Le grand oral

Le Grand Oral

Dans ce nouvel épisode de NOIR & BÈGUE 🎙, je reçois Nicolas Garcia, amateur et passionné de théâtre, agent des finances publiques et Conseiller municipal à la ville de Malakoff.

La grande majorité des bègues se mure dans le silence. Nicolas, bègue depuis ses 3 ans est quant à lui un bègue, bavard, très bavard.

Nicolas nous raconte son parcours de finaliste au concours d’éloquence du bégaiement jusqu’à son passage au Grand Oral sur France 2.

Malgré tous les obstacles de la vie liés à son bégaiement, Nicolas fait preuve d’une incroyable résilience.

Découvrez le passage de Nicolas au Grand Oral de France 2 : vidéo

Retrouvez les notes de l’épisode sur noiretbegue.fr

🎧 Bonne écoute

Podcast disponible sur :

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Mike   

C’est seulement dans les ténèbres qu’une bougie peut faire l’expérience de sa propre lumière. Je suis Mike Muya, noir et entrepreneur, fondateur de Snacking , agence de création de contenu. Dans noir et bègue, je vous raconte des histoires inspirantes de femmes et d’hommes qui, malgré les obstacles de la vie parviennent à avancer.

Bonjour et bienvenue à tous sur ce nouvel épisode de Noir et Bègue. J’ai le plaisir et l’honneur d’accueillir Nicolas Garcia. Bonjour Nicolas.

Nicolas

Bonjour Mike.

Mike    

Comment tu vas ?

Nicolas

Je suis très content d’être là et en fait c’est un petit  peu bizarre de voir ce lieu  en vrai.

Entre le moment  où on écoute un podcast et le moment de voir le lieu où c’est tourner, c’est bizarre.

Mike    

Mais c’est la magie de l’audio aussi.

Nicolas

c’est ça ?

Mike    

Et est-ce que tu peux nous dire un peu sur toi qu’est-ce que tu fais dans la vie ?

 

Vie professionnelle et bégaiement

Nicolas

Alors, je fais un métier qui n’est pas spécialement apprécié, je suis contrôleur dans les finances publiques.

Mike    

Et c’est toi qui fais les contrôles aux entreprises, aux particuliers ?

Nicolas

En fait, moi je m’occupe des gens qui ne paient pas leur  hôpital.

Mike    

Je ne vais pas être un bon client pour toi, parce que m’a toujours arrivé d’aller aux urgences et vu qu’ils ne prennent pas la mutuelle, etc., on voit d’abord la facture et souvent j’oublie toujours de payer.

Nicolas

Il y a énormément de gens dans ton cas.

Mike    

Et comment était venu de faire ce ?

Nicolas

C’est arrivé un peu par hasard. J’ai travaillé pendant dix ans dans le monde des assurances, donc à Marseille, puis sur Paris. Et puis à un moment donné, j’ai passé le concours des impôts et puis je suis rentré et ça fait déjà sept ans.

Mike    

Et tout se passe bien?

Nicolas

Ça se passe bien. Je suis plutôt à l’aise par rapport à mon bégaiement, par exemple, parce que je ne décroche pas au téléphone, je ne vois pas les gens en vrai qui ne sont pas contents. Je peux leur parler par mail ou par écrit quand je vois qu’ils ne sont pas contents, mais je le vois par écrit.

Mike    

J’imagine. Mais j’imagine que l’écrit fait ressentir aussi les émotions.

Nicolas

C’est ça ? Je pense que ce n’est pas évident.

Mike    

Et au niveau de ton travail, est-ce que tu interagis aussi ? J’imagine avec tes collègues au quotidien dans le travail ?

Nicolas

Oui, je travaille en boite.

On est en Open space, donc je travaille avec deux personnes. On est chacun sur son secteur qui est bien déterminé. Et du coup, je travaille un petit peu, même si je bosse avec d’autres personnes. 

Je travaille beaucoup en autonomie, beaucoup par mail et par courrier. Je n’ai pas excessivement beaucoup de contacts, surtout en ce moment avec le télétravail. Je suis entre deux et trois jours par semaine, un peu en télétravail.

Mike    

Est-ce que tu avais choisi ce métier-là parce que tu n’avais pas à avoir d’interactions directes avec la population ou le public que tu dois rencontrer en vrai ?

Nicolas

Je pense que c’est comme étant un bègue .

Comme beaucoup de bègues, ça en fait. Au départ, tu projettes.

Au début, je voulais bosser dans les assurances que c’est un métier ou tu es en contact avec du monde, et puis j’ai des gens de ma famille qui travaillent dans le commerce. J’ai cru qu’un jour je ne bégaierai  plus. Et puis je bégaie encore un peu.

Ce n’est pas grave.

Mike    

Tu sais, on a tous cru de ça,  j’ai souvent vu mes parents. Ils ont dit que ça allait passer avec l’âge. C’est un peu le côté optimiste de la vie de dire tiens, ça va passer. Mais après, des fois, ça ne passe malheureusement pas.

Nicolas

Alors moi c’est. Je fais quand même l’exemple de mon grand-père qui lui bégaie encore un peu. Parce que quand tu as été bègue, tu  ? Forcément, je veux. Je ne vais pas vous dire de grandes généralités, mais souvent, quand tu as été bègue et tu es bègue encore un peu.

Les gens qui te disent « j’ai été bègue », tu sais qu’ils le sont encore un petit peu.

Tu as pas mal de gens qui sont un peu comme ça. Et j’ai mon grand-père qui a bégayé jusqu’à l’âge de 60 ans et à l’époque donc je te parle, il a 91 ans, donc il y a encore. 

C’était quand ? C’était dans les années 90 et tu as commencé en France à avoir un peu toutes les techniques qui sont vraiment spécifiques pour les personnes bègues qui sont arrivées des États-Unis à peu près à cette période-là. Et je pense qu’en fait le bégaiement. Peut-être que moi, enfant, je l’ai beaucoup mieux vécu.

Mike    

Et ce qui est intéressant dans ce que tu dis, ça me fait rebondir un épisode que j’ai fait avec Mélissa Bronsart, la réalisatrice du bégaiement enfant soleil, on parlait, que elle ça le dérangeait un peu l’intitulé de l’ancien bègue, mais que, quand on est bègue, comme tu dis, on reste bègue et oui, c’est vrai que moi aujourd’hui, même si j’arrive à avoir une parole plus que fluide, je suis toujours bègue parce que je vais employer des techniques pour maîtriser ma parole.

Mais au fond de moi, je serai toujours bègue, même si je m’autorise à bégayer, même si je peux avoir une parole fluide. Et j’aurai toujours ce ressenti, ce sentiment de bégaiement ou je vais toujours me battre pour éviter l’évitement, par exemple.

Nicolas

Et je pense que plus on apprend de son propre bégaiement, pas par des techniques et aussi par l’âge, parce que plus tu vis, plus un certain recul par rapport à toi et tu prends beaucoup plus de plaisir. 

