thérapie du bégaiement

Thérapie du bégaiement

Dans ce nouvel épisode de NOIR & BÈGUE 🎙, je reçois Sarah Hervé, Orthophoniste et Thérapeute cognitivo-comportementaliste.

Sarah, nous raconte sa pratique d’orthophoniste spécialisée au bégaiement, le travail qu’elle réalise au quotidien avec les enfants et les adolescents afin de les aider à mieux accepter et mieux vivre avec leur bégaiement grâce à la Thérapie A.C.T

Sur les réseaux sociaux, Sarah est très active sur Instagram avec une audience importante avec qui elle partage des contenus de qualité, notamment des informations sur l’orthophonie, le bégaiement et les signes associés à la parole.

Sarah est également membre de l’équipe du concours de l’éloquence du bégaiement.

Quelques liens utiles :

Maxime, le triple exposé sur le bégaiement, le syndrome Gilles de la Tourette et le TDAH.

Plaquette «  Le bégaiement expliqué à ma classe »

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Retrouvez les notes de l’épisode sur noiretbegue.fr

🎧 Bonne écoute

Podcast disponible sur :

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Mike   

C’est seulement dans les ténèbres qu’une bougie peut faire l’expérience de sa propre lumière. Je suis Mike Muya, noir et entrepreneur, fondateur de Snäck’in, agence de création de contenu. Dans Noir et Bègue. Je vous raconte des histoires inspirantes de femmes et d’hommes qui, malgré les obstacles de la vie, parviennent à avancer. 

Mike   

Bonjour et bienvenue à tous dans ce nouvel épisode de Noir et Bègue. J’ai le plaisir et l’honneur d’accueillir Sarah Hervé. Bonjour Sarah. Comment tu vas ?                                                                           

Sarah  

Bonjour. Ça va très bien.                                                                               

Mike   

Un grand merci à toi d’avoir accepté mon invitation pour cet échange avec plaisir. Est-ce que tu peux nous dire un peu plus sur toi ?                                                                          

Sarah  

Alors je m’appelle Sarah, je suis orthophoniste depuis 2001. J’ai fait mes études à Paris et je suis également thérapeute cognitive comportementaliste. Ouh là là.   

Mike   

Ça fait long ! L’intitulé tu es spécialisée dans le bégaiement, c’est bien ça ?  

Sarah  

Oui, je reçois essentiellement des personnes qui bégaient enfants, adolescents, adultes, à la fois en individuel ou en groupe.

 

Orthophoniste spécialisée dans le bégaiement                                                                          

Mike   

Et, j’imagine, en tant qu’orthophoniste, tu avais plusieurs choix. Mais pourquoi avoir choisi spécialement le bégaiement ?                                                                               

Sarah  

Ça a démarré pendant les études, en fait, quand j’étais en deuxième année d’orthophonie, je suis tombée sur une prof qui s’appelle Anne-Marie Simon et qui m’a donné le goût de la thérapie, du bégaiement. Moi, c’était vraiment les cours dont je n’avais pas envie de partir. 

En fait, je pense que selon la sensibilité de chaque étudiante, il y a des cours comme ça.                                                                            

Et en fait, moi, j’ai été tout de suite très sensible à cette partie immergée de l’iceberg. Et Anne-Marie Simon savait très bien faire passer ça, nous montrer des vidéos de patients. Et je pense que c’était la première fois que moi j’étais face au vécu interne des personnes, des patients. 

Peut-être plus que pour d’autres troubles en cours que nous présentait ou on entendait davantage parler la partie technique.     

Et donc j’ai été sensible à ça. Et puis après, je me suis dit que j’allais forcément faire mon mémoire sur ce sujet. Assez vite, j’ai été intéressée par les thérapies cognitives et comportementales, les TCC et donc j’ai fait mon mémoire sur l’utilité de ces thérapies dans le traitement du bégaiement dirigé par Marie-Pierre Poulain. Et puis par la suite, donc, après les études, eh bien, je me suis formée pendant trois ans à ces thérapies.          

Mike   

Et avant ça, tu avais rencontré des personnes qui bégaient ou pas.   

Sarah  

Au cours des études, je me rendais à la JMB, la journée du bégaiement et là, j’ai pour la première fois rencontré des personnes qui bégayaient. 

Mike   

Ça a fait quoi ?                                                                                    

Sarah  

Rien de particulier, en fait, voilà. Je trouvais ça important de pouvoir échanger, de connaître aussi, encore une fois, le vécu de ces personnes. Je me souviens juste d’une phrase qui m’a peu marquée à ce moment-là, c’est qu’il y a un monsieur qui est venu me voir et qui m’a dit : Faites attention, tous les patients bègues tombent amoureux de leur orthophoniste. 

Sarah  

Ça, c’est vraiment le truc qui m’a marqué . Je n’ai pas été plus effrayée que ça. J’ai quand même continué .                                                                                

Mike   

Et aujourd’hui tu es  très présente sur Instagram. C’était quoi l’objectif de base ?    

Sarah  

Alors au départ, j’ai créé ce compte Instagram pendant le premier confinement ou juste avant même sur. Au départ, c’était vraiment pour parler des signes parce que je pratiquais les signes associés à la parole. 

Le makaton avec mes patients, puis avec ma fille. Et puis, pendant le confinement, je me suis mise petit à petit à parler aussi du bégaiement.                                                                           

Sarah  

Et là, j’ai vu que ça faisait beaucoup plus réagir que ce qui avait sans doute beaucoup de comptes déjà, qui parlaient des signes, mais très peu qui parlaient du bégaiement. Et il y avait un besoin à ce niveau-là. 

Comme ça a été une période aussi pendant laquelle je n’avais plus de stagiaires pendant un an. Le fait de transmettre me manquait un petit peu. 

Et puis j’ai trouvé que c’était un très bon support . On atteignait aussi des personnes avec lesquelles ce n’était pas si évident que ça de faire la prévention habituellement. Et voilà, ça s’est développé comme ça.  

Mike   

Ton audience est composée des personnes qui bégaient ou un peu de tout.    

Sarah  

Il y a beaucoup de parents, beaucoup d’orthophonistes, d’étudiantes en orthophonie et d’étudiants. Des enseignants aussi. Il y a des personnes qui bégaient, bien sûr.                   

Mike   

Et quels sont les retours qui reviennent assez régulièrement à travers des publications ?      

Sarah  

En messages privés? 

Mike  

Messages privés par exemple ? 

Sarah  

Alors, les messages privés, c’est quand même beaucoup de parents qui sont en recherche de conseils et en recherche d’orthophoniste. Donc souvent je les re adresse vers. 

Déjà je leur conseille de demander aux orthophonistes de leur coin si elles sont formées au bégaiement. Et puis, comme je sais que ce n’est pas simple, je les adresse aussi vers l’association Parole Bégaiement qui ensuite leur fournit des listes d’orthophonistes formées et parfois, c’est même moi qui vais sur le site qui leur envoie le numéro de téléphone des délégués départementaux.                                                                                    

Et puis voilà, je l’ai souvent. Il me raconte déjà un petit peu leurs histoires. Donc j’arrive à cibler, selon les publications que j’ai déjà faites, ce qui pourrait les aider. Et comme je n’ai pas non plus le temps de répondre personnellement à chaque personne, chaque parent, souvent je leur  envoie les liens vers des publications en question.  

Mike   

Je me souviens à l’époque, pareil, quand je cherchais une orthophoniste, je suis allé sur l’APB et il fallait trouver dans le département les noms d’orthophonistes. Par contre j’ai galéré, c’était pour en trouver. Parce que les disponibilités, elles sont rares.       

Sarah  

Mais ça, c’est vraiment le problème d’accès aux soins en orthophonie en général. Et puis en plus de ça, pour le bégaiement, on est quand même pas si nombreuses à être formées, quoi ? Oui.         

Mike   

Mais qu’est ce qui fait qu’il y a ? Il y a de plus en plus de personnes bègues, mais il n’y a pas assez d’orthophonistes spécialisées au bégaiement. D’après les chiffres, je pense qu’on est à 1%, mais on peut le revoir à la hausse.

Sarah

C’est plus.

Mike

C’est plus. Sauf que, en tant que bègue, trouver une orthophoniste spécialisée au bégaiement, ce n’est pas forcément évident.         

Mike   

Et du coup, le nombre entre guillemets de professionnels n’est pas proportionnel.       

Sarah  

Non, pas du tout, mais déjà de manière générale, c’est-à-dire qu’on sait qu’il y a une pénurie terrible d’orthophonistes. Il y a des tas de régions. Il y a deux ans d’attente pour avoir rendez-vous en orthophonie. Et bien sûr, comme nous, on conseille quand même pour le bégaiement, on conseille aux parents de consulter de façon assez précoce.                                                                         

C’est un problème. C’est sûr que quand on est formé au bégaiement, on sait ça et on prend en priorité les jeunes enfants qui bégaient. Avant cinq, six ans.       

Mike   

Une orthophoniste peut accueillir en moyenne combien de patients est ce qu’il y a un maximum ou pas.    

Sarah  

Par semaine, par exemple.                                                                            

Mike   

Sur le mois par exemple, ou par semaine.        

Sarah  

Ah non, on n’a pas de quotas. On est libre, bien sûr. En tout cas, quand on travaille en libéral, parce que souvent c’est quand même en libéral qu’on reçoit des personnes qui bégaient, je dis ça non aussi en salarié, mais alors.                                                                           

Mike   

Oui.                                                                            

Sarah  

Il n’y a pas de consultation. Réellement, il n’y a plus de consultation en bégaiement dans des espaces publics. Donc c’est plutôt au privé. 

Et donc non, on n’est pas limité en nombre de patients, mais après on a aussi besoin de nous, d’avoir des ressources, de l’énergie et on ne peut pas non plus se laisser submerger. Il faut aussi qu’on puisse fournir à nos patients une certaine énergie.       

Mike   

Et est-ce que tu peux me dire comment ça se passe d’une prise en charge du patient ? Quelle est la première étape, par exemple ? Moi, je bégaie. Qu’est-ce que je fais ? Je tombe sur Sarah Hervé, je t’appelle.

Sarah  

On en fait un bilan. Voilà. Donc ça dépend. Si on parle d’un enfant ou d’un adulte.     

Mike   

Ce n’est pas le même type de bilan ?     

Sarah  

Non, ce ne sera pas la même chose si on reçoit un jeune enfant. Bien sûr, on va le recevoir avec ses parents et deux parents. Oui, et puis après, puis il grandit.

Mike   

Par exemple, en parlant d’enfants. Comment on sait que l’un, c’est un bégaiement ou un retard du langage ?                                                                                 

Sarah  

Comment faire la différence ?           

Mike   

Comment on fait la différence ?   

Sarah  

En fait, dès lors qu’il y a un bégaiement, on voit que l’enfant lutte avec la parole. Il y a plusieurs choses. 

En fait, il y a une différence entre le bégaiement et les disfluences normales, c’est-à-dire qu’on a tous des différences de notre parole, des hésitations, des reprises qui sont beaucoup plus importantes quand l’enfant est jeune et puis qui vont s’estomper petit à petit, c’est différent lorsqu’il y a des disfluences normales, c’est comme je viens de faire. C’est simplement que l’enfant est en train de chercher ses mots.

Mike

D’accord.

Sarah

Parfois il va dire est bien et bien et bien et bien tu sais bien et bien, mais là il n’y a pas de lutte. Finalement, il reste en contact avec l’autre qui est en train de lutter.                                                                               

Il cherche son mot, alors que dans le bégaiement, l’enfant, il sait très bien ce qu’il veut dire, c’est que le mot bloque, le mot ne veut pas sortir et qu’il est en train de forcer pour sa sorte. Et là on voit des signes de lutte, c’est-à-dire qu’il va arriver à répéter, va bloquer, il va avoir parfois les muscles du visage qui se crispent.                                                                       

Sarah  

Il peut rompre le contact oculaire. Il peut faire des gestes particuliers pour débloquer la parole. Donc il a vraiment cette notion de tension et de lutte dans le bégaiement. Et puis, par rapport à ce que tu disais, par rapport au retard langagier, on peut avoir les deux en même temps. C’est-à-dire qu’on peut d’ailleurs dans nos cabinets, en tout cas, c’est assez fréquent d’avoir un enfant qui bégaie et qui a aussi un trouble phonologique.         

Sarah  

Par exemple, tu sais qu’il a du mal à prononcer les mots et qu’il peut avoir aussi un trouble langagier, c’est-à-dire une pointe de compréhension, vocabulaire de syntaxe. Les deux peuvent cohabiter.

Mike   

Est-ce qu’aujourd’hui les parents sont suffisamment vigilants pour pouvoir repérer ces premiers signes et se dire qu’il faut consulter rapidement une orthophoniste ? Ou c’est plutôt avec le médecin généraliste qui va faire le pont.        

Sarah  

Entre les deux. Déjà, lorsqu’il y a une inquiétude chez les parents. Moi, je pense que c’est le premier signe à prendre en compte. Il faut en tenir compte dès lors qu’il y a une inquiétude parentale. 

En fait, déjà par rapport au bégaiement, on a quand même l’oreille attirée. Et quand il y a quelqu’un qui bégaie, c’est ce qui attire un petit peu l’attention et un parent qui sent que son enfant a du mal, et en lutte avec la parole.              

Et si ce parent vient poser des questions, il faut en tenir compte, bien sûr. Donc, bien après, il va falloir qu’ils consultent leur médecin. Parce que dans tous les cas, il faut une ordonnance du médecin pour consulter un orthophoniste. Mais oui, c’est si important d’aller voir son médecin généraliste ou son pédiatre pour avoir un avis.

Mike   

Est ce que dans les années 90 et aujourd’hui en 2022, est ce que les parents voient un peu les choses de la même façon ? C’est-à-dire ? Là, ce n’est pas un retard de langage, c’est du bégaiement. Il faut aller consulter une orthophoniste, sachant peut-être qu’à l’époque il y en avait aussi beaucoup moins des orthophonistes.  

Sarah  

Mais je pense que les parents vont aller beaucoup plus rapidement chercher des solutions sur Internet, clairement, c’est le premier réflexe, donc avec un peu de chance, s’ils tombent sur le site de l’APB. Encore une fois, s’ils sont en alerte, ils sont inquiets. 

Oui, c’est qu’en général il y a quelque chose, mais j’ai encore quand même pas mal de parents, notamment sur Instagram qui me disent, mais en fait, je sais qu’il y a qu’il y a quelque chose quand même, mais je ne sais pas si c’est justement des disfluences normales ou si c’est du bégaiement.       

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On est un peu entre les deux, une sorte de continuum dans la tension émise et dans l’effort. Parfois même, les gens voudraient envoyer une vidéo, consulter une orthophoniste.   

Mike   

Moi, je vis une situation un peu particulière ces derniers mois, ces dernières années, parce que je suis père. 

Je suis père de deux garçons et j’ai le grand qui a six ans. Et du coup, en tant que bègue, tu as plus de chance d’avoir un enfant qui bégaie et forcément moi, imaginer mon fils bégayer, c’est trop dur pour moi. Je me dis, je n’ai pas envie qu’il puisse avoir la vie que j’ai eue et du coup ça me crée une telle frustration et que j’analyse chaque mot qui va sortir de sa bouche. 

Et là, je suis là. Est-ce que bon, ça, c’est normal, ça c’est disfluence normale, ça c’est du bégaiement, etc. 

Je suis vraiment à l’affut et limite, ça devient un peu une obsession.  

Mike   

Dans la famille, il y a beaucoup de bégaiement. C’est mon grand frère qui est bègue, et lui, ses enfants n’ont pas bégayé. Bon, moi je suis bègue, mes enfants ne bégaient pas, je continue de croiser les doigts.         

Sarah  

En fait, ce qu’on conseille, c’est de consulter avant cinq, cinq, six ans ou plutôt cinq ans. Parce que le temps après la thérapie, c’est donc oui, ils ont six ans. Avant cinq ans, quand on a des doutes, déjà, ça permet de se rassurer. Et puis, l’orthophoniste va regarder un petit peu. Quels sont les critères de risque qu’un bégaiement s’installe chez un enfant ?                 

Mike   

Ça, ça m’intéresse, cette question, mais comment tu peux déceler qu’il y a un risque que ça s’installe ? Est-ce qu’il y a des facteurs?                                                                           

Sarah  

Les facteurs génétiques, notamment quand il y a des antécédents familiaux ? Bien sûr.      

Mike   

Et ça ne me rassure pas.                                                                               

Sarah  

Je suis désolée, il y a aussi des troubles, un trouble phonologique dont on en parlait tout à l’heure. Quand il y a des soucis vraiment au niveau de l’exécution de la parole, la prononciation.    

Mike   

 Ça fait beaucoup de critères.      

Sarah  

 L’âge de l’enfant et l’âge de survenue du bégaiement. C’est à dire que plus le bégaiement apparaît tard et plus il y a de risque de rester. Lorsque l’enfant commence à bégayer à deux ans et demi, trois ans, il a moins de risque que son bégaiement s’installe. Parce que la plasticité cérébrale est meilleure avant six ans ?                          

 

Les garçons bégayent plus que les filles ?

Mike   

Comment tu peux expliquer pourquoi les garçons bégayent plus que les filles ?            

Sarah

Mais ça, ce serait hormonal et génétique. On n’a pas plus d’explications là-dessus. Il y a des études qui sont menées là-dessus sur l’histoire de testostérone, je n’en sais pas plus.                                                                               

Mike   

Et j’imagine que tu as plus de patients, du coup, hommes que femmes.

Sarah  

Oui. Ça, il faudrait étayer ça par des données un peu plus scientifiques. Mais, en revanche, chez les adultes qui bégaient, moi je reçois quand même beaucoup de patients qui ont une anxiété sociale, un bégaiement masqué et là, il y a quand même pas mal de femmes. Donc voilà, il faudrait chercher un petit peu de ce côté là, mais il y aurait plus de bégaiement masqué chez les femmes.   

Sarah  

Ouais, ouais, là où tu as une femme qui bégaie pour quatre hommes à peu près. Je pense que dans le bégaiement masqué, on a une autre proportion.                

Mike   

Mais quels sont les points ? Là, par exemple, en tant qu’enfant, tu disais qu’on va prendre en compte l’âge auquel il a commencé à bégayer, les antécédents. Mais si tu prends un ado, voire quelqu’un qui est à l’âge adulte, j’imagine que la marge de progression est beaucoup plus faible.                                                                        

Sarah  

Oui, c’est sûr. C’est un bégaiement persistant déjà. Oui, mais voilà. Donc dans les tests qu’on propose, il y a tout ce qui va. On va regarder tout l’iceberg. Donc ça, c’est une métaphore assez connue, l’iceberg. Donc il y a la partie vraiment observable du bégaiement. 

Donc tout ce qu’on entend, tout ce qu’on voit ou dit tout à l’heure, les répétitions, les blocages et la prolongation, mais aussi tous les signes de lutte, les mots d’appui à tout ce que la personne met en place pour sortir le mot.

Et puis la partie immergée, c’est tout ce qu’elle a développé comme stratégie d’évitement, ses pensées, ses émotions, son vécu interne, ses sensations physiques aussi. On va explorer tout ça. 

Et puis, de plus en plus, on explore aussi l’impact que le bégaiement a sur la vie de la personne, c’est-à-dire qu’on regarde plus un symptôme comme ça, surtout pour un adolescent, un adulte, oui, bégaiement persistant. 

Mais nous, on va quand même essayer de voir comment il vit avec son bégaiement et ce qu’il a développé des stratégies pour ne pas que son bégaiement s’entende et ce qu’il en souffre. Est-ce que ça, ça marche pour lui ou ça ne marche pas ? Vers quoi il veut aller ? On explore vraiment beaucoup plus ça qu’auparavant.        

Mike   

Et, j’imagine, quand les gens viennent te voir, ils ont de l’espoir. Et s’ils viennent te voir, par exemple en adolescence, pendant l’adolescence ou à l’âge adulte, à quoi ils peuvent s’attendre après ce bilan ? Est-ce que tu vas leur dire, par exemple, que la marge de progression est faible ? Est-ce qu’il n’y a pas une déception ?   

Sarah  

Mais ça dépend de ce que tu appelles marge de progression en fait. Et bien sûr, qu’un patient arrive  souvent avec des attentes qui sont je veux plus bégayer ou en tout cas je veux presque plus bégayer ou je veux être plus fluide. Voilà. Oui, la plupart du temps, c’est ça quand même. Donc on ne va pas lui dire toi qui entre ici, abandonne tout espoir, etc.                                                                                 

Mike   

Il ne faut pas donner de faux espoirs non plus.       

Sarah  

Non plus. Donc on va regarder quelles sont ses attentes. Moi, c’est vraiment ça. Je parle vraiment des attentes du patient. Si c’est d’être plus fluide, on va bosser technique, motrice. Et puis, petit à petit, quand le patient commence à être plus à l’aise, parfois les techniques motrices vont l’aider à s’exposer davantage aux situations de parole, vont l’aider à prendre confiance.                                                                          

Et puis il va même accepter de plus en plus que ce ne soit pas parfait. Parfois, c’est par cette entrée-là qu’on va arriver à améliorer justement son vécu, son expérience interne à lui. Et puis parfois, je sais que j’utilise quand même beaucoup la thérapie d’acceptation et d’engagement. Alors c’est la thérapie, acte qui fait partie des TCC et thérapie cognitive et comportementale.                                                                                 

Sarah  

Mais en fait c’est la nouvelle vague de TCC qui ne cherche pas forcément à tout prix à remplacer les pensées ou les émotions, à les atténuer ou les supprimer, mais à permettre au patient d’avancer, lui, dans sa vie en présence de ce qui peut être un peu désagréable comme pensées et comme émotions. Et donc on va vraiment partir de ce qui est important pour lui, ces valeurs, lui comment ?                                    

Euh, quelle personne, il a envie d’être et et on va l’aider petit à petit, avec petits pas,  à engager des actions pour aller vers la personne qu’il a envie d’être.  

Mike   

Et là, on passe un peu d’un travail d’orthophoniste à un travail beaucoup plus psychologique.    

Sarah  

Oui, mais on ne peut pas faire ça .

Mike   

Et du coup, il y a une part de psychologie très importante. On fait donc un accompagnement ?                                                                          

 

La psychologie 

Sarah  

Oui, parce que même si au départ, le bégaiement n’est pas un trouble d’ordre psychologique, il a des conséquences sur le psychisme, en tout cas sur les émotions. Il peut déclencher une anxiété. Énormément de personnes qui bégaient, qui, on la dit tout à l’heure, mettent en place des stratégies d’évitement, développent une anxiété sociale et un bégaiement, masqué aussi parfois.                                                                         

Sarah  

Et donc on ne peut pas faire sans prendre en compte toute cette partie-là. C’est pas possible, non ? Orthophoniste on est des thérapeutes, on n’est pas des techniciens ou des techniciennes. Et donc c’est bien d’avoir des outils pour prendre en charge cette partie-là.                                                                             

Mike   

Et comment tu gères tout ça au quotidien ? Parce que les gens qui viennent te voir, donc ils ont un mal être voire une souffrance. Est-ce que ce n’est pas difficile ? Au-delà de la professionnelle que tu es en tant qu’humain, de porter un peu la douleur des autres ?  

Sarah  

Alors ça, ça a été très dur pour moi au début, mais aussi parce que je me mettais à moi beaucoup de pression sur les épaules. Ça allait avec mon tempérament un peu perfectionniste. Je vais sauver le monde, je vais réparer ces personnes qui arrivent. On va réparer leur être super. Et puis vraiment, justement, avec la formation à la thérapie, etc.   

Sarah  

Alors ça a complètement changé pour moi. C’est-à-dire que je n’ai plus sur les épaules toutes mes attentes. Les attentes des parents, les attentes du patient. Mais on avance vraiment ensemble et justement on met à plat leurs attentes, leurs valeurs, vers lesquelles ils veulent aller et c’est eux qui vont vraiment engager ces actions-là qui soient parents, ados, adultes qui bégaient.                                                                                   

Mike   

C’est un peu une pression des parents.                                                                                

Sarah  

Moi, je reçois leurs inquiétudes, j’essaye plus de la faire disparaître. En fait, c’est ça. En fait, c’était de la thérapie, c’est qu’on n’essaye plus d’annuler la souffrance des gens. Mais on la reçoit, on la comprend. Et puis on essaye d’avancer avec. Et alors ? Petit spoiler. Mais en réalité, elle baisse. Dès lors qu’on fait ça.     

Mike   

On a réduit l’iceberg.                                                                            

Sarah  

On a réduit l’iceberg, exactement.

Mike

Il est toujours présent?

Sarah

Ah oui.  C’est ce qui fait qu’on est vivant. On ne peut pas faire sans la souffrance et voilà. C’est un leurre de vouloir l’annuler totalement. C’est comme les évitements. Est-ce qu’on peut annuler totalement les évitements ? Moi. J’en fais aussi tous les jours des évitements.                                                                            

Sarah  

La question, c’est ce que ça a servi ? Est-ce que ça a marché pour toi ? Est-ce que même avec cet évitement-là, est-ce que ça va ? Tout est OK avec ça, avec la personne que tu es. Bah voilà, si ça ne remet pas en question des valeurs, c’est OK. Et donc j’ai arrêté de vouloir faire du parfait.                                                                       

Et et voilà, c’est plutôt cool.                                                                          

Mike   

Est-ce que la perfection existe ?  

Sarah  

Bien sûr que non.                                                                               

Mike   

Là, on a répondu à la question ensemble. Et pour être à l’affut de l’évolution du bégaiement. Donc j’ai vu qu’il a également des formations, que l’on continue du coup toutes formes à la fois sur la partie psychologique et une montée en compétence avec de nouvelles formations sur le bégaiement, c’est ça ?                                                                                   

Sarah  

Il va y avoir plusieurs formations possibles aux thérapies. Moi, je me forme en général à des techniques ou à des thérapies qui ont montré leur efficacité au niveau scientifique.

Donc tu vas avoir d’un côté par exemple, des techniques de façonnement de la parole comme le campeur Down, toutes ces techniques-là qui vont plutôt avoir tendance à modifier la tension qu’on met dans la parole, à allonger les sons, à faire des contacts doux, etc. Tu as des techniques de modification du bégaiement

Ouh là, tu vas un peu jouer avec ton bégaiement, jouer avec ta parole, bégayer volontairement, faire du bégaiement inverse ce genre de choses. 

Et puis toute la partie TCC encore une fois. Qui sont vraiment les thérapies de choix pour s’occuper de la partie immergée de l’iceberg ? Là donc, ça va être des formations que moi je continue à faire auprès de l’Association française de thérapie cognitive et comportementale ou des formations à l’acte.                                                                                  

Sarah  

Et puis il y a aussi une thérapie qui s’appelle la trêve, qui est assez intéressante thérapie de réduction des évitements, du bégaiement qui va un peu dans le même sens que la thérapie Acte dans le sens ou on va vraiment aider le patient à être moins dans l’évitement et à avoir plus de souplesse au niveau du comportement et au niveau psychologique.  

Et c’est le cœur de la thérapie acte, c’est d’aider la personne à éviter.   

Mike   

Et j’imagine qu’en 20 ans de métier, il y a eu pas mal de techniques qui ont évolué. Est-ce que des techniques qui n’existent plus à chaque fois, on a toujours de nouvelles techniques, mais est-ce qu’il y en a qui étaient utilisées avant ?                                                                         

Sarah  

Qui n’existe plus ? Je ne sais pas, mais en tout cas on utilise beaucoup moins l’Érasme par exemple. Moi, quand j’ai démarré, c’était vraiment la technique la plus employée par les orthophonistes. Tu as peut être connu l’Érasme.    

Mike   

Pourtant pourquoi elle a disparu ?                                                                         

Sarah  

Mais ça, c’était très bien. L’Érasme, qui consistait juste à effectivement faire des démarrages en douceur. On s’occupait plus des attaques douces, des contacts doux au démarrage. Et puis après, la suite était à suivre.  

Mike   

Si je te dis que je l’applique encore aujourd’hui, ça reste moi l’orthophonie. J’ai appris des techniques qui m’ont énormément aidé. 

Moi, je me souviens, le bonjour. Aujourd’hui, je vais toujours commencer en douceur et après chaque personne s’adapte. Et ce qui  est intéressant, j’ai couplé Érasme avec mon débit de parole.                                                                            

Mike   

Avant je parlais super vite, mais faire l’Érasme et parler trop vite, ça ne fonctionnait pas.    

Sarah  

En fait, tu fais ….                                                                              

Mike   

Un peu, non, pas là. C’est un peu trop long, même s’il y avait plusieurs vitesses, mais je n’aimais pas cet exercice. Du coup, j’ai commencé à voir avec tout le travail que j’ai fait, à ralentir mon débit de parole et plus l’Érasme. 

Ça m’a permis du coup  de moins buter sur des mots, d’avoir une certaine fluidité, etc mais c’est vrai qu’aujourd’hui moi l’Érasme, je le fais dans mon subconscient.                                                                                   

Sarah  

Mais c’est automatisé.                                                                              

Mike   

Dommage que ça soit plus à la mode.               

Sarah  

On peut encore le proposer ou ça m’arrive encore de temps en temps de travailler vraiment les attaques.                                                                       

Mike   

Et moi je me souviens aussi  en tant que patient, il y avait des techniques que je n’accrochais pas. Et comment ça se passe quand un patient ou tu sens qui n’est pas volontaire sur telle ou telle technique ?  Tu dois changer ou tu fais comment ?         

Sarah  

Ah oui, je change, je m’adapte. Ben oui, parce que voilà par exemple un adolescent qui dit voilà, moi je veux plus bégayer et puis qui refuse toutes les techniques qu’on peut lui proposer, c’est compliqué. Bah ouais, on va faire autre chose quand même. Passer par d’autres médias.

Mike   

Et ce que je disais, ce que je dis souvent d’ailleurs. Avec mes deux premières, ça n’a pas marché parce que je n’avais pas envie. J’avais déjà un blocage de le dire. Bon, tout ce que je fais comme ça, ça ne va pas changer grand-chose. 

Du coup, forcément, je n’étais pas volontaire et je pense que quand il n’y a pas la volonté, c’est difficile aussi d’avoir du résultat.         

Sarah  

Mais il faut qu’il y ait une demande quand même du patient. Après, ça peut nous arriver selon l’âge du patient par les ados, ça peut arriver aussi dire non ? Bah ouais, on se fait trois ou cinq séances d’essai et puis tu vois, après tu ne continues pas ou alors on propose un groupe. Il y a plusieurs manières comme ça de voir si ça accroche.                                                                                

Sarah  

Il y a une alliance qui se crée, il y en a qui venaient à reculons en regardant par terre. Et puis qui finalement continue ensuite son …

Mike   

Moi, je crois que j’ai fait trois séances, après je ne suis jamais revenu et là j’ai changé. Et puis je suis resté plusieurs années. Il y a un feeling aussi extrême. j’étais  beaucoup plus à l’aise, etc. Et du coup, j’étais plus volontaire à faire des choses avec elles qu’avec l’autre orthophoniste que j’avais eu.                                                                               

Sarah  

C’est important de pouvoir choisir son thérapeute quand même. 

Mike   

Après, tu sais quand il y a une pénurie. C’est difficile. C’est sûr que s’il faut faire 30 kilomètres, c’est parce qu’on n’a pas de feeling. Ça se complique. Moi, j’ai la chance. Du coup, moi, c’était chaque vendredi 9 h pour. C’est un rituel, un peu pour moi et du coup, j’étais volontaire quoi. Et après, au bout de plusieurs années, on ne progressait plus.               

Mike   

On m’a dit parce que j’avais déjà atteint un certain stade et du coup les places sont chères. On a décidé que ma place pourrait bénéficier à quelqu’un d’autre et du groupe. C’est comme ça que c’est comme ça que ça s’est fait.                                                                             

Sarah  

On s’est dit tout à l’heure que la perfection n’atteindra jamais plus de façon. Et moi, de plus en plus, je pars sur des contrats à court terme avec mes patients.          

Mike   

C’est à dire.  

Sarah  

 En fait j’ai un CDD de trois mois.  

Mike   

Trois mois non renouvelables.                                                                          

Sarah  

Moi j’aime bien faire de l’intensif. En fait faire quinze semaines de suite. On fait 1 h des séances d’une heure et on avance super bien comme ça revient, surtout avec les patients avec qui on travaille pendant tout le travail sur l’anxiété liée à la prise de parole en public. Mais en plus, en ce moment, j’utilise la réalité virtuelle avec mes patients.

Sarah  

C’est des séances un peu plus longues et  ça marche bien. Puis le fait de savoir que ça ne va pas être non plus ? On ne part pas pour faire sept ans de thérapie qu’il y a un bout en fait, c’est plus motivant. Les gens aiment vraiment les moyens, c’est plus la routine.            

Sarah  

Depuis dix ans, je vais chaque.                                                                                  

 Peut-être que pour toi, c’était super tous les vendredis à 9 h.                                                                      

Mike   

En fait, mais c’est vrai que je ne me suis jamais posé la question. Moi, je me dis au point où j’en suis, il va falloir que je trouve une solution. Et pour moi, la solution c’était je fais l’orthophonie à côté, je fais ça, je fais ça. 

Et pour moi, chaque rendez-vous, c’était une sorte d’apprentissage. Mais après, s’il y avait une autre possibilité de le faire en mode intensif, pourquoi pas ?   

Mais je pense que j’ai pris le temps de sur la durée parce qu’en parallèle, je grandissais aussi. En parallèle, je changeais, ça se trouve. J’aurais fait un sprint en deux mois, mais je serai toujours au même point parce que je n’étais pas prêt. 

Sarah  

Mais c’est des choses qu’on peut faire aussi. Et même arrivé au bout d’un certain nombre de séances ou arrivé au bout du CDD. 

Comme tu dis, c’est renouvelable, c’est-à-dire que. Mais ce qui est important, c’est de ne pas entrer dans une routine et de re fixer régulièrement quelles sont les nouvelles attentes du patient parce qu’elles évoluent aussi. 

Mike   

C’est vrai, au bout du CDD, donc il y a  l’entretien, c’est ça. 

Sarah  

C’est ça.          

Sarah  

Ça dépend encore une fois de l’âge du patient                                                                          

Mike   

Très bien. Est-ce que tu es une anecdote positive ou négative sur un des patients ou une situation que tu as rencontrée ? En 20 ans d’expérience, j’imagine, il y en a des masses.  

Sarah  

Alors, comme j’ai la mémoire qui flanche, je vais prendre des souvenirs récents. Moi, il y a vraiment, j’ai adoré. 

Il n’y a pas très longtemps, j’ai fait une plaquette sur l’exposé en classe pour les enfants qui veulent bien parler du bégaiement à leur classe parce que je trouvais que c’était important que les enfants puissent sensibiliser les autres au bégaiement à l’école.            

Sarah  

Et puis se sensibiliser aussi eux. Et ça se faisait en classe sur le bégaiement, ça ne date pas d’hier, plein d’orthophonistes qui le font depuis toujours. 

Mais voilà, j’avais envie de créer un support pour ça qui puisse être distribué aussi dans les écoles et donc avec des patients. On a vraiment élaboré ensemble cette plaquette. Est-ce que ça a été, à force de faire des exposés, de voir la trame que ça prenait  ?                              

Sarah  

Et ces patients-là ? Ce petit groupe a accepté d’être filmé pendant la préparation de leur exposé en séance, même parfois pendant l’exposé en classe et après, après leur exposé, ils ont pu livrer un peu leurs impressions. Et on a filmé ça. On en a fait un petit film qui a été diffusé lors de la journée du bégaiement et j’étais tellement fier d’eux.    

Sarah  

À chaque fois que je le regarde, je pleure à nouveau. Mais voilà. Oui, moi, s’il il y avait quelque chose, là, tu vois le positif. Et ce serait ça, tellement fier d’eux. Et et voilà. Et parmi eux, il y a. 

Oui, j’ai un patient qui m’a marqué et que je vais revoir, je pense, qui s’appelle Maxime et qui avec on a crée un personnage qui nous fait bien marrer, qui s’appelle le professeur Tabou. 

Donc ça a été inspiré du professeur Raoul et donc ce professeur qu’on voit alors dans le film. On ne voit pas son visage Maxime, bien sûr, mais on tourne des sketchs comme ça et le professeur Tabou, il dit l’inverse de ce qu’il faut faire quand on bégaie, il donne des conseils tout pourris. Et voilà, on rigole beaucoup. Il y a beaucoup d’humour. 

Et ce patient-là, il a aussi fait plusieurs exposés. Déjà sur son bégaiement, mais ensuite il a voulu y retourner. 

Ça ne lui suffisait pas de devoir faire devant toute sa classe quand il est rentré au collège, ce qui est quand même beaucoup moins facile au collège, avec le regard des autres, ça devient un petit peu plus compliqué, comme il en a d’autres, d’autres troubles. 

Il a aussi un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité. Eh bien, il a décidé de parler de tout ça, donc il a fait un triple exposé qu’on a préparé et que vous pouvez retrouver sur mon compte Instagram parce qu’on l’a, on l’a enregistré des slides qu’on a pu enregistrer sa voix. Voilà. Et et lui, voilà, il est super fort, c’est notre porte-parole.   

Mike   

Intéressant et on pourra partager, du coup, dans la description qu’on commentera le lien.  

Sarah  

Oui.                                                                            

Mike   

Vers l’exposé, le triple exposé.                   

Sarah  

 Triple exposé.                                                                           

Mike   

Et là, pour rebondir, ce que tu viens de le dire, du coup, c’est une forme de sensibilisation dans le milieu scolaire. Ce que tu as fait et comment tu juges aujourd’hui l’état de la sensibilisation dans le milieu scolaire ? 

Parce que moi aussi je dois parler de mon retour d’expérience et aussi d’autres bègues que j’ai reçus dans Noir et Bègue qui disaient qu’ils ont vécu des situations traumatisantes durant leur scolarité.                                                                           

Est-ce qu’aujourd’hui, pour moi, du coup, ça fait déjà une bonne vingtaine d’années que je ne suis plus dans les bancs du collège ? Mais est-ce que, selon toi, il y a eu une évolution positive dans l’acceptation, dans l’acceptation de la différence, dans la connaissance aussi du bégaiement ? 

Parce que moi à mon époque, les profs n’étaient pas du tout sur OK, la personne a du mal à s’exprimer, ça s’arrêtait là, mais on ne savait pas vraiment pointer ça c’est le bégaiement, et j’ai découvert par exemple quelque chose que j’ai découvert dans mon podcast et quelqu’un qui me dit il a eu le droit à un tiers de temps en plus. 

Il n’y a aucun prof qui m’a dit Mike tu as un tiers de temps. C’est ce que si on ne sait pas qu’on ne peut pas en bénéficier.                                                                              

Mike   

Du coup, à l’oral, j’avais de mauvaises notes. Puis à l’époque aussi, le bégaiement n’était pas reconnu comme un handicap.                                                                           

Sarah  

Mais effectivement, ce tiers temps, les élèves y ont droit. Mais encore faut-il que le bégaiement soit connu, reconnu. Qu’on en ait parlé aux profs, ça m’arrive de contacter des enseignants qui étaient loin de se douter que ces élèves qui ne prenaient jamais la parole, c’était à cause du bégaiement. Il en est qui tombent des nues. En fait.                                                                        

Et donc il faudrait déjà que les parents avertissent les enseignants. Ça, c’est important. C’est vrai que le tiers temps, ils en entendent souvent parler quand ils sont suivis en orthophonie, mais c’est pas toujours le cas. Ils sont pas toujours sujets en orthophonie.                                                                       

Mike   

Moi, j’ai commencé trop tard. J’ai commencé à quinze ans.

Sarah  

Oui, il y avait déjà eu l’oral de brevet ou pas encore?

Mike   

Non. J’avais déjà passé mon brevet. Donc là , j’entrais au collège, en quatrième ou en troisième, le mal était déjà fait, c’est trop tard.    

Sarah  

Et maintenant ils ont un oral au brevet, donc dès quatorze ans quoi.            

Donc oui, il ne faut pas hésiter à demander ce tiers temps. En général, c’est au médecin scolaire qu’on s’adresse pour ça et il faut le demander dès le début de l’année scolaire par exemple en septembre en général, avant décembre pour le mois de juin suivant. Si par exemple, il y a une échéance, un oral en juin de l’année suivante.   

Mike   

Donc, pour le tiers temps, l’élève doit s’adresser au médecin, ce que l’élève doit absolument suivre une orthophoniste ou pas?      

Sarah  

C’est une bonne question. En général, le médecin scolaire nous demande effectivement un courrier ou un compte rendu de bilan. Je ne sais pas s’ils peuvent tirer.   

Mike   

Donc si on n’est pas suivi par une orthophoniste, on risque de ne pas avoir le temps, même si le problème est visible.       

Sarah  

À voir, vu la difficulté d’accès aux soins. Ce serait important quand même que ce soit possible, même quand l’élève n’est pas suivi. Et il y a l’APB qui  a fait aussi une plaquette sur le grand oral pour aider les élèves de terminale de préparer l’oral du bac.                                                                            

Mike   

Après aussi le concours

d’éloquence.    

Sarah  

Oui, oui, oui.                                                                          

Mike   

Ils s’inscrivent  direct au concours d’éloquence.   

Sarah  

Dès quinze ans, ils peuvent venir.       

Mike    Est-ce qu’aujourd’hui tu as des projets liés au bégaiement?

Sarah  

Avec l’éloquence, bien sûr, on continue, mais des projets plus personnels                                                                     

Mike   

Personnels aussi professionnels ?                                                                  

Sarah  

 Oui. Alors.                                                                              

Mike   

 Dans ton engagement de ce que tu fais déjà aujourd’hui sur Instagram, est-ce que tu as d’autres projets qui vont venir?

Sarah

j’en ai plein ?                                                                           

Mike   

Tant mieux pour les bègues.                                                                           

Sarah  

Déjà je vais commencer à former des orthophonistes. Y a pas de raison. Donc ce sera une formation qui ne sera effectivement pas mal acceptée. 

Ceci tu l’auras compris. Et puis j’ai un jeu que je veux absolument sortir pour les jeunes qui bégaient, que j’ai testé pas mal avec mes patients et qui fonctionne super bien et j’ai très envie de l’éditer, l’auto-éditer. Donc il faut que je me lance.

Mike   

Vas-y.

C’est sympa le jeu, il faut nous dire un peu plus, ou c’est top secret.

Sarah

Je ne vais pas tout dire, mais c’est un jeu qui permet de faire fondre l’iceberg. Et oui, ça peut commencer tout jeune, vraiment toujours dans cette idée de se désensibiliser de son bégaiement, d’en parler, de connaître son bégaiement, de se connaître même quand on est enfant. Mais c’est important d’avoir des idées reçues sur le bégaiement.     

Mais de là que ce soit les enfants, les parents, mais de vraiment bien connaître le bégaiement.                                                                          

Mike

Et ce jeu-là va les permettre à ça. Ben ça va les aider.

Sarah

Je compte bien, en tout cas avec mes patients, ça marche bien. Oui.   

Mike   

J’ai une petite faveur à te demander.

Sarah

Je t’écoute.

Mike

On pourrait avoir un code promo pour Noir et Bègue.    

Sarah  

Pour le jeu?

Mike

Oui pour le jeu.                                                                            

Mike   

Pour Noir et Bègue 2022. Vous aurez 10 % de réduction comme ça. Écoutez bien les podcasts si vous voulez avoir la réduction pour les jeux de Sarah Hérvé, restez connectés, mais je ne vous dirai pas dans quel épisode. Donc on va voir si vraiment.                                                                                

Sarah  

Suivez bien.                                                                              

Mike   

Super en tout cas. Bah bravo et j’espère qu’il va voir le jour très prochainement.

 

Coach 

Sarah  

Oui puis il va y avoir comme tu sais la prochaine édition de l’éloquence du bégaiement. Donc je fais partie des coachs comme on dit. Voilà. Et puis maintenant je si je me suis lancée pour diriger des mémoires d’Ortho. 

Et donc il y a une future orthophoniste, une étudiante qui va faire son mémoire, je co-dirige ce mémoire avec Isabelle et ça va vraiment. Ce mémoire va chercher à mesurer l’impact du concours d’éloquence, le bégaiement sur les candidats.                                                                        

Mike   

Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur le rôle que tu as eu dans le concours ? Et surtout toi en tant qu’orthophoniste, comment tu l’as vécu en même temps c’est quelque chose d’inédit?                                                                               

Sarah  

Dans le concours. Moi, j’ai surtout assisté au tout début, vraiment à la genèse du concours. À l’époque, j’étais jeune maman, je ne me suis pas lancée plus que ça. Et puis Mounah est revenue vers moi en 2020 pour la troisième édition parisienne. 

Et puis là, je me suis vraiment jetée complètement dans cette aventure et c’était vraiment très plaisant.                                                                             

Et puis on démarre là, il va y avoir une édition à Lille. Je crois que tu en as parlé déjà dans le précédent podcast.                                                                             

Mike   

Est-ce que tu as incité des patients à toi à participer ou pas ?

Sarah  

Pas ? Non, pas encore. Il se trouve que là, j’ai de plus en plus d’adultes et d’adolescents. 

Ça pourrait être le cas, mais j’en ai eu quand même moins avant. Donc je que je les inciterais avec grand plaisir. Ah oui, bien sûr, c’est pertinent pour eux.     

Mike   

Donc, les membres du jury?                                        

Sarah  

Oui, membre du jury du premier tour.     

Mike   

Et là, si tu étais membre du jury. Est-ce que tu vas favoriser des passions ? 

Sarah  

Bien sûr.                                                                                 

Mike   

Donc chaque orthophoniste va favoriser ses patients ? 

Sarah  

Non. Je pense qu’ils essayent de ne pas mettre les patients avec leur ortho. Mais en tant que jury, ça parait évident.                                                                           

Mike   

C’est vrai qu’il y a une affinité, essaye d’imaginer que tu ne votes pas pour lui dire comment va se dérouler la prochaine séance. 

Ce concours selon toi ? C’est également aussi une forme de thérapie ou pas au bégaiement?

Sarah  

Selon moi, ça peut avoir une action thérapeutique. Ouais, ouais, c’est justement ce qu’on va essayer de montrer, ce que l’étudiant va montrer ou pas. Ça fait partie de la problématique. 

C’est ce qu’on peut tirer de cette expérience des leviers thérapeutiques qu’on pourrait très bien utiliser en séance ? En tout cas, visiblement, ça a un impact sur les gens. 

Sarah  

On voit bien, c’est un tremplin et ça  a changé quand même des vies donc. Donc il y a quelque part un effet thérapeutique. Mais comme ça pourrait peut-être avoir le théâtre ou autre chose. Mais oui.    

Mike   

Comme on a pu le constater, il y a beaucoup de bègues qui n’ont pas eu la chance de rencontrer une orthophoniste. 

Quels conseils ou astuces tu peux leur donner ou tips pour leur aider à améliorer, à atténuer leur bégaiement ? Toutes choses qui peuvent s’appliquer au quotidien.  

Des tips, je n’en ai pas parce que ce n’est pas. Il n’y a pas de solution clé en main pour diminuer  son bégaiement. Je pense que vraiment ça mérite un travail, un vrai travail en orthophonie. 

Donc il faut insister et trouver une orthophoniste. Après, comme on disait tout à l’heure, ça dépend de ce que vous  voulez dans la vie, par rapport à votre parole, par rapport à votre bégaiement.      

Et les techniques dont on parlait tout à l’heure, qui vont quand même viser au départ à fluidifier la parole. Ça va être vraiment des techniques qui vont aller vers l’allongement de la parole, des contacts vraiment doux, notamment quand on veut démarrer. On en a parlé de l’Érasme, on fait des contacts très doux.   

Voilà ça. Ça va vraiment être globalement les techniques vers lesquelles on va aller pour fluidifier, mais ça s’apprend. 

Il faut vraiment pratiquer. Et puis après ? Bon, les vieilles techniques, c’est tout ce qui est rythmique. Mais ça va moins maintenant chez les adultes. Globalement, ce qui fluidifie la parole, c’est le rythme et c’est le fait d’allonger.  

Mike   

J’ai l’impression aujourd’hui que les orthophonistes voient d’un mauvais œil toutes les techniques alternatives à l’orthophonie. 

Par exemple, quand tu tapes bégaiement sur Google, tu vas trouver des formations en bégaiement, etc. d’autres d’autres stages ou approches qui n’entrent pas dans le cadre de ton métier. 

Moi, si je me mets à la place d’un bègue qui a besoin de se faire aider, je vais essayer de trouver la chose ou la technique limite qui peut supprimer mon bégaiement ?

Parce qu’on est au fond de moi, au fond de nous, on veut ne plus bégayer ou sinon mieux vivre avec.                                                                           

Sarah  

Moi, j’aurais. Comme je te disais tout à l’heure, je tiens à ce que ce que je propose à mes patients, ce soient des techniques ou des thérapies qui ont fait leurs preuves. On ne peut pas essayer des thérapies comme ça sur des gens.  

Voilà. Donc il y a ça déjà. Première chose. Et puis ensuite, faire miroiter la disparition du bégaiement en trois jours et du corps que voilà.                                                                           

Il y a un petit souci quand même. On sait bien que ce n’est pas guéri, pas déjà une maladie, puis on ne va pas s’en débarrasser comme ça en trois jours. La troisième chose, c’est l’argent. Enfin, je tiens à abuser. 

Pour moi si souvent, c’est quand même abusé de la détresse des gens, de leur souffrance. Des stages qui coûtent plusieurs milliers d’euros qui, bien sûr, ne sont pas du tout pris en charge.

Ce ne sont pas des soins. Moi, ça, oui, ça me pose la question quand même.  

Mike   

Et logiquement.                                                                                 

Sarah  

Oui. Donc après, si quelqu’un veut aller vers, ça va bien. Libre à lui. Bien sûr, je ne veux pas le juger, je ne vais pas l’empêcher. Mais c’est de notre devoir de dire ça. Ça a fait ses preuves et ça, non. 

Mais après, vous faites ce que vous voulez. On n’en parlait pas très longtemps sur mon compte. Il y avait la méthode Tomatis. Comme ça aide à soulager les gens, surtout de beaucoup d’argent.                                                                       

Et puis voilà que j’en avais plein comme ça. Donc quand les gens me demandent mon avis, évidemment, je ne veux pas leur dire, allez-y. Mais si vous voulez faire ça, pas libre à vous.  

Mike   

Est-ce que tu ne penses pas ? Si je fais le parallèle avec un peu ce qui existe  dans la médecine traditionnelle, l’effet placébo même que la personne est tellement convaincue que ça peut l’aider à tester. Ça peut fonctionner avec.    

Sarah  

Bien sûr, ça existe, mais c’est là-dessus que toutes ces méthodes font leur beurre. Parce que, bien sûr, il y a des gens pour qui ça va marcher. Et l’effet placebo ? Il n’est pas négligeable. 

Il fonctionne vraiment dans une grande proportion de cas. Et donc, ça encourage ces personnes à dire que ça fonctionne. 

Regardez, ça a fonctionné pour un tel, mais bon voilà, j’ai vu plein de gens revenir, des stages, beaucoup en me disant que bon bah voilà.      

Ah oui, super miraculeux. Sur un moment je suis sorti nickel de ma parole. Mais, mais voilà, ce n’est pas des choses qui sont après. 

Il y avait sans doute des gens qui ont été très aidés par ces stages-là, mais moi je ne les ai pas rencontrés. En tout cas en clinique, donc je ne peux pas témoigner de ça.  

Mike   

Non, tu as des patients qui ont testé des tas ? Oui, oui.         

Sarah  

Oui, bien sûr, comme l’inverse. Il y a des gens qui vont voir des orthophonistes. Et puis.  

Mike   

Tu n’es pas déçu un peu s’ils partent.

Sarah  

Avaient fait face à des stages. Voilà, mais.                                                                            

Mike   

J’étais d’accord avec ce parallèle. Il faut de tout pour faire un monde. Il faut peut-être également toutes les alternatives pour vaincre le bégaiement.                                                                        

Sarah  

Il faut que je ne sache pas, mais en tout cas, on peut. Mais moi, je dis que j’ai des patients qui sont arrivés avec une pierre brésilienne autour du cou. Tiens, c’est quoi ça. Le PR qui me dit qu’on ne risquait rien à essayer ? 

Et on a comme ça on a le suivi avec Sara et la pierre brésilienne c’est qu’on ne saura pas à la fin, grâce à qui on a avancé.

Mike   

Mais tu sais, le niveau de détresse est tellement tellement important qu’on est prêt à tout pour.                                                                                  

Sarah  

C’est ça. Et en fait ça, je le comprends tellement et je comprends tellement qu’en tant que patients, on ait envie de se tourner. 

Moi-même, je suis allée voir des magnétiseurs quand j’étais petite dans mes parents m’emmenaient dire oui, on essayait tout, ce que je veux dire, c’est que moi, en tant qu’orthophoniste, je ne peux pas leur dire d’aller vers ça.                                                                             

Si ça n’a pas fait ses preuves, c’est si ce n’est pas possible. Et puis je ne peux pas admettre qu’on abuse de la crédulité et de la souffrance des gens.                                                                        

Mike   

Maintenant je comprends. En tout cas merci pour ta franchise. Donc les bègues qui écoutent les faux espoirs, chacun est libre, chacun est libre de faire ce qu’il veut. C’est facile de tester aussi.       

Sarah  

Ben oui, parce qu’au final c’est la personne qui choisit.                                                                               

Mike   

J’avais une question pourquoi as-tu accepté l’invitation de Noire et Bègue.                

Sarah  

Déjà premier podcast français qui parle de bégaiement ? Il me semble.   

Mike   

Francophone français.                                                                         

Sarah  

Francophone.                                                                       

Mike   

Mais  français.                                                                                

Sarah  

Made in France. Quand tu voulais que je loupe ça, ce n’est pas possible. Non, vraiment, j’ai écouté les précédents épisodes et j’aime beaucoup le ton que tu donnes à ce podcast.                                                                              

Mike   

Merci.                                                                         

Sarah  

Voilà. Parce qu’encore une fois, tu demandais tout à l’heure ce qui avait évolué avec le temps. Moi, je trouve que ce qui évolue vraiment beaucoup plus en plus ces dernières années, c’est quand même une vision beaucoup plus positive du bégaiement, on est beaucoup moins dans le misérabilisme qu’il y a 20 ans. 

Donc oui, on a besoin de gens comme toi qui motivent qu’il soit inspirant.

Et il y a beaucoup d’humour et moi j’aime beaucoup.      

Mike   

C’est vrai qu’il y a des fois, ce n’est pas drôle, mais on essaye quand même de sensibiliser avec une petite touche d’humour. C’est toujours plus agréable, mais c’est ça.        

Sarah  

On sent que oui, ça n’a pas toujours été simple pour toi et tu le dis, mais ça n’empêche pas de.                                                                          

Mike   

Avec le recul.                                                                             

Sarah  

Avec l’humour là-dessus.                                                                               

Mike   

Est-ce qu’il y a des épisodes en particulier ? Qui t’as plus qui a marqué m’a fait pleurer ? Des fois, il y en a des tristes, non ?                                                                             

Sarah  

J’ai adoré celui avec Melissa Bronsard parce que je suis grande fan de Mélissa. Et à chaque mot, je me disais oh, mais elle a toujours les mots justes. Mélissa, vraiment. Donc je ne sais pas ce que ça donnera quand même. 

Si j’écoute le nôtre. Mais vraiment, si je me disais j’aimerais beaucoup avoir autant les mots justes que Mélissa.     

Mike   

C’est vrai qu’elle est très différente.      

Sarah  

Oui, oui. Après la première saison, je l’ai écouté, un peu comme on prend une série Netflix. Tu sais, un peu en bloc. Donc c’est tout seul ça. Ça va passer à l’épisode suivant. 

Et donc je ne saurais pas te dire quel épisode a été le plus marquant pour moi, mais en tout cas vraiment, je trouvais ça super de te suivre, de suivre comme ça tombe ton expérience.

Mike   

Ce podcast, comme tu le sais, fait partie d’une sensibilisation globale. Il y a déjà pas mal d’acteurs, notamment toi, sur Instagram, il y a l’APB qui fait un travail formidable et plein d’autres. Et aujourd’hui, moi je fais juste la sensibilisation au niveau du grand public.                                                                              

Sarah

Elle évolue, mais évidemment, on peut toujours faire plus. Mais en tout cas, oui, on l’a vu évoluer quand même avec de plus en plus de films qui traitaient du bégaiement sans s’en tourner. 

Le bégaiement des raisons justement ? Ça a démarré avec Le Discours d’un roi. Et puis voilà. Mais quand même, je trouve que ça fleurit beaucoup moins entre les podcasts, les films, les blogs, les sites.                                                                              

Laurent La Garde, super blog qui est devenu aussi un livre que je conseille à tous mes patients. Après faut pas marcher là-dessus puisque des ressources, il y en a plein et de plus en plus. 

Donc voilà, au niveau sensibilisation, moi je suis assez d’accord avec cette pétition qui a été lancée par l’association STAMA qui est une association britannique et qui qui en fait propose qui est davantage de personnes qui bégaient dans le paysage audiovisuel parce qu’en fait, c’est ça.  

Les choses ont changé aussi dès lors qu’on montre que c’est aussi bégayer que ça fait partie des différentes façons de parler et qu’on entendra le bégaiement à la télé, à la radio même, des animateurs et journalistes. 

Et je pense que c’est ça qui aidera aussi à changer le regard des autres sur le bégaiement. Pourquoi les gens cherchent absolument à camoufler leur bégaiement ?     

C’est que petit à petit, ils ont des expériences négatives par rapport à leur bégaiement de la part des autres. 

Ça vient essentiellement du regard des autres. Et pour moi, oui, ce regard-là, oui, il changera quand tu auras un super héros qui bégaie. 

Moi, je prône un bégaiement dans les Marvel ou Space, mais voilà qui est vraiment un personnage auquel les enfants puissent s’identifier aussi même, je veux dire les adultes.        

Même temps, il y a très peu de modèles d’adulte qui bégaie, à part Stanislas de Neufchâteau, qu’on entend. Ben oui, pas trop de doctolib. 

On entend dans les médias qui parlent ouvertement de son bégaiement qui bégaie à la radio, à la télé. 

On manque de modèles comme ça, de personnes qui ont dépassé leur bégaiement, qui sont devenus la personne qui avait envie d’être avec ce bégaiement.            

On donne trop souvent, je trouve, dans des modèles de personnes qui ont vaincu le bégaiement qu’on n’entend plus bégayer et François Bayrou l’avait. 

Ouais, c’est ça, mais c’est là. On les entend pas bégayer, en fait. Donc oui, vraiment pour moi, c’est ça la prochaine étape.                   

Mike   

Et c’est très intéressant tout ce que tu viens de dire. Et moi je vais juste nuancer un peu l’ensemble. 

Je suis d’accord sur le travail qui est fait sur la sensibilisation, mais j’ai l’impression que ça a touchée, que nous les bègues et notre entourage. 

Et j’ai pas l’impression que la grande majorité des Français et Françaises connaissent vraiment ce que c’est les bégaiements.                                                                          

Mike   

Et moi, tout ce que je vois aujourd’hui, c’est que d’ailleurs le mot Bayer, c’est un peu tourner en dérision qu’on entend bégayer. 

C’est un peu le synonyme de dire n’importe quoi, de bafouiller et moi comme un handicap invisible. 

Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire. Par exemple, un truc qui m’a fait froid dans le dos, d’aller sur Tweeter, de taper bégayer. Je trouve que c’est un mot, du coup, qui est un peu tendance.  

Mike   

Et et moi je n’ai pas, je n’ai pas cette sensation-là dans la vie quotidienne que les personnes. Malgré le succès du film le discours d’un roi, etc. et que même je pense que la plupart des Français savent que François Bayrou était bègue. Mais ils ne voient peut-être pas bégayer. 

Mais je ne vois pas aujourd’hui cette prise de conscience qu’on peut avoir par rapport à d’autres handicaps ou d’autres pathologies. 

L’autisme, par exemple. Et alors que sur le bégaiement, j’ai l’impression qu’il y a encore ce fossé-là qui est trop grand et j’ai et moi le retour que je fais avec un peu de recul parce que vu que je suis, je suis dans le milieu du bégaiement, je suis près du bégaiement. 

Peut-être qu’à force de se parler entre nous, on a peut-être l’impression qu’on sensibilise beaucoup plus, mais qu’en réalité on est toujours entre nous.  

Sarah  

Oui, c’est parce qu’on va aller voir telle émission. Oui, le reportage d’Envoyé spécial sur l’éloquence bégaiement quand même. 

Ça, ça a eu. Voilà, ça a permis de communiquer pas mal. Mais oui, c’est parce qu’on va aller voir le magazine de la santé qui traite du bégaiement ce jour-là, ou qu’on va chercher les infos. Et nous, évidemment, oui.   

Et tant concernés, on va aller quand même vers ça. Mais l’importance d’entendre du bégaiement, encore une fois beaucoup plus dans les médias. Et d’en parler d’informer aussi là-dessus.

Mike   

La seule journée ou on entend parler du carrément tu connais ? C’est dans ce genre de truc. Je dis qu’avant je n’en peux plus. J’aimerais qu’on parle du bégaiement en dehors du 22 octobre. 

Sarah  

Ah, tu me dis ça, moi, je veux que ça                                                                                

Mike   

C’est bien cette journée mondiale. Là, il y aura quelques interviews, il y aura des personnalités bègues, des professionnels de l’orthophonie qui vont parler, etc. 

Et le 23 ? Voilà donc on revient un peu quand même. Ce que tu dis, c’est ce qui est intéressant. On a aussi des personnes qui bégaie en public et ça va aussi attirer les gens en savoir plus.                                                                                

Et moi, par exemple, j’ai un truc qui m’a blessé. C’était en reprenant le fondateur de Doctolib qui avait fait une vidéo ou quand il parle. 

Et dans les commentaires, il y avait une telle violence des personnes qui disaient il a beaucoup de problèmes, lui et moi, ça m’a choqué parce que moi je sais  ce qu’il a, c’est le bégaiement. Sauf que lui, pour la personne, dites-lui, il y avait là un, carrément qui a dis le mec est chelou.        

Mais c’est fou, mais au fond. Mais cette personne, je n’en veux pas en soit, il faut lui apporter cette information. Il faut arriver à le sensibiliser. Et pour arriver à sensibiliser 66 millions de Français. 

On a besoin de l’État. Et moi, aujourd’hui, c’est je, ça efface mes mots. Je n’ai pas l’impression que l’État a fait réellement une grande partie du boulot, chose que je trouve un peu dommage. 

En 20 ans, n’ai jamais vu de campagne le bégaiement. On va mettre le bégaiement dans une campagne de sensibilisation un peu commune.     

Sarah  

Oui, alors que ça concerne tout à l’heure sans doute beaucoup plus que 1 % de la population. Oui, il serait temps de faire une campagne publicitaire de prévention sur de grandes chaînes. Je démarre avec toi.                                                                                  

Mike   

Et je lancerai la pétition. Tu la signes.    

Sarah 

 Avec plaisir.                                                                                 

Mike   

Superbe déjà j’ai une des signatures, c’est déjà bien. Est-ce que je peux compter aussi sur tes milliers d’abonnés vu que tu en as beaucoup.  

Sarah  

C’est parti.

Mike   

C’est parti, donc je mettrai le lien de la pétition. Dans la description de l’épisode et on va faire plier le pouvoir public.                                                                          

Sarah  

Et pour Marvel aussi ? Le super héros, j’y tiens.      

Mike   

Oui, avec grand plaisir. Le triple exposé et il est toujours présent sur ton feed Instagram.     

Sarah  

Oui le triple exposé et la vidéo des enfants qui font leur exposé. Elle est sur la chaîne YouTube de l’APB, l’association Parole Bégaiement.

Mike   

Oui, OK, mais on mettra également le lien.     

Sarah  

Bon, si vous ne voulez pas regarder toute la soirée  JMB  je crois que c’est un plus. 56 minutes.       

Mike   

Il peut faire l’effort, mais il.     

Sarah  

Mais regarder la totalité, c’est très intéressant parce qu’il y a Laurent Lagarde.   

Mike   

Écoute. Grand merci à toi Sara Hervé pour cet échange.    

Sarah  

Merci à Toi.                                                                               

Mike   

 J’ai découvert davantage sur le métier de l’orthophonie et aussi la richesse que tu apportes, notamment sur la dimension psychologique du patient que je trouve très intéressante. Et ce que ta. Pour finir cet échange.    

Sarah  

Une citation que j’aime bien.                                                                        

 Je crois que c’est à partir du moment ou vous acceptez votre bégaiement. Le monde n’a pas d’autre choix que de l’accepter.                                                               

Mike   

À partir du moment où vous acceptez votre bégaiement, le monde n’a pas d’autre choix que de l’accepter aussi. Super.  Je retiens.                            

Mike   

Merci beaucoup d’avoir écouté ce podcast. J’espère qu’il vous a plu. Ce contenu a été fait avec beaucoup d’amour et l’amour, ça se partage. On retrouve également les notes de l’épisode sur noiretbègue.fr à très bientôt.  

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