est pareil. Les expériences de la vie, c’est pareil, tout dépend. À toi d’être malin, à toi de trouver comment tu veux te servir de cette expérience-là.     

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Mazarine       

Pour rebondir un peu par rapport à ce que tu me disais sur l’asthme, il faut prendre en compte que la respiration, c’est plus que nécessaire aujourd’hui à la parole. Et je voulais savoir si l’asthme a eu des répercussions sur ton bégaiement ou pas.                      

L’asthme

Mike   

L’asthme, pour moi, c’était un peu. Tu vois une personne à terre, elle est déjà tombée, et l’asthme, c’est ce petit gars pas sympa qui vient, qui met le pied, qui t’écrase encore plus fort, qui t’écrase bien alors que tu es déjà bas qui t’écrases bien pour pas que tu te relèves. L’asthme. Pour moi, c’était la goutte de trop.                                                                                                                     

Déjà, quand tu es bègue, tu as cette difficulté à t’exprimer parce qu’au niveau physique, c’est très physique le bégaiement et l’asthme quand je faisais des crises d’asthme, j’avais mes branches qui sifflaient, problèmes de respiration. Je suis affaibli et quand tu es affaibli et que tu dois faire un effort physique pour parler, c’est ça qui est le plus difficile.                               

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Quand je ne fais pas des crises d’asthme, je fais déjà un effort qui me coûte. C’est physique. Imagine toi que j’ai deux fois, trois fois moins de force dans tout mon corps, mais je dois aller chercher le peu de force que j’ai pour dire un mot. Une personne qui ne bégaye pas qui, asthmatique, est déjà affaiblie, même pour parler, tu sens qu’elle n’est pas bien.                         

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Et alors que moi je ne suis déjà pas bien au niveau de la parole, alors là c’était le combo. Et ça, ça m’a énormément joué sur moi, sur mon bégaiement, durant les périodes d’asthme, etc. ça a beaucoup joué. Et puis, en grandissant, l’asthme a décidé de partir. Il s’est dit qu’il m’avait assez emmerdé pendant 18, 19 ans de ma vie. Il s’est barré.                                

Mazarine       

Contrairement au bégaiement.

Mike   

Et contrairement au bégaiement il a dit « non mon gars moi, je reste encore un peu. C’est trop facile ». J’aurais pu lui dire, « tu peux partir en même temps », mais il n’a pas voulu.                                               

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Mazarine       

Il aime bien t’accompagner.                            

Mike   

Il veut toujours m’accompagner, mon meilleur pote là., j’ai dit OK, toi, tu veux rester ? Bon, t’inquiètes pas, j’aurais quelque chose pour toi, je vais me reprogrammer et dans dix ans, tu seras plus là. Mais dans dix ans, il est toujours là. Mais ce n’est plus mon meilleur pote. Mais c’est juste quelqu’un que je mets de côté, avec qui je discute de temps en temps. 

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Non, mais pour être plus sérieux. L’asthme est parti quand j’avais 18,19 ans, j’ai plus fait de crises. C’est un truc énorme déjà, c’était un soulagement. C’est quelque chose vraiment qui s’est fait avec le temps, c’est parti comme ça, donc au fur et à mesure. Même ma famille était inquiète par rapport au fait de faire beaucoup de crises, etc. Et là, avec le temps, l’asthme s’est estompé.                                     

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Il est parti tout seul. Malheureusement, le bégaiement, lui, il a décidé de garder sa place. Il est toujours là, mais avec un impact beaucoup moins important parce que j’ai appris à le connaître, j’ai appris à l’apprivoiser. On a appris à se connaître, maintenant, il me connaît assez bien. Et pour vraiment revenir sur l’enfance. C’est que, en résumé, je n’ai pas eu l’enfance, dont j’aurais pu rêver.                                                                                                      

Mais ça ne m’a pas empêché d’atteindre, de faire des choses, certaines choses plutôt plaisantes, mais quand je fais la somme de tout ce que j’ai eu à vivre, le bilan il est plutôt négatif. Mais on ne reste pas sur une note négative, tout simplement. Et il fallait arriver à positiver malgré tout. Mais c’est vraiment étape après étape.                                                                                       

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Enfance difficile, adolescence difficile, compliquée. Ton arrivée au collège ton arrivée au lycée, tu commences à grandir, tu commences à te définir en tant qu’homme. Vraiment tu te définis en tant qu’humain avec une vraie prise de conscience. Donc les choses t’impactent beaucoup plus que quand tu as 5 6 ans. Donc coup tu as beaucoup plus de relations humaines et aussi de sentiments à gérer.                                          

Et tout ça fait un peu effet boule de neige. Moi j’étais à un cocktail Molotov prêt à exploser.                                       

Intégration

Mazarine       

Est-ce que ça a joué sur ton intégration dans le cadre social ou amical en grandissant ?                                                                                                                                                                                                                                                          

Mike   

Enfance ou adulte.                                                                                                                                                                                                                                                            

Mazarine       

Enfance.                                                                                                                        

Mike   

Enfance. Oui, en enfance, oui, parce que tu vas rester dans un cercle très fermé et que des personnes que tu côtoies au quotidien. Moi, j’ai eu la chance d’avoir deux frères avec qui les l’écart d’âge était très réduits. Deux ans de plus, deux ans de moins et forcément on avait des amis en commun et les amis de mon frère c’était mes amis, et les amis de mon petit frère aussi.                                                                                        

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Et forcément, ça m’a fait un peu plus d’amis et il y a une tolérance qui est beaucoup plus forte que si j’avais été par exemple enfant unique. Et voilà, du coup, il y avait le groupe d’amis de mes frères qui faisait aussi partie de mon groupe d’amis. Donc ça, pour moi, c’était plutôt un point positif et ça m’a aidé à avoir un socle amical plutôt stable.                                                                                                                                                                                                                                                       

Mazarine       

Pour savoir est-ce que tu as eu le droit à un accompagnement ou une sorte d’aide spécialisée à l’école ou pas, par rapport au bégaiement ?                                                                       

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Mike   

Par rapport au bégaiement, comme je te disais,une bonne partie de mon enfance, je l’ai fait à Kinshasa, en Afrique, l’orthophonie tu oublies en tout cas à l’époque ou moi j’ai grandi dans les années 90. c’était du charabia, orthophonie, c’est bon, l’enfant va grandir, ça va passer. en Occident. Ici, en France, je n’ai pas eu cet accompagnement parce que déjà le bégaiement n’était pas reconnu comme un vrai handicap.                               

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C’était un trouble, la communication, etc., mais ce n’était pas reconnu comme un handicap. Au collège, je n’avais pas d’aménagements, au collège on m’a interrogé comme tous les autres camarades. J’avais la même note, je passais l’oral pareil .au lycée, c’était pareil donc je n’ai pas eu cet aménagement-là. C’est qu’aujourd’hui ou le bégaiement peut être reconnu comme travailleur en situation de handicap.                                                                                                                                                                                       

Mais moi, pendant ma scolarité, non, le bégaiement n’était pas considéré comme un handicap. Donc j’ai eu le même parcours que les valides avec quelque chose en moins. J’ai eu le même parcours que tous les autres gamins, avec une grande faiblesse en plus. Mais,  il fallait arriver à se forger malgré tout. Donc tu imagines que je vais me battre, je vais avoir la note, mais la note qui va être prise en compte par mon hésitation, par les blocages ou je ne vais pas dire tout ce que j’ai à dire.                                                         

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Sauf qu’à cette époque-là, qu’est-ce que tu veux que je revendique ? Je suis un petit ado et je suis là. Et déjà moi, à l’époque, je ne me considérais même pas comme un handicapé.                                                                                         

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Mazarine       

tu n’étais pas conscient de ce qui t’arrive                                                                                

Mike   

Je n’étais pas conscient que ça, ça s’appelle un handicap.                                                                               

Mazarine       

Et à quel moment tu as découvert que c’était un handicap ?                                                               

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Mike   

Pour être franc, quand j’ai eu la trentaine, quand j’ai accepté, mais quand j’ai commencé ce travail-là, je me suis dit, c’est quelque chose qui m’a embêté, m’a ralenti. Mais vraiment, le fait d’accepter, oui, c’est là. En grandissant, vraiment, en étant conscient, c’est quand j’ai commencé à avoir une parole dite fluide que je me suis rendu compte.   

:..

De tout ce que j’ai traversé, que c’était vraiment un handicap et beaucoup moins quand j’étais vraiment dans le handicap. Mais c’était en grandissant de dire, là, c’est vraiment j’ai tout ce que j’ai traversé, c’était vraiment un handicap. C’est aussi parce que moi, à l’époque, dans ma perception des choses, être en handicapé, c’était la personne en fauteuil roulant.                                                                                                    C’était le handicap physique, et le handicap invisibles. Ce n’est même pas qu’on en tient compte, c’est que vu que les gens ne le voient pas, il n’y a pas, une vraie prise de considération. C’est comme son nom l’indique, c’est invisible, tu es invisible, ta souffrance c’est invisible, ce que tu penses invisible, ce que tu as à dire c’est invisible et inaudible.                                                                   

Et moi, c’était comme ça. Collège, lycée, université. Je me suis battu, je me suis toujours battu. Au lieu de me concentrer sur est ce qu’ils vont me reconnaître ou pas, je me suis concentré sur améliorer ma parole pour essayer d’avoir la moyenne. Je sais que je vais maximiser mon potentiel sur l’écrit parce que l’oral, j’ai plus de chance de me planter.                                                         

Après, il arrivait qu’à certains oraux, j’arrivais à caler quelques mots et avoir la moyenne. Mais, mais dans l’ensemble.                                                                       

Mazarine       

À quel prix ?                                                       

Mike   

À quel prix ? Mais c »est que tout était difficile pour moi, mais le plus dur pour moi pendant ma scolarité, tu sais, c’est quoi  ?                                    

Mazarine       

Du tout, dis-moi.                                                                                 

Mike   

C’est de se faire passer pour un cancre.                                                                                                    

Mazarine

Et pourquoi ?                                                                            

Mike   

Pour éviter de parler, pour éviter de dire la réponse, je préfère dire non de la tête ou faire semblant, ou de faire comme si je n’étais pas attentionné. Je préfère même me prendre un zéro, une mauvaise note que tenter, parce que la douleur elle est beaucoup plus forte que le zéro que je vais avoir, donc je préfère avoir un zéro que tenter de m’expliquer.                

Le zéro

Je préfère avoir zéro qu’essayer de parler. Tu vois, je suis dans la résignation. C’est que l’effort que ça me demandait de développer. Et en plus, même si je connais la réponse que je tente de dire, mais vu que je n’arrive pas à sortir tous les mots que je veux, les mots ont une importance. Bah, je vais dire des mots qui, qui ne veulent pas vraiment dire ça.                                                                                                                                                        

Les premiers mots qui me viennent, si c’est pour se planter, autant se taire et j’étais dans cet état d’esprit là. Et ça, ça a eu un impact dans ma scolarité.                                                                                                                       

Mazarine       

C’est que tu ne peux pas partager ce que tu penses, ce que tu ressens.                                                                                                       

Mike   

Et il y a aussi une chose qui est frustrante, c’est que quand tu connais la réponse, mais que personne de tes camarades ne lève la main alors que toi tu connais la réponse, tu dis la je peux avoir une bonne note. Tu sais quoi. Tu sais quoi ce n’est pas grave, je passe mon tour les gars. Tu vois c’est des petites choses comme ça qui te pourrissent la vie.                                                                          

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Des petites choses comme ça, qui jouent sur ton estime de soi. C’est des petites choses comme ça, qui jouent sur la confiance, sur ta perception du monde, sur l’adulte que tu vas devenir demain. Donc c’est cette situation-là qui engendre le fait que j’ai toujours préféré échapper. Quand il y a du monde, je ne fais pas la queue, je préfère attendre qu’il n’y ait plus personne.                                                                                                                                                                                                                                       

C’est fou le nombre de fois. Quand j’arrive dans un magasin, il y a du monde derrière moi. Je vais faire semblant d’aller chercher un autre article. J’attends qu’il n’y ait plus personne comme ça je viens et là je peux m’autoriser à bégayer. Le fait qu’il y ait des gens derrière moi, ça amplifiait.                                                                                                                                                                                                                                                             

Mazarine       

C’est une pression supplémentaire.                           

Mike   

C’est une pression supplémentaire à gérer              

Mazarine       

Tu te dis dit, j’ai envie de faire vite, il faut que je parte vite. Et forcément                                                                 

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Mike   

À l’époque, j’en ai rêvé des caisses automatiques d’aujourd’hui, le sans contact, super, mais la technologie a des plus, mais ça a aussi des moins. Mais bon, forcément aller au contact humain il est moins bien, mais tu n’as pas parlé à dire « bonjour », bip, tu prends ton article et tu te  casses ? Donc oui, mais quoique la technologie m’aurait peut-être faciliter la vie à l’époque.                                                                                                                                                                 

Mazarine       

C’est probable.                                                                                                                                  

Solution

Mike   

Google Maps, tu ne demandes pas ta route, tu vas faire tes courses, bip, caisses automatiques, tu veux te commander à bouffer ? Tu n’as pas à aller bégayer dans un restaurant, tu prends un Uber Eats et tu te fais livrer la bouffe. Mazarine, tu prends ton sachet. Donc le livreur ne va pas te faire chier parce que tu n’as pas dit bonsoir. Mais bon, même si je ne sais pas s’il peut te mettre une mauvaise note, mais ça reste acceptable. Tu vois, c’est vraiment toute ta vie, ça impacte toute ta vie.                                                                                                                                                                                                                                                                

Mazarine       

C’est comme des sortes de séquelles. On va dire après séquelle c’est un bien grand mot, mais on va dire c’est des habitudes.                                                                                                                                                                                                                                                             

Mike   

Non, ce n’est pas un grand mot. C’est exactement le mot, c’est des séquelles. Je me suis construit avec mes séquelles. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de séquelles que je suis arrivé à diminuer et j’ai beaucoup des séquelles que je suis arrivé à faire disparaître. Mais je ne serai jamais entier. Mais ça, je l’ai toujours su. Ça ne m’empêche pas de trouver un nouvel horizon.                                                                               

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Ça ne m’empêche pas de trouver de nouvelles choses. Je ne veux plus rester focalisé sur ce que je n’ai pas eu ou sur ce que j’ai eu. D’ailleurs, je pourrais me focaliser sur ce que j’ai aujourd’hui et sur ce que je peux avoir demain. Mais en tout cas, ça a eu un impact. L’Enfance que tu as eue joue sur la vie d’adulte que tu vas avoir à toi maintenant, de décider.                                                                                                                         

Est-ce que tu veux rester dans la continuité ou est-ce que tu veux changer les choses ? Moi, j’ai décidé de changer ma vie. Je n’ai pas décidé d’arrêter de bégayer. Quand tu décides de mettre fin à ses jours, mais ça va au-delà du bégaiement. C’est que tu n’en peux plus tu en as marre de tout. Il n’y a plus de perspectives, donc il n’y a plus rien.                                                                                                                                                                      

La plupart des gens ne se posent même pas cette question-là. Est-ce que j’ai envie de vivre moi ? Moi c’est une question. Et je me souviens que j’avais écrit dans un de mes carnets. J’avais écrit texto je suis fatiguée de vivre, je suis fatiguée de respirer. L’asthme, le bégaiement, tout a été une épreuve. Mais tu sais, c’était cette fatigue, mais qui était tellement importante.     J’avais l’impression que j’étais déjà en fin de vie.                                                                                                                           

Mazarine       

Un épuisement qui aussi bien moral que physique.                                                        

Épuisement moral

Mike   

Voilà, c’est ça, tu as l’impression que tout c’est du sport. Moi, je m’entraînais tous les jours contre mon gré.                                                                                                                                                                                                                                                                

Mazarine       

Toute ta vie est souffrance, tout demande un effort, juste vivre te demander un effort.                                                                                                                                                                                                                                                       

Mike   

Exactement, vivre, c’est un effort de vivre. Il fallait que je trouve une bonne raison de rester en vie. C’est ça le truc. C’est vraiment ça le truc.                                                                                                                                                                                                                                                           

Mazarine       

Et aujourd’hui, ta raison, c’est laquelle ? Lesquelles ?                                                                                                                                                                                                                                                                

Mike   

Aujourd’hui, j’en ai tellement des raisons. La vie est la plus belle chose qui me soit arrivée. La vie.                                                                                                                                                                                                                                                               

Mazarine       

La première vie ou la seconde vie.                                                                                                                                                                                                                                                             

Mike   

Ah non la seconde. La première, je la donne a qui bon veut la prendre. Je lui donne sans problème. J’ai découvert la vie, j’ai découvert la vie. C’est que là, tu vois que la vie, elle est fantastique. Je ne dis pas que la vie, elle est parfaite, je dis que j’ai juste découvert le côté beau de la vie. Ça n’empêche pas que la vie, il y a des côtés sombres.                                                                                                                                             

Il va toujours en avoir. J’ai appris quelque chose durant mon parcours. Quand tu es dans une pièce sombre, dans l’obscurité, tu prends une lampe torche, tu éclaires un endroit, tu vas voir uniquement ce que tu veux voir. Ça n’empêche pas que derrière ce que tu éclaires, il y a d’autres choses qui ne vont pas bien. C’est un peu le côté hypocrite des choses.                                                                        

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Je fais le choix de voir la vie du bon côté. C’est un choix. C’est un choix par défaut qui me permet de mieux vivre dans le monde dans lequel je suis. C’est un choix par défaut qui me permet d’être en adéquation avec moi-même. Aujourd’hui, je rencontre des gens sympas. Tous les jours, je rencontre des gens bien, je rencontre plus de bien que le mal parce que je suis programmé à ça.                                                                                                                                                                                                                  

J’attire ce à quoi je pense le plus. Je suis dans une fréquence positive, donc forcément ce que je ressens en retour, c’est de la positivité des gens. Il y a une phrase qui dit qu’il n’y a pas beaucoup de cons sur terre, c’est juste qu’ils se déplacent beaucoup. Et moi, quand j’étais bègue, il se déplaçait beaucoup ces gens-là.                                                                                                                                                                    

Je te jure qu’il se déplaçait partout, il y avait toujours des petits cons. pour t’emmerder.                                                                                                                                                                                                                                                         

Mazarine

Ils n’étaient jamais loin.                                                                                                      

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Mike   

Mais vraiment des petits cons. Ils n’étaient jamais loin pour te pourrir la vie. Déjà que la vie te pourrissait, alors eux ils venaient te remettre une couche, c’est juste qu’ils se déplaçaient beaucoup, en grandissant avec la vision que j’ai. Ces gars-là se déplacent un peu moins, c’est vraiment pour te dire c’est sur quoi tu te focalises ? Je me focalise sur le fait de ne pas bégayer.                                                                                                                                                      

x Je bégaie énormément et je me focalise sur le bien je vois plus de bien.                                                                                                                                                                                                                                                         

Mazarine       

C’est quelle perception des événements que tu vas avoir ? Ça dépend de ça.                                                                                                                                                                                                                                                                

Mike   

C’est ça, c’est vraiment un état d’esprit, une façon de voir la vie. Moi, il y a beaucoup de choses, j’ai appris à apprécier la vie, j’ai appris à apprécier les gens, à apprécier ma famille, à apprécier mes amis et aussi à pardonner. Le pardon est libératoire, à pardonner toutes les personnes qui ont pu te faire du mal, à pardonner toutes les personnes qui ont pu te dire quelque chose qui t’a vexé, te laisser derrière.                                                                                                                                                                                                                                                                 

Mazarine       

Elles étaient ignorantes au fond.                                              

Mike   

Peu importe. Ce n’est pas le plus important. Le plus important, c’est toi comment tu te sens ? Je libère ça. Ce n’est pas grave, c’est derrière moi. Ma fameuse formule E+R=E. Événement, la réaction face à l’événement est égal à l’effet. Je pardonne, j’avance. Et aujourd’hui, j’ai créé avec tout mon entourage une nouvelle relation, une nouvelle base par rapport à la personne que je suis aujourd’hui.                                                       

Les problèmes importent peu, il y a toujours des solutions. Quand tu sais que tu as traversé tellement d’épreuves dans ta vie les problèmes de maintenant ce n’est rien à côté. C’est des petits problèmes, c’est des choses qu’on peut résoudre en dialoguant. Mais le combat que j’ai mené, ce n’est pas un combat que mène comme ça. Le combat que j’ai mené, c’est un combat de toute une vie, même moi-même.                                                                                                                                                                                     

Je ne pensais même pas que je pouvais arriver à ce stade. J’ai combattu avec un espoir, mais la victoire est grande que pour moi, comme je le dis souvent, je vis ma plus belle vie de bègue avant de vivre cette vie-là. Ta une idée de la quantité de larmes que j’ai dû verser, ta une idée du nombre de souffrances que j’ai dû encaisser.                                                                                    

Tu as une l’idée de tout ce que j’ai dû me priver dans ma vie ? Aujourd’hui, qu’est-ce que les gens y voient ? Ils voient Mike Muya, 35 ans, entrepreneur, qui gère une boîte de com. c’est sympa, mais personne n’a une simple idée.                                                  

Mazarine       

Il y a encore dix ans de cela, ce n’était pas du tout la même chose.                                                

Parcours

Mike   

Personne n’a une simple idée du parcours chaotique que j’ai eu. J’aurais pu mal tourner aujourd’hui, on voit le résultat, on voit la finalité. Les personnes, ils vont dire là qu’il a une parole fluide. Même, moi même en m’écoutant je me dis comment c’est possible. Mais quand je prends du recul, je me dis, ah ouais, mais c’est normal. Mike tu as travaillé tellement dur, c’était difficile, c’est atroce.                                                                                                                                             

Tu t’es lancé un challenge, mais tellement énorme. En partant du simple principe que si tu arrives à parler devant ta glace, tu peux le reproduire. Peu importe le prix, peu importe le prix. Je n’avais plus rien à perdre quand tu n’as plus rien à perdre, ça te développe une force que tu ne soupçonneras  même pas.                                                                                                                                                                                                                                                              

Mazarine       

Tu tentes coûte que coûte.                                                                                                      

Mike   

L’instinct de survie, l’instinct de survie. Si aujourd’hui on te dit, Mazarine, là, c’est ta dernière chance sinon tu perds tout. Tu vas développer en toi une force surhumaine si on te dit que Mazarine, si tu ne fais pas ça, tout s’effondre, tu vas développer une force surhumaine et moi, c’est ce que j’ai essayé d’aller chercher, cette sensation. Cet Instinct de survie.                                           

Demain il arrive quelque chose à ton proche que tu dois te battre, etc. tu vas développer une rage. C’est cette rage-là, l’instinct de survie. Trouver une solution, apporter une réponse. Peu importe le prix, peu importe le prix et l’avantage que j’avais quand tu n’as rien. Qu’est-ce que tu as à perdre ? Rien du tout, tu ne peux que gagner.                                                                                                                         

Mazarine       

Est-ce que cet instinct de survie ? Tu l’as utilisé comme une sorte de force pour te pousser à vaincre ou dépasser cette dernière chance que tu avais.                                               

:…                                  

Mike   

Pour moi, l’instinct de survie, c’était l’ultimatum. Pour moi, l’instinct de survie c’est si je n’arrive pas, je perds tout, si je n’arrive pas, je meurs. Si je n’arrive pas dans ma vie, c’est mort et je ne fais pas de plan B. J’ai que le plan A et je vais y arriver. Peu importe, il n’y a pas d’issue de secours.                                                                                                                                                                                                                      

Tu ne te poses même pas la question est ce que je vais y arriver ou je ne vais pas y arriver ? Je vais chercher, rien à faire, mais tu es vraiment dans un état. C’est la préparation mentale que j’ai dû  faire que j’ai dû affronter au quotidien. Tu devais te mettre dans un second état. Des fois, j’ai l’impression que j’ai fumé, je te jure, le mental.                                                              Mais je me répéter la même chose tous les jours. Tu sais, je me suis tellement dit que j’étais bon et j’ai fini par me convaincre moi-même que j’étais bon je le te dis je te jure, c’est fou, mais à quel point même moi-même, des fois, je me dis Mike tu vas un peu loin la. J’ai fini par me convaincre que j’étais ce gars-là. Et finalement, je le suis devenu avec le temps. Mais une fois par exemple, je ne sais pas. Là, je me dis tiens, je suis fort que ça y est, je deviens fort, je suis fort, je suis fort, dans ta tête, tu es fort, tu es fort.                          

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Je mettais tellement convaincu que j’étais fort, tellement convaincu que je n’avais pas d’autre choix que d’y arriver, que c’était ça mon instinct de survie. Je vais y arriver. Demain, il y a un puit, tu dois arriver de l’autre côté. Tu vas aller je ne sais pas comment tu vas faire, mais tu vas…                                                                                                                                                                                                                                                          

Mazarine       

tu prends tout l’élan  et tu vas le faire                                             

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Mike   

Je vais le faire, toute ma vie c’est un peu… c’est un combat, c’est des prises de risques. C’est des challenges. J’ai vécu tout x10, pas du simple, tout x10, x10, x100, etc. Toute ma vie, j’ai dû vivre les choses avec une telle intensité que c’est vrai que si aujourd’hui on me donne l’occasion d’avoir une vie plus paisible, honnêtement, je te dis la vérité que je la prends.                                                                                                                                                                                                                                                          

Je suis fier. Je suis très fier du combat que j’ai mené. Je suis très fier du parcours que j’ai eu à faire, à refaire. Franchement, non, à refaire… Franchement, c’est tellement difficile que même moi-même, rien que le fait d’y penser, je me dis » oh mon Dieu, c’est énorme ! »                                                                                                                                                                                                                                                               

Mazarine       

Est-ce que tu penses que si tu n’avais pas été bègue, tu serais arrivé là où tu es aujourd’hui ?                                                                                  

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Mike   

Honnêtement, c’est une question à laquelle je ne peux pas répondre parce que j’ai toujours été bègue. Donc ça veut dire, est-ce que si je n’étais pas bègue, ça se trouve que je n’aurais pas eu toutes ces difficultés-là. Donc forcément, non, je ne serais peut être pas qui je suis aujourd’hui. Je suis fier de qui je suis aujourd’hui. Cela ne change pas, maintenant le fait.                                                                                                  

Que je me suis construit en étant bègue, donc je ne peux pas imaginer si je n’étais pas bègue, forcement, peut être que j’aurais eu moins de choses. Mais je n’aurais peut-être pas eu cette force mentale là. Quand depuis tu es gamin, tu as dû te battre, etc. Mais par contre cette vie là, c’est à double tranchant. Tu as des gens comme moi qui ont pu s’en sortir, tant mieux. Mais tu as des personnes, ça les brise. 

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Mazarine       

Aujourd’hui, après avoir traversé tout ça, après avoir eu ce parcours, ce chemin avec 140 000 obstacles à la seconde, est ce que tu as toujours, on va dire, une sorte de mal être qui est toujours présent chez toi ou pas.                                                        

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Mike   

Aujourd’hui, non, je n’ai plus du tout le même mal être que j’ai eu tout au long de ma vie parce que j’ai fait un tel travail sur moi-même. Je suis une nouvelle version de moi-même et je pense que je suis la meilleure version de moi-même. Je suis la mise à jour parfaite.       

Aujourd’hui, je pense que j’ai atteint. J’ai atteint un stade où je suis bien, même pas par rapport au bégaiement, par rapport à ma vie, par rapport à comment je vois la vie, par rapport à comment je me sens sur terre, je suis bien le mal être que j’ai eu, tant mieux. Je le ressens plus parce qu’il était tellement lourd à porter, tellement lourd à encaisser.      

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C’est une force pour moi aujourd’hui de faire ce que je fais, cette sensibilisation-là, parce que je sais c’est quoi ce mal être. Je sais c’est quoi être incompris. Je sais c’est quoi d’être dans un corps qui ne veut pas sortir ces mots-là. J’ai été ce gamin-là, j’ai été cet ado-là. J’étais ce jeune homme-là qui a dû traverser toutes ces épreuves-là.                                   

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Et le mal être, il était présent. Aujourd’hui, il est beaucoup moins parce que j’ai changé, j’ai mûri, j’ai grandi, j’ai vu la vie d’un point de vue que celui que j’ai eu pendant toute mon existence. Et un jour, j’ai rencontré un autre bègue pendant la journée mondiale de bégaiement. Et ce bègue avec qui je discute, il me dit j’aurais préféré avoir un membre en moins que d’être bègue.                                                                                                                                                                                                                                            

Et sur le coup, ça m’a mis une claque dans la gueule parce que moi, j’avais déjà commencé à faire ce travail-là. Moi, j’avais déjà une parole fluide. Limite, je me suis senti un peu un peu gêné par rapport à lui de lui dire que moi, j’ai réussi à faire un gros travail, que j’arrive à m’exprimer alors que lui il souffre vraiment et avec du recul, j’ai compris ce qu’il voulait dire par rapport à l’intensité de sa douleur, parce que moi, il y a une vingtaine d’années en arrière, j’ai voulu mettre fin à mes jours.               

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Donc forcément, c’est aussi violent que lui qui préfère avoir un membre en moins et continuer de vivre pour pouvoir s’exprimer librement. C’est là que je me suis dit « Wow » j’ai fait un chemin énorme parce que moi, je ne suis plus à ce stade-là et j’aimerais que personne ne soit à ce stade-là. Et qu’est-ce que je peux faire aujourd’hui pour aider les autres personnes bègue comme moi il y a dix à quinze ans, à ne pas être à ce stade-là ?                                                                                                                                                                     

Le bégaiement, comme on le dit, il est invisible, mais ça fait des ravages énormes, mais énormes. Tu ne peux même pas imaginer que toute ta vie peut être pourrie par rapport et par rapport à ça. Et moi, c’est vraiment une situation qui m’a tellement interpellé. Je me suis dit « Wow ! » La sensibilisation, elle doit être énorme, elle est plus que nécessaire.   

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Autant chez les bègues que chez les non bègues. C’est pour ça que j’ai toujours eu cette rage de vivre, cette rage, parce que j’ai la chance aujourd’hui, si on veut appeler de la chance d’avoir fait un parcours. Et mon rôle, c’est d’arriver à le faire profiter au plus de gens possible. Et si dans ce que je dis, je ne dis pas tout ce que je décris dans mes différents épisodes va vous aider à 100 % d’avoir une parole fluide, ne serait ce même que ça vous permet d’atténuer, d’améliorer ou voire même d’avoir le niveau que moi je peux avoir aujourd’hui, tant mieux.

Après on ne bégaye pas tous de la même façon, on ne part pas tous du même point de départ. On n’a pas tous la même force de la résistance à la douleur, à la pression, à tout ça. Mais il y a une chose qui reste vraie, tout va dépendre de ta capacité à encaisser, à avancer. Tout va dépendre de toi.                                                 

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Le problème, il est en toi, alors tu peux être la solution. C’est comme ça que moi j’ai vu les choses. Personne n’a pu m’aider en supprimant mon bégaiement. Non, personne, j’ai appris par ci, j’ai appris par là, j’ai appris d’ici, j’ai appris de là. Je me suis construit tout seul. Je n’ai pas monté un programme de dire, dans dix ans, dans quinze ans, j’arrête de bégayer.                                                                                                                                                  

Voici un, deux, trois, quatre, non. J’ai pris un tas de trucs différents, j’ai essayé des trucs. « Ça, ça fonctionne. Je me sens bien, je continue. » Au début, quand je voyais la méditation, je me disais c’est quoi ces conneries ? Des gens assis en fermant les yeux en train de respirer parce que tu vois dans ma culture il n’y a pas trop de méditation, il n’y a pas de yoga, il n’y a pas ça.                                                                                                                                                            

Pour moi, c’était trop lointain. J’ai appris à découvrir de nouvelles choses et ces choses-là, mon aider. Alors je prends, je garde. Un jour, je suis tombé par hasard sur le développement personnel. Je me suis dit, « c’est quoi ce truc encore développement personnel ? », « Ce n’est pas une secte ou un truc qui va me vendre une formation ? »          

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Et là, je te mets dans une spirale, ça me parle et je tombe sur l’art oratoire. Je dis Wow ! Pour moi, l’art oratoire , c’est un peu comme un rêve de dire, comment ils arrivent à bien s’exprimer, comme ça, c’est beau, c’est comme si tu aimes le foot. Donc tu vois Ronaldo en train de jouer. Moi, c’est pareil. J’aime la parole.                                                                                                                                                                                                      

Je rêve d’avoir une parole, et là je vois des personnes qui manipulent la parole, mais tu te dis comment ils font ces gens-là,                                                                                                                                                                                                                                                                

Mazarine       

Devant une assemblée.                                                                                                                             

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Mike   

Devant une assemblée. Est-ce qu’il réfléchit avant de parler ou il sort les mots comme ça ? Est-ce qu’il travaille ? Est-ce qu’il a des notes ? Tu vois, mais tu te poses un tas de questions, mais comment il fait ce gars ? La première fois que je suis monté sur scène, c’est pour faire un pitch et c’est assez frustrant. Et j’ai construit, je me suis construit à travers mon personnage.                                                                                                                                                   

Je me suis construit à travers moi-même et c’est ça qui est intéressant dans la vie, d’être qui tu es réellement. Comme je le dis souvent : « Entreprenez comme vous êtes » une dédicace au célèbre  slogan de McDonald. J’ai travaillé trois ans chez eux, je peux bien leur faire une petite dédicace quand même.                                                                                                                                                                                                            

Vivez comme vous êtes. Soyez vous même. Aujourd’hui, quand je me vois dans la glace, ce n’est pas une question  d’égo. Ce n’est pas une question de prétention. Quand je vois ma personne devant la glace, je m’accepte. Je suis fier de qui je suis. Je ne suis pas complexé, je m’en fous, je suis bien, je suis beau ou pas, c’est une question de point de vue.                                                                                                                                                                

Le plus important, c’est toi comment tu te sens et j’ai essayé de garder cet état d’esprit là. J’ai essayé de garder cette façon de fonctionner. Et la vie est beaucoup plus douce comme ça.                                                     

/                                                     

Mazarine       

Par simple curiosité. Est-ce que tu aurais une petite anecdote à nous partager par rapport à ton enfance, ton bégaiement ?                                                                                  

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Mike   

Tu es bien curieuse mazarine. C’est bien. Un peu comme tous les non bègues. Vous êtes curieux de savoir comment on fait nous les bègues. J’ai une petite anecdote ayant grandi dans une culture africaine, chez nous, notamment au Congo. Quand tu parles d’une personne adulte, par exemple d’un parent tu vas dire « papa X ou papa Y. Si je prends l’exemple de Muya par exemple, tu dois donc dire papa Muya et moi, un jour, il y a un monsieur qui est venu, voir mon père et mon père n’était pas là.  

Et quand mon père est rentré, je vais lui dire que le monsieur est passé le voir. Et là, je vois mon père au lieu de dire papa soumpi est passé te voir je dis que soumpi est passé te voir. Et là, mon père qui me gronde, on ne dit pas soumpi, il faut dire papa soumpi. Et là moi, j’étais un peu frustré et je dis « je suis désolé, mais ça ne sort pas ». Et là, soit je tente une explication de dire « oui, mais c’est bloqué. »                     

..:                   

Mazarine

Et tu prends un risque de bloquer

Mike   

Je dis « tu sais c’est quoi c’est un peu comme à l’école. Je préfère me prendre un 0, me faire engueuler. Je préfère me faire engueuler que de tenter une explication. Toi, c’est un peu cette situation-là que j’ai dû vivre. Et ça joue sur des problèmes de famille, d’amitié ou des trucs tu sais quoi je préfère dire c’est moi, comme ça c’est réglé une bonne fois pour toutes. Et puis on passe à autre chose. Voilà un peu une petite anecdote qui me fait rigoler aujourd’hui, mais beaucoup moins à l’époque. Et les mots ont une importance. Comme je dis souvent, les mots ont un poids et il faut arriver à dire les bons mots au bon moment aux bonnes personnes et je n’ai pas eu cette chance là de dire ces mots quand il le fallait.                                                                   

Aujourd’hui, je prends plaisir à les dire, je prends plaisir à le dire quand il faut et j’aime parler. Et je continuerai de parler d’ailleurs.                                                                        

Mazarine       

Il faut, et du coup, pour finir cet épisode, je voulais savoir si tu avais un conseil à nous partager. Peut-être pour les personnes qui vont avoir affaire à des enfants bègues.                                                          

Conseil de Mike

Mike   

Des conseils, pour des personnes qui ont à faire à des enfants bègues, je vous dirai vraiment j’insiste énormément consulter dès que possible, même dans le doute, consulter et mieux vaut consulter trop tôt que trop tard. Mieux vaut anticiper que corriger. Mieux vaut prévenir que…

Mazarine

Guérir.

Mike

voilà, tu vois, tu n’as pas besoin de moi pour faire le podcast. Tu aurais pu faire tout seule, je t’aurai donné des notes, tu aurais pu raconter mon histoire.                               

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Parce que là, tu vois, là, je viens de raconter tout ça. Ça remonte un peu, je parle de mon enfance. c’est la première fois que je me livre comme ça et ça me fait bizarres de m’entendre parler de mon enfance et tout                                                                                                                                  

Comme quoi dans la vie, il faut arriver à se livrer. Mais bon, si mon histoire, c’est tout ce que je dis, permets d’aider.                                                     

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Mazarine       

On le souhaite.                                                                                                                               

Mike   

On le souhaite. Si ça n’aide pas, ça veut dire que ce n’était pas si triste que ça en fait.                                                 

Mazarine       

On rajoutera une couche au prochain épisode.                                                                                                                                                

Mike   

De belles couches. Honnêtement, vraiment les parents consultaient dès que possible. N’ayez pas peur, les bégaiements on vit avec. Et il y a plein d’heureux, là c’est vrai que moi, j’ai eu une enfance malheureuse, ce n’est pas pour autant que tous les enfants bègues ont eu une enfance malheureuse, je tiens à le souligner, mais chacun à son intensité. On ne vit pas la souffrance de la même façon. Mais vraiment dans le doute, consultez. Soyez présent pour vos enfants. Aimez vos enfants, chérissez-les, donnez-leur beaucoup d’amour et aussi vous sensibilisez vous au bégaiement. Comment se comporter face à un bègue ? C’est quoi le bégaiement et voir qu’est ce qui peut l’améliorer ? Mais en tout cas, dans le cas du bégaiement, je le dis et je le répète assez souvent, le cadre familial, l’environnement joue énormément.                                            

.-

Quand tu es dans un environnement prospère, dans un environnement apaisant, quand tu es dans un environnement de bonté, ça joue sur la personne que tu seras demain. Et ça, ça va au-delà du bégaiement. Tu es la moyenne des cinq personnes que tu fréquentes le plus. C’est vraiment véridique quand tu t’entoures des bonnes personnes, quand tu es dans un environnement stable, tu as plus de chance d’avoir une stabilité, tout simplement.                                 

Mazarine       

Eh bien, c’est tout pour aujourd’hui. On arrive à la fin de cet épisode.                                                                                                                                 

Mike   

Déjà, viens on continue. Non, mais là physiquement, je commence à le sentir.               

Mot de fin

Mazarine       

Merci, Mike, pour ton retour d’expérience, comme d’habitude. Et merci à vous, chers auditeurs, pour votre fidélité et pour votre écoute. Et on se retrouve vendredi prochain pour un nouvel épisode de Noir et Bègue.                                                                                          

Mike   

Merci beaucoup d’avoir écouté ce podcast. J’espère qu’il vous a plu. Ce contenu a été fait avec beaucoup d’amour et l’amour, ça se partage. Retrouve également les notes de l’épisode sur noiretbègue.fr.

À très bientôt,                                                                                                                                                                                                                                                            

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