En fait, pour la parole, une fois que tu es un peu plus à l’aise, c’est un plaisir d’échanger, d’aller vers l’autre, de convaincre, de débattre.

Le fait d’avoir été bègue et être encore un petit peu, c’est ce qui fait que, comme tu n’as pas pu parler pendant très longtemps avec le jour où tu peux parler, ou le jour où on te donne un micro, une caméra.

Ou n’importe quoi, là, d’un coup tu as un peu moins peur. Et tu as surtout une envie de parler.

 

A l’enfance 

Mike    

Et tout à l’heure, tu disais que pendant ton enfance, tu as eu une enfance toute joyeuse. C’est ça ?

Nicolas

Pas tellement. Pour être un peu schématique. En fait, je ne parlais pas. J’ai commencé à parler à l’âge de trois ans tout ce qui était, tout ce qui est, ce qui est assez tard.

J’étais diagnostiqué bègue tard parce qu’à l’époque, on croit que c’était un simple retard de langage et parce que beaucoup d’enfants bégayent.

Un truc qui fait, qui parle plus et commence à dire les choses vraiment, très vite. Donc on s’est dit qu’il y a juste besoin de prendre le temps.

Mike    

C’est vrai.

Nicolas

J’ai pris le temps, je n’ai quasiment pas parlé jusqu’à l’âge de six ans et en CP une institutrice  qui me mettait au coin dès que je bégaie.

Mike

C’est énorme ça.

Nicolas et ça, c’est un truc qui te traumatise totalement pendant très longtemps et je pense qu’aujourd’hui, quand on dit ancien bègue machin, je pense que à vie, ce serait un truc qui fait qui me c’est qui me marquera.

Tu peux à mon avis ta tête à des enfants qui peuvent le vivre très mal et qui sont tués par rapport à ça. C’est ça qu’on fait déjà d’emblée. 

Tu as une institutrice qui te met au coin parce que tu as, tu bégaies. C’est un truc qui se casse. Je pense que c’était un jeu.

L’institutrice qui me mettait au coin et, tu avais les enfants qui en rajoutaient derrière.

Mike    

J’imagine oui.

Nicolas

Donc c’est toujours de la double peine et avec aucun recul par rapport à ça. Et après ? Progressivement, je me suis mis à parler parce que j’ai vu, j’ai vu des orthophonistes qui n’étaient pas spécialisés dans le bégaiement. Mais déjà, j’ai commencé à apprendre à avoir des techniques en vrai. 

Et le déclic, vraiment ? Ce qui s’est passé, c’est le théâtre. Donc, je suis au théâtre  Perpignan et en fait je suis monté sur scène, et là j’ai commencé à vraiment prendre un certain plaisir et surtout à me rendre compte qu’une fois que tu es sur scène, tu as une magie qui opère, qui fait que tu prends un risque et tu n’es plus vraiment toi. 

Tu joues un rôle le, un personnage. Et du coup, j’ai commencé à me rendre compte que dans un certain moment, je pouvais ne pas bégayer.

Le regard des autres a changé pour moi et je pense que ça m’a fait gagner vraiment énormément de temps et toutes les années de collège et de lycée. Je pense que ça, s’il n’y a pas eu le déclic là, ça a été dur.

Mike    

Tu as commencé le théâtre. À quel âge ?

Nicolas

À l’âge de dix ans.

Mike    

Et avant les dix ans. Du coup, j’imagine. Ça a été une vraie difficulté.

Nicolas

En vrai, il n’y avait quasiment pas de mots qui sortaient.   te dis, je me tapais sur le corps pour que, pour que tous les mots sortent, ce fût violent, vraiment très physique et surtout avec des enfants qui se moquent de toi aussi. 

En face, tu te vois en miroir parce qu’il y est, parce qu’il joue avec ça.

Mike    

Est-ce que tu avais demandé de l’aide, par exemple?

Nicolas

En vrai,  je pense qu’à l’époque, je n’en parlais pas.

Mike    

Un peu comme tous les bègues, on était renfermé.

Nicolas

Je prenais tout, tous les coups et comme si c’était moi. Je n’avais aucune défense par rapport à ça et je pense que des fois, quand je me remets à bégayer trop. Mais vraiment, dès que ça devient sévère.

Mais c’est beaucoup moins avec le temps. Mais si je passe une période de ma vie qui est douloureuse, je revis ça, c’est comme tu as une faille qui est encore encore très présente et ça, c’est un traumatisme qui est toujours là ?

Mike    

Est-ce qu’aujourd’hui tu dirais que ton entourage a vu que tu souffrais ou pas ?

Nicolas

En fait, ce qui est bizarre, c’est que dès que tu en parles aux gens qui t’ont connu à cette époque. Il y a des gens qui sont très, très capables de dire oui.

On comprenait, mais en fait, on participait à ça. Ça, ça faisait partie du jeu, du jeu. Et et parce qu’ils ont vu, je pense qu’ils ont vu avec le temps que j’ai changé. 

Et je pense que le fait que déjà moi je me sente plus à l’aise par rapport à ça. Je suis sorti moi-même de cette case.

C’est tant que tu es le bègue de service. Les gens, ils jouent avec la case, il faut que tu sortes  de la case, et tu t’identifies comme non bègue. Les choses sont beaucoup plus simples.

Mike    

Et comment s’est passée l’adolescence ? Ton arrivée au collège, le lycée ? Est-ce que ça s’est mieux passé que le collège ? Enfin que l’école primaire avec institutrice ?

Nicolas

J’ai quand même fait, je suis tombé sur des profs et je salue ma prof de français de troisième qui sûrement écoutera ce podcast. 

Tu as des profs   qui m’ont aidé et qui ont compris qu’en fait j’avais un besoin de m’exprimer. Ça sortait soit par le chant en musique, soit par écrit.

En français ou en histoire. Mais dès que je prenais un stylo, je prenais du plaisir.

Mike    

Tu as trouvé une alternative à la parole, mais toujours avec ce besoin de t’exprimer.

Nicolas

Avec des techniques par écrit soit des dissertations  ou  de faire un exposé devant tout le monde. Et je savais que je prenais du plaisir à faire des exposés parce que je le travaillais vraiment avant et le fait de voir que ça marchait. 

Je pense dès que je fais quelque chose, j’ai toujours besoin de beaucoup travailler pour être prêt, pour être très à l’aise, c’est d’arriver à un moment donné dans un endroit, de l’impro, d’être à l’aise. Ce n’est pas toujours évident.

Mike    

Et moi, je me souviens forcément au lycée, les oraux. J’imagine que tu es passé là aussi, t’étais passionné de français. Et d’après ce que tu me dis. Mais comment s’est passé le Français.

Nicolas

J’ai fait deux oraux de deux Français. Ça, ce n’est pas la première année, ça ne s’était pas très bien passé et la seconde oui. Donc j’ai fait. Je n’ai pas trop, pas trop compris pourquoi, je n’étais pas à l’aise avec le texte ou quoi, mais finalement ça s’est fait mieux passer à l’écrit. 

Je crois comprendre pourquoi, mais ça, c’était la première épreuve du bac. Donc il y avait un stress par rapport à ça. Ce qui est vrai, c’est quand tu es bègue. Tu peux avoir aussi de la peine, le tiers du temps en plus pour te préparer et aussi pour passer à l’oral et je pense que sans le carton, ça aurait été plus dur.

Mike    

Et pour bénéficier de ce tiers temps, parce que moi je ne sais pas à quelle époque tu as passé ton bac, il n’avait pas ça et mon époque avait le même temps que tout le monde. Et ça, c’était une demande de ta part ou c’était ?

Nicolas

En fait, c’est une prof  qui m’a dit, mais tu peux, tu gagneras, même par rapport à toi, c’est d’arriver  à une épreuve en sachant que tu as un tiers du temps, plus c’est déjà beaucoup moins stressé par rapport à ça. 

Après, tant que personne bègue qu, tu vas forcément parler plus longtemps. Donc je pense que déjà toi, tu contrôles ça. Tu dis j’ai un tiers temps. Donc c’est un prof  qui m’a dit tu te sens vraiment très libéré par rapport à cette première.

Ça, c’est que ça ne m’a pas tellement aidé parce que du coup, j’étais complètement stressé, je crois.

Mike    

J’imagine qu’à l’époque, avec le stress, ça sur ton bégaiement. Mais est-ce que tu dirais que le facteur stress amplifie largement ton bégaiement ?

Nicolas_          

Ouais.

Je pense qu’aujourd’hui c’est.

Cette question.

Là de stress que je gère beaucoup mieux aujourd’hui. Mais à l’époque dès que tu passais passer une épreuve pour le bac normal en terminale  avec toutes les épreuves écrites, j’ai stressé quand même. 

Encore un peu. Je le fais. Je ne l’ai pas eu du premier coup parce qu’il me manquait à peu près un point. Donc après, j’ai, j’ai repassé des matières à l’oral. Les choses sont arrivées naturellement que j’ai pu me poser des questions. Je répondais vraiment sans trop réfléchir.

Je pense que le fait d’être trop fatigué m’empêche de trop réfléchir et justement d’être encore plus, plus stressé.

Mike    

Est-ce qu’à l’époque tu bégayais autant avec ton entourage proche de tes parents, frères et sœurs ? Si ton âge ou des amis très proches qu’à l’école ou avec des personnes moins proches ? Est-ce qu’il y avait une variabilité de ton bégaiement ou pas ?

Nicolas

En fait, j’ai toujours eu une tendance à m’entourer de personnes vraiment proches. J’ai des cercles de potes, des groupes de potes proches. Dès le collège et le lycée, je cherche la propre protection de gens proches et avec le temps, c’est un noyau qui s’est élargi. 

Parce que tu changes de travail, parce que tu as  une vie  professionnelle, mais pas dans toutes ces années d’adolescence, c’était dur. Du coup, je cherchais vraiment un environnement qui me rassure.

Mike    

Mais j’imagine un peu comme toutes les personnes, tu as besoin d’un environnement bienveillant.

Nicolas

C’est fait. Donc du coup, tu te retrouves beaucoup avec deux ou trois, deux ou trois potes q qui te soutiennent depuis très longtemps. Le bégaiement, dès qu’il me prend par surprise, en vrai tu es  rarement en confort parce que tu sais qu’à tout moment c’est un truc qui peut arriver et qui revient.

Et j’ai tendance dès que je stresse trop, etc. en fait à essayer de déstresser les gens en face. 

En gros, alors que je suis inquiet parce que je peux pas le dire, excusez-moi je bégaie. Ne vous inquiétez pas si ça devait très bien se passer, mais je pense que ce n’est pas les autres  que je suis en train de rassurer.

C’est plutôt moi?

Mike    

Et ça par exemple, c’est quelque chose que j’ai toujours détesté. Et je n’arrive pas à annoncer que j’étais bègue parce que déjà j’avais honte et j’essaie toujours de faire en sorte que de sortir les mots. Malgré tout. 

Mais le fait de l’annoncer, j’avais l’impression que les gens, ils allaient voir que ça et j’ai commencé ça. C’est même des discussions que j’ai encore à la vingtaine.

Mais toute ma vie, j’ai eu du mal à accepter que je fusse bègue et le fait de l’annoncer pour d’autres, ce que j’ai remarqué en discutant avec d’autres bègues , c’est libérateur. Mais pour d’autres, un peu comme moi, c’était un sentiment de faiblesse. C’est en moi en tout cas. 

Donc, j’ai l’impression que j’étais plus faible. Et vu que le bégaiement a toujours mis à rude épreuve.

Donc tu veux montrer que tu es fort, mais du coup on percevait pas le bégaiement de la même façon que toi par exemple. Toi, pour toi, ça te permet d’être libéré. Moi, ça a été plutôt m’enfonçait.

Nicolas

J’ai vraiment l’impression c’est un truc qui m’aide, je ne sais pas si le gens devant moi, ça change grande chose. Mais le fait de le dire, c’est un truc qui change tout. Quand j’arrive dans une boulangerie que je ne connais pas une pharmacie que je ne connais pas.

Le problème du bègue, c’est aussi d’aller toujours dans les mêmes endroits, de ne pas prendre trop de risques. Elle est toujours parce que tu connais la Personne et dès que je ne connais pas la boulangère, je dis que je bégaie. 

Et je pense qu’il faut éviter de dire de s’excuser parce qu’on n’a pas à s’excuser d’être ce qu’on est.

Mike    

C’est vrai, c’est vrai.

Nicolas

Que je ne suis pas que bègue.

Mike    

Mais c’est un réflexe, je pense.

Nicolas

C’est un truc qui fait, qui revient. Il y a beaucoup d’orthophonistes qui te disent qu’il ne faut pas s’excuser parce que plus tu t’excuses , plus tu excuses d’êtres là, c’est un petit peu le fait de dire que tu es bègue, ça peut tout libérer. 

Après, c’est selon la personne, mais le fait de s’excuser, je pense que c’est un terrain, un peu très dangereux parce que plus on rentre là dedans, on sait ce que cela fait.

Mike    

Je suis d’accord avec toi et aujourd’hui tu vois comment tu le vis ton bégaiement

Nicolas

En fait tu as des périodes ou je m’en fous, puis je me rends compte que c’est un bégaiement qui est là, mais qui ne me dérange pas, qui peut être différent. Il est très variable, c’est ça ? Là, je te parle bien. Après, j’ai un bégaiement qui est vraiment très sévère. 

Mais tant que j’arrive à parler, tant que les mots sortent et que les gens, y compris ce que j’ai à dire parfois que je me soucie, s’il y a vraiment très peu de ça,  il y a d’autres  jours où c’est vraiment dur et chaque mot endure et tu as un truc c’est quand même dur à imaginer parce que je suis très bavard et en même temps, quand ma pensée déjà est un petit peu plus stressée.

Du coup, je vais faire attention à ce que je dis et en dire moins et à presque plus parler parce que je me dis, mais là, tu peux, tu prends un risque là-dessus, c’est pourquoi ce que tu veux, tu tentes de te parler alors que tu sais déjà que tu vas bégayer et tu te sens sûr.

Mike    

Moi, je sais que j’ai travaillé beaucoup sur ce que je ressentais quand je bégayais. Est-ce que toi, aujourd’hui, quand tu bégayes, comment tu te sens au fond de toi ? Mais quel sentiment, le premier sentiment créé et qui vient à ton  esprit, c’est quoi ?

Nicolas

En fait, je pense que le tout premier sentiment, dès que je bégaie, c’est souvent. En fait, si c’est si, c’est très immédiat, j’ai un truc à dire ? Donc tant que je n’aurai pas dit ce que j’ai à dire, en fait, je peux insister.

Mais là où j’ai changé par rapport à avant, c’est qu’avant je voulais aller insister. Mais même au niveau du vocal. 

Et ça, c’est ça un truc qui est vraiment crevant. Donc dès que je vois que sur une discussion qui j’en parle, il y a beaucoup, beaucoup d’interactions et que j’ai envie de dire ce que j’ai à dire, mais que c’est dur.

En fait, le premier réflexe maintenant, c’est d’arrêter. Tu t’arrêtes, tu recommences.  Le fait d’être toujours en lutte, c’est crevant. Et je sais qu’au plus jeune, ce qui arrive de suite, c’est.

Même le fait.

De tenter en force un truc qui ne marche pas, d’un sentiment de gêne, de honte.  Tu transpires. Et je sais que plus le même jour que je partais, je sortais de la salle.

Mike    

Est-ce que tu ressens toujours cette coupe des fois parce que tu t’es tellement accepté comme bègue ? Cette honte-là n’a plus sa place?

Nicolas

En fait, la honte que j’ai aujourd’hui, c’est vraiment de ne pas pouvoir dire ce que j’ai à dire.

Mike    

C’est plus une frustration.

Nicolas  c’est à dire que je te fais tout le film à l’envers. Maintenant, on verra. J’aurais pu dire ça, j’aurais pu sortir. Bah non, j’ai fait, je n’ai pas pu et je pense que ça, ce n’est pas le problème des bègues. 

C’est que je pense qu’une personne qui n’est pas bègue, c’est qu’à un moment donné, tu ne peux pas tout contrôler en fait. Donc c’est nécessaire. Il faut du temps par rapport à ça pour prendre du recul par rapport à ce langage. 

Mais globalement, ce qui est le sentiment le plus dur à vivre, c’est de cette frustration. Et en fait, c’est le sentiment que tu seras toujours bègue. C’est qu’en fait tu auras toujours des moments.

Ou tu ne pourras pas dire tout. C’est ton bégaiement qui peut t’interdire  de faire ce que tu as à faire, quoi ?

Mike    

Donc là, pour toi, tout tourne autour du bégaiement dans ta vie, les choix que d’aller faire, les endroits où  aller sortir et c’est le bégaiement qui prenait le contrôle sur ta vie.

Nicolas

En fait, je pense que oui, parce que j’ai mis en place tout un tas de stratégie vraiment, il y a des choses simples, mais je sais que mes parents, ils m’ont toujours un petit peu poussé. Ils ont vécu le fait de faire du théâtre, ils ont envie que claque par moment il pouvait se passer un déclencheur. 

Et tous les amis, les profs, les parents. ils me poussaient dans cette démarche ?

Mike    

Et quand tu te sentais sur scène ?

 

La scène

 

Nicolas

En fait, tu arrives avec un stress pas croyable. Si. Et je crois qu’aujourd’hui c’est un tout petit qui ne me part pas. 

C’est en fait, dès que je prends la parole au travail ou d’un lieu associatif, il y a toujours, j’ai envie de prendre la parole, donc je prends le micro, un truc le fou. Pourquoi? Je ne sais pas, j’ai un truc à dire. 

Tu peux très bien dire quand je vais arrêter un petit peu. Donc je prends le micro, je me fous d’un stress incroyable. Je ne sais pas comment est-ce que je vais arriver, par quel moyen arriver d’un point A à un point Z. 

Mais j’y vais, mais avec quand même avec une part de Stress. Donc c’est quand même assez bizarre quoi, c’est tu prends un risque et tu ne sais pas, si ça va bien passé ou pas en vrai ? 

Et une fois que je fais du taf, une fois que c’est que je suis sur scène et que j’ai pris mon espace et que je vois que je ne bégaie pas spécialement  et que ce que je dis peut intéresser les gens. Là je me sens beaucoup moins bègue et beaucoup moins stressé.

Mike    

Pour rebondir. Ce que tu dis, je remarque le mot stress. Il revient souvent dans tes dires. Est-ce qu’aujourd’hui tu penses que tu bégaierais moins si tu as canalisé ton stress ?

Nicolas_          

Ouais.

Mais en fait de faire du sport, de la relaxation. En fait, depuis les confinements.

Depuis le début du covid, je n’ai pas fait du sport. Mais je vois que le fait de reprendre le sport me permettrait sûrement d’être beaucoup plus à l’aise.

Mike    

Même tu bégayes ton bégaiement, c’est a repris un peu le dessus, c’est très amplifié depuis le confinement.

Nicolas

En dirait le confinement en moins mal.

Le tout premier communément. C’était hyper dur. C’était vraiment très violent. C’est quand tu te retrouves tout seul, en photo. Et tout ça, que du jour au lendemain, il faut que tu fasses face à ton quotidien seul et du coup, à beaucoup de questions qui arrivent.

C’est vraiment entre toi et toi.

En étant en visio.

En l’apéro Visio, etc. ou par téléphone. Donc c’était vraiment très rarement vrai. Et et tout ce manque d’interaction pour moi c’était dur.

Mike    

C’est vrai que ce que je disais aussi dans un des épisodes, c’est que moi j’ai préféré bégayer en face que par visio. Et parce qu’il y a cette chaleur humaine quand même qui, mais qui change par rapport à l’écran. 

Et du coup, moi j’ai tellement appris à connaître mon bégaiement de bégayer beaucoup plus quand j’étais assis et du coup, quand je suis debout et j’ai mes bras qui se libère, je peux accompagner un peu avec la gestuelle.

Et sinon, mais quand je suis assis, j’ai l’impression que je suis un peu coincé après chaque personne, chaque bègue est différent. Mais moi aussi, c’est vrai que ça avait tendance à amplifier le bégaiement.

Nicolas

Mais même en fait avec tous les visios qu’on prenait presque tous les jours je pense que ça va être que même pour tout le monde.

On en souffrait tous en masse. Du manque d’interaction et de Flux dont je sais ce que j’étais.

C’était alors humain. C’est un virus qui a tué tous les rapports humains.

Mike    

À la sortie du confinement. Comment ça s’est passé?

Nicolas

Et j’ai fait. J’ai acheté un vélo et il y est.

Mike    

Tu as acheté un VTT.

Nicolas

C’est un vrai vélo pliant, donc tu peux le ranger le bus, c’est fait, c’est pratique.

Ou dans le train.

Dès que tu pars en voyage.

Mike    

Est-ce que j’ai découvert ton profil ? J’ai vu que tu étais conseiller municipal. Et en plus de son travail actuel, est-ce que tu rencontres les mêmes difficultés en étant conseil municipal ?

Nicolas

C’est un exercice qui est vraiment très récent pour moi ? Je suis élu depuis trop, depuis trois ans. Donc je m’occupe des étudiants parce qu’on a fait c’une fac des droits sur Malakoff, on a d’autres écoles sur Malakoff et mon travail de depuis trois ans par rapport à ça, c’est de parler finalement assez ou beaucoup de parole pour aller voir. 

Soit les directeurs d’école, les associations, les élus, des syndicats, de voir d’autres élus. Tant qu’il y a beaucoup de choses qui ne se prévoient pas. Ma vie, c’est beaucoup d’échanges du conseil municipal, de la réunion.

Il y a. La plus importante du conseil municipal. Je crois que depuis le début du mandat, j’ai dû parler  deux ou trois fois. Mais parce que ce que je te disais plus tard, c’est que dès que je prends la parole, j’ai besoin que  ce soit le moment. 

Peut être préparé, parce qu’à tel moment il faut que je parle de tel sujet. Et globalement, ça, ça, c’est toujours stressant de parler de devant 40 personnes et je suis filmé en même temps.

Mike    

Et moi, il y a quelque chose qui m’interpelle. Tu avais choisi un métier ou tu ne savais pas prendre la parole, mais tu vas prendre un engagement en tant qu’élu qui va te pousser à prendre la parole. Et ce n’est pas paradoxal.

Nicolas

Mon tout premier métier, dès que j’étais plus jeune, c’était dans les assurances, avec l’idée que je prendrai la parole. Et j’ai fait et je fais un métier , qui m’empêche ça. C’est un choix aussi. Perso, j’ai fait, j’ai choisi ce métier là, mais avec le cadre n’est pas exactement pareil. 

Là, c’est un engagement politique et qui me parle. Le fait de s’occuper des étudiants, c’est un flux qui me fait et qui me tient à cœur parce qu’également j’étais un étudiant pauvre aussi j’étais au crous, donc sur Marseille, c’est les choses que j’ai vécues. 

Et si je peux vraiment très modestement essayer de changer la vie des gens, peut être que parce que je vais guérir un petit peu.

Mike    

Est-ce qu’en étant bègue? Peut-être que ça a créé de l’empathie, une empathie beaucoup plus forte qu’une personne lambda.

Nicolas

Oui, et je pense que c’est le fait de ne pas pouvoir dire ce que tu as à dire, c’est que tu vas t’intéresser parfois un peu plus. Tu vas laisser plus de temps à l’autre.  Le bégaiement crée les conditions pour ça.

Mike    

Est-ce qu’aujourd’hui tu dire que ta vie est un challenge ?

Nicolas

En fait, je fais, j’ai fait un job. J’ai besoin en fait pour éviter de tomber dans une tête de Routine de laquelle je ne serai pas forcément très à l’aise. Du coup, j’ai besoin de créer des marches de plus en plus hautes, mais qui me permet de me dire que ce que je ne suis pas que bègue.

Mike    

Donc tu as réussi à te construire au-delà même du bégaiement. Aujourd’hui, par rapport à ce que tu me dis, par rapport à ce que tu fais et par rapport à ce qu’on voit de toi.

Nicolas

Je pense qu’à travers au moment d’engagement les gens voient autre chose qu’une personne bègue.

Mike    

Et les gens voient les actes et les actions.

Nicolas

Le second confinement est vraiment un petit peu chargé, on était enfermé. En fait, on a mis en place à Malakoff une collecte et une distribution de produits d’hygiène parce que c’est un truc. Dont on ne pense pas,  mais qui coûte vraiment très cher, c’est que ça soit  pour les hommes et pour les femmes. 

Les produits d’hygiène coutent cher et surtout pour les femmes. Tu as les serviettes hygiéniques qui coûtent très cher et là je pense que dès que tu fais ce genre d’accentuation, tu changes la vie des gens.

Mike    

Moi, de ma vue, ce n’était pas le cas. Choisy le Roi si vous entendez ce podcast, il va falloir vous mettre à faire des écoutes. C’est super. En tout cas bravo pour ton engagement et ce que tu fais pour les jeunes étudiants. Moi pareil quand j’étais étudiant. 

Bah avec le CROUS, ça a vraiment été une aide très précieuse. Mais comment tu vois ta suite dans ton engagement politique ?

Nicolas

Ben en fait J’ai toujours envie de créer du lien entre la ville et les écoles. Parce que le problème de l’étudiant c’est d’étudier dans une ville et de vivre dans une autre ville ou de vivre dans sa propre ferme, d’étudier dans sa propre ville, mais de rester dans un réseau qui est vraiment  très étudiants et de ne pas fréquenter qui sont sur Malakoff, tu as beaucoup, beaucoup d’activités culturelles.

Mon but, c’est que les étudiants puissent avoir accès à ce qu’ils ont accès à ces lieux. En fait, non vraiment de créer des connexions pour que les gens se rencontrent, se rencontrent, se retrouvent pour rentrer en vrai.

Mike    

Là, on parle d’engagement dans une personne très engagée. En plus de ton engagement en tant qu’élu. Tu as un engagement associatif avec l’APB.

Nicolas

Et oui, oui, je suis Un Adhérent, je suis en je suis à L’APB depuis les années 90 et en bref. 

Je suis vraiment très reconnaissant par rapport à APB parce que c’est une association qui fait beaucoup d’efforts sur le bégaiement, qui fait de recherche, de sensibilisation. Et maintenant, on ne parle même plus du bégaiement, uniquement du bégaiement. On parle aussi du bégaiement masqué aujourd’hui. 

En fait, on a vraiment évolué sur toute la connaissance  du bégaiement. C’est vraiment très très sympa.

je vais d’aller dans les journées qui sont organisées par L’APB.

J’ai participé à la première édition du concours d’éloquence du bégaiement qui était organisé aussi en partie par l’APB, donc il y a toujours cette histoire de reconnaissances qui fait que je suis  toujours là, mais je ne fais pas partie du conseil d’administration parce que même par manque de temps d’être élu, c’est un truc, mais qui me prend du temps ?

Mike    

J’imagine ton travail en plus, ton engagement en tant qu’élu et en tout cas je tiens aussi à dire que je le dis souvent pour moi, APB, c’est une mine d’or. 

Enfin, moi, en tant que bègue, toutes les ressources qui font vraiment avancer le sujet, ils font avancer la sensibilisation. Et d’ailleurs je félicite et c’est vraiment important d’avoir cet organisme-là.

Un peu comme je le dis aujourd’hui, je trouve que l’État fait un peu défaut par rapport à l’engagement par rapport à toutes les ressources qui peuvent nous mettre dans la sensibilisation. Et puis, tout à l’heure, du coup, tu es enchaîné sur le fameux concours. Est-ce que tu peux nous en dire plus ? Comment ça s’est passé ?

Nicolas_

J’ai mon orthophoniste qui m’a dit : est-ce que ça te dirait de participer à un  concours d’éloquence ? Je dis non, je suis bègue. 

C’est un concours d’éloquence pour des personnes bègues, avec des cours, des professionnels du théâtre, de l’éloquence, des avocats, des orthophonistes.

Mike    

C’est un avantage. Tu as fait du théâtre ?

Nicolas

Voilà quand même. Je pense que par rapport à des gens qui ne sont pas habitués à parler et faire cet effort là, c’est vrai que finalement c’était beaucoup moins stressant. Et donc du coup, tu es  quand même beaucoup  préparé avant telle période de.

Avec des cours en Masterclass et après un concours blanc. Puis tu as le quart de finale, la demi-finale, puis la finale.

Mike    

Et comment  tu as vécu cette expérience ?

Nicolas

Au début, je pense que je suis arrivé en étant très confiant. Tu as déjà fait du théâtre ?

Non, c’est une ligne de plus quoi ? Tu peux essayer.

Mike    

Et cette confiance en a pris un coup.

Nicolas

En fait ? Oui, parce que. Parce que le théâtre et l’éloquence. C’est deux choses qui sont similaires, mais qui ne sont pas pareilles.

Mike    

C’est deux voisins, mais chacun a sa propriété.

Nicolas

Enfin, tu peux parler de beaucoup de sujets, mais tu reviens beaucoup, beaucoup, beaucoup à toi aussi. 

Donc , il y a un milieu à trouver. De fait, ce serait beaucoup plus percutant. Donc tu parles dès que tu défends un sujet, si tu mets un.        

Petit peu de toi.

Mike    

Est-ce que le fait de ce que tu dis, c’est très intéressant ? Parce que dans l’éloquence, forcément, ça va revenir à toi. 

Est-ce que le fait de parler de toi, ça te dérangeait, le fait de revenir à toi ou est ce que c’est le toi que tu veux oublier ?

Nicolas

En fait, je le vois avec tout le concours blanc et même le quart de finale. Je suis arrivé à un moment, comme j’étais vraiment très stressé avec le regard qui était vraiment très fuyant, très concentré sur mon texte, très peu sur les gens autour. 

C’est vraiment, c’est une espèce de bulle et un plaisir faible.

C’était plutôt une tonne de stress et plus c’était dur. Et en fait, j’ai réussi cette épreuve dans le quart de finale et là il y a eu un Déclic. C’est et ce mouvement, c’est ça qui fait qu’il y a un déclic.

Mike    

C’est quoi ce Déclic ?

Nicolas

Le fait de de Voir  que j’ai pu y arriver.        

C’est à prouver que c’était possible.

Oui, oui, c’est ça non été très content d’être là. Je pense que j’étais. J’étais content d’être là avant.

Mike    

Vous ressentez de la fierté ?

Nicolas

Oui, c’est ça, c’est. C’est que tu te dis oui. Si c’est possible de faire un truc qui était peut être dur au départ, que je n’avais pas imaginé que c’était aussi clair.

Mike    

Est-ce que tu penses que quand tu vis une situation comme ça, ça rebooste la confiance ? Est-ce que le fait de reboosté ta confiance et ça aide à moins bégayer, à mieux le canaliser ou aussi à exprimer.

Nicolas

Simplement pour porter la voix c’est un pas de  de fou, de parler fort, de parler à une salle, de parler à du monde. On arrivait en finale, on était devant, je me rappelle plus.on n’était peut être devant 300 personnes. 

Et là, il faut que, tu étais obligé d’avoir un peu confiance, sauf si c’est une confiance qui n’est pas naturelle.

Mike    

Et tu n’arrives pas en finale. Sans confiance en toi quand même.

Nicolas

C’est quand tu sais que c’est possible et tu sais que tu as les ressources. Donc si tu arrives en finale, à faire, tu n’as pas compris pourquoi ? 

Parce que c’est arrivé vraiment très vite. Mais tu, tu gagnes         

en confiance, vraiment, de façon très progressive.

Mike    

Est-ce que tu as gagné ?

Nicolas

Eh bien, j’aurais aimé. Mais non.

Mike    

Est-ce que tu es triste ?

Nicolas

Non, parce que. Parce qu’en fait le. Parce que le Discours de la gagnante a été fort. Et puis surtout parce que c’était vraiment une expérience.

Active.

Mike    

Et individuelle.

Nicolas

Vraiment, ça ? Tu partages  un truc fou. C’était le premier concours au monde pour personne. C’est arrivé, on était cinq ou six, qui arrive en finale. C’est fou et je pense que c’est cinq ou six. On est proche, on est assez proche parce qu’on a créé ce lien très fort et c’est ce qui fait que tu retrouves les mêmes personnes dans.

Dans L’organisation du concours d’éloquence, du bégaiement et qui maintenant et en est à sa troisième saison sur Paris et qui est aussi sur Nantes et aussi sur Lyon. Et puis, je ne dis pas souvent, je crois, mais je profite d’être devant ce micro que j’ai eu une admiration par rapport à lui. 

C’était quand tu es bègue et tu dis je veux un concours ou d’autres personnes bègues vont pouvoir avoir droit à des cours ou pouvoir faire un concours. Et ce n’est pas uniquement un concours parce que tu as beaucoup de concours d’éloquence, d’écoles de commerce, de droit, et cetera ou là vraiment c’est fait. Tu rentres déjà dans une démarche qui fait.

On a chacun d’autres singularités en d’être bègue et on va chacun mettre notre couleur qui rend vraiment très différentes et tu te retrouves en finale avec des gens qui fait, qui ont, qui ont eu le même parcours trois fois pendant ce concours, mais qui ont des choses à montrer aux gens. Te dire quoi ?

Mike    

Moi, je pense qu’il m’avait dérangé à l’époque. C’était le mot concours. Et là, je lui avais dit ouais, mais le concours pour moi, c’est vrai que quand j’entends concours et gens qui s’affrontent, un gagnant en perdant, etc. et moi en tant que bègue avec tout ce que j’avais déjà, le bagage émotionnel me dit s’il fallait se battre avec d’autres bègues, etc., je trouve ça un peu gênant.

Là, au bout de trois éditions, même par rapport à ce que tu dis, c’est non parce que tu as dit quelque chose, qui est qui et qui a fait vrai que c’était d’abord une expérience collective et c’est ça. 

Du coup, en soi, il n’y a pas de gagnant. Non, il n’y a pas de perdant. Tout le monde y gagne parce que c’est le moment que vous vivez après le finaliste ?

Oui, d’accord. Donc c’est un titre. Mais je pense que tout le monde a gagné le fait de vivre cette expérience-là. 

Et c’est vrai que quand tu entends le mot concours, c’est parce qu’on nous est habitué dans la vie. S’il y a un gagnant, forcément, et un perdant, alors que là, moi je trouve que tout le monde gagne.

Nicolas

Et surtout que même les gens qui ont été, qui n’ont pas passé le premier cours parce que tu sais, qui avec qui viennent une fois, qui viennent à un cours, c’est qui sont intéressés par ce qu’il se passe. 

Mais de là à faire le pourquoi, tu es une vraie démarche et je pense qu’à chaque étape que tu t’arrêtes au tout début ou au quart de finale, en fait que tu as, tu es tu, tu as pris un risque et je pense que tu n’as pas forcément besoin d’arriver en finale ou de gagner le facile.

Je pense que c’est ça un concours qui est quand même plutôt bien pensé par rapport à ça. C’est que n’importe qui ou tu t’arrêtes, tu auras appris beaucoup sur toi et finalement aussi, même si tu me parles de concours dedans, c’est en fait vague. C’est une part de Défi qui est aussi importante. 

Après un fil, un filet en dessous qui permet, on va se dire qu’on est tous déjà. Donc tu as des orthophonistes qui vont te donner des techniques ou des profs, tutu, tu en retirera toujours un truc. 

Et je pense que le nouveau qui arrive sur les éditions qui ont suivi et qui vont arriver en fait le fait d’avoir vu tous les candidats avant de voir ça, toutes les autres éditions, toutes les vidéos, c’est pas mal de se dire que c’est possible.

Mike    

Et si tu devais dire un mot à tous les bègues qui hésitent encore à participer à ce concours, qu’est-ce que tu leur dirais ?

Nicolas

Ben, on va être là. Je te jure que je leur dirais que c’est face de toutes les personnes que je connais, qui ont fait ce concours. Même des gens qui parfois très timides. Quoi. Je ne sais pas, je pense à d’autres personnes en tête. 

Mais qui en fait, tu veux vraiment un vrai changement ? C’est des gens que je connais depuis dix ans et qui ont.

Et qui ont changé. Quand tu vois, tu te rends compte que tu peux le faire. Et et ça, ça fait ce qu’on a là. Je pense qu’il y a un.

Avant et un après. C’est qu’au début tu doutes, tu dis, mais pourquoi est ce que je suis là ? Et une fois que tu aimes, tu es content ? Et je pense que ce concours-là permettra certainement de changer le regard du bégaiement et même le poids des personnes bègues. 

Je pense qu’un enfant o un enfant aujourd’hui ou un ado. Qui bégaie beaucoup et qui voit d’autres personnes qui prennent le risque. Voilà, c’est fait dessus. Je pense que ça montre qu’on peut vivre aussi avec.

Le bégaiement.

C’est rare, même si tu, tu peux être, mais au moins tu peux imaginer que tu peux. Tu peux progresser.

Mike    

Et comment tu me sentais sur scène à chaque focus, à chaque fois que tu montes sur la planche.

Nicolas

En fait, au début, c’était du stress permanent et les mains moites. Et si tu peux, trop dit ton texte en tête, en boucle.

Mike    

Est-ce qu’à un moment tu t’es libéré ? C’était son équilibre.

Nicolas

C’est en finale. Je pense que là, du coup, je mettais beaucoup de moi. Je parle de,  de mon grand-père bègue. Je faisais un peu le lien entre les deux et c’était vraiment un fait. J’avais un truc urgent à dire et là, tu es dès que tu vois en fait que tu crées un lien entre toi.

Et les gens, c’est que tu sais faire rire ce que tu veux. Tu peux, tu peux toucher par rapport à ton expérience, etc. C’est là que tu fais, tu ? Je pense qu’à chaque fois, en fait, ce qui se passe, à chaque concours, ce que j’ai pu faire, c’est que j’ai vraiment lâché.

Mike    

Le lâcher-prise.

Nicolas

C’est ça.

Mike    

C’est important de lâcher prise.

Nicolas

J’ai fait, j’ai fait juste, je me suis rendu compte que c’est dur et que je fais jouer le faire. Il y avait un besoin de le faire et que trop de personnes . Mais tu arrives et tu lâches.

Mike    

Est-ce que tu dis que c’est ça qui t’a donné envie de participer au grand oral.

Nicolas

Ou j’ai envoyé un mail pour candidater pour le grand. Parce que.

Mike    

Qu’est-ce qui t’a pris.

Nicolas_          

En Fait ? Et certainement que c’est fait ? Je.

Mike    

Mais là, on est sorti du cas du bégaiement. Avant, c’était un concours sur des personnes bègues et là tu t’es dit je vais participer à un grand oral, mais il n’y aura pas que des bègues.

Nicolas

Et c’est ça. Mais en fait pas une première édition  d’une école de sourde et il le fait d’être fort et de parler en public. 

C’est aussi assez tout, tout, tout, tout, tout. Ainsi. C’est dur, mais en fait le. Le fait d’être arrivé en finale de la première édition du concours d’éloquence du bégaiement avec.

Je me suis dit tien, gros, tu sais, tu vas faire ce que tu veux, envoyer ton mail et puis tu verras.

Mike    

Et comment tu t’es senti quand tu as cliqué sur envoyer, c’est trop tard ou pas ?

 

La TV

Nicolas

Ah ouais c’est ça, mais en fait c’était vraiment besoin d’y aller. Ils prennent ou pas ? , tu fais le truc genre trois jours après qui m’ont dit oui. Est-ce que tu peux envoyer une vidéo, puis apprendre à retravailler cette vidéo plusieurs fois, plusieurs fois. 

Ils m’ont dit qu’ils me prenaient parce que en fait, au-delà du fait d’être bègue, ils sont dire que j’avais des choses À dire donc en fait  j’ai été pris très très rapidement. 

Et après c’est ce même texte-là que je vais apparaître au grand oral.Qu’est-ce qui a fait qu’il a évolué avec plusieurs versions.

Mike    

Est-ce que j’ai eu des moments de doute durant le processus de recrutement et avant de passer sur scène ? Mais comment ça s’est passé ? Comment tu as vécu tous ces moments ?

Nicolas

En fait, c’est un peu pareil, même si ce n’est pas beaucoup pour les bègues. Du coup, c’était vraiment une émission un peu particulière de.

Mike    

Ce que ça passe à la télévision. Concours d’éloquence n’était pas le cas et donc il y a quand même un niveau de stress ou de visibilité que.

Nicolas

Après c’était encore un autre truc. C’est là ou tu te dis il a été un enfant bègue avec toute la douleur que ça fait tout le stress. Et ça, ça régénère. Mais en fait, depuis tout, je suis  dans le petit écran. 

J’ai toujours été atteint. Une fois que je suis arrivé à Paris, il y a à peu près 10 ans, j’allais dans tous les publics d’émissions de télé, de politique.

D’ailleurs, tu viens d’un certain trip  pour de la politique et du coup c’était vrai, ça c’était une chance. Je me dis tien, si près, tu pourras passer à la télé et parler de ton parcours en fait.

Mike    

Donc si on regarde les archives de l’INA, donc j’imagine qu’on va te voir souvent dans les publics des émissions qui sont faits.

Nicolas

Tu prends tout ce que je dis un petit peu intelligent chez le grand toi. C’était animé par.

Laurent Ruquier, mais je pense qu’il ne le fait pas. Mais j’étais dans beaucoup de public  avant.

Mike    

Du coup, avant, on était dans le public, il a été sur scène. Est ce que c’était un sentiment de fierté forte de dire que ça y est, on va pouvoir me voir à l’écran. Et c’est aussi une façon de faire rayonner le bégaiement aussi pour toi.

Nicolas

Eh oui, mais en fait le plus gros, je pense que dans ma vie, c’est je fais ce que j’ai un but derrière, tout le monde mon but en passant, a t il lancé. C’était de rassurer cet enfant-là qui rêvait de passer à la télé. C’est un truc un petit peu dormant qui, très basique.

Est aussi le truc de Ben.

Le fait d’être là et de parler de son parcours et d’arriver à dire son discours. J’écris, ces trois discours. Je sais que j’ai été viré dès le premier tour. Je suis quand même passé à 21 h 10 sur France deux, à 1 h de grande écoute. 

Donc je pense qu’ils ont pris un risque déjà eux-mêmes en de me faire passer en prime time une personne bègue.

C’est pas toujours simple à écouter et donc du coup mon but en participant à cette émission, c’était de donner un Signal et de parler à Lui ou À tous les enfants bègues qui étaient devant la Télé et qui se sont fait tuer. 

Tu bégaies aujourd’hui, mais un peut être toi aussi tu fais, tu fais, tu pourras faire faire c’était qui était mieux. Ils sont là en vrai.

Mike    

Et ce que j’aimerais savoir également, c’est si tu as eu des techniques pour te préparer, par exemple, avant de monter sur scène ? Mais qu’est ce qui s’est passé ? Est ce que tu as fait de la méditation, de la relaxation ? 

Est-ce que tu as repris des cours d’orthophonie ? Un coach, mais comment ? Comment ? Aujourd’hui, quel était son entraînement avant de monter sur scène ?

Nicolas

En fait, j’ai quand même vu mon orthophoniste  deux fois par semaine.

Mike    

Donc c’était vraiment pour s’entraîner. Donc tu savais qu’il.

Nicolas

Y avait une part de stress de ça. C’est un vrai enjeu, un enjeu qui était vraiment très maîtrisé aussi parce que tu as une orthophoniste qui est là, mais toi aussi tu as aussi.

Des Coachs aussi. Tu as des gens qui te qui qui préparent pour réussir ton texte. C’est ton texte. 

Mais on te donne des techniques ou on essaie de te montrer comment est ce que tu pourrais donner un peu plus de force à ton discours. Il y a aussi des techniques pour le dire devant tout le monde.

Mike    

Et là, tu parles d’orthophoniste, là c’était ton orthophonie, c’était pas l’orthophoniste de la prod. Oui.

Nicolas

C’était mon Orthophoniste qui était vraiment présent dans son cabinet.

Mike    

Un peu comme une star. Tu viens avec ton équipe préférée.

Nicolas_          

À parce qu’en fait le problème c’est que dès que je me retrouve dans un état de stress, croyez-moi, je peux d’un coup. Ne Plus arriver à parler. Après, c’est une émission qui est et qui fait, qui n’est pas en direct, qui en fait ce que j’ai fait, je la poste. Il m’a vraiment, vraiment, beaucoup, beaucoup rassuré. Pas par rapport à ça. 

Il m’avait dit quand on pourrait faire un petit montage ou qu’on pourrait que si je me plante, que je pourrais refaire  et ça, c’est pas uniquement pour moi, ça s’est fait, je n’ai pas fait un caprice  par rapport à ça.

Mike    

en direct. Est-ce que tu l’aurais fait ?

Nicolas

Je pense ?

Nicolas

C’est à quand même un stade, tu ? Tu tente des trucs ? Des fois.

Mike    

Des trucs assez fous.

Nicolas

Assez fous, sérieux. Et c’est vrai que tu te poses la dalle. Tu y es, tu es à quatre minutes de cette émission, tu as des potes qui sont dans le public et je m’étais débrouillé pour qu’il soit un petit peu partout.

Mike    

Et pourquoi.

Nicolas

En fait, c’est une scène ronde. Mais non, quand tu as chaque personne qui est a un coup sur deux claques, tomber sur un pote, c’est sur mon oncle et sur ma tante et Mon Orthophoniste ou des membres de L’association Parole bégaiement. 

Donc tu sais même si tu vas te planter un peu dur, tu auras toujours

Tu auras un regard bienveillant.

Mike    

Et si tu tombes sur l’instituteur ou l’institutrice qui t’avait puni quand tu étais à l’école, ocmment tu auras réagi ?

Nicolas

Et en fait que je pense en regardant les caméras un petit peu partout ce plan qu’elles sont plus ou moins visibles. Mais à chaque fois que je regardais une caméra par hasard. 

Je me disais pour cette, c’est un discours qui a duré pendant trois minutes, mais je me disais Tiens, si tu parles à cette institutrice, à cette personne qui en fait, dès que tu te mets à l’aise, la présence de cette caméra te permet de passer un message à une personne qui va tomber là, tiens, et puis à un tel ça, après, c’est pas à ça.

Je te dis ça aujourd’hui que je n’ai pas pensé.

À À tout ça à ce moment-là, mais je pas que le fait d’être filmé ne s’était pas fait, qui me dérange.

Mike    

Est-ce que c’était une revanche à la vie ?

Nicolas

Je suis sortie de là, donc j’ai de ce discours qui aurait duré trois minutes avec des membres du jury qui étaient très connu avec Maître Moretti, avec Isabelle Nanty, Laurent Ruquier. 

Des gens, que tu voyais à la télé et le fait que d’avoir réussi à dire ton discours, c’était un discours qui était dur.

Mais tu es à un moment donné ou tu parles de toi, de ton enfance, de toutes les brimades que tu as vécus et claques, tu arrives à faire rire. Donc c’est un risque qui est programmé en si tu as écrit deux ou trois blagues .

Qui étaient très présents. Et je suis sorti du plateau un très très très léger et je pense que peu après, j’étais éliminée du premier tour. Mais j’ai beaucoup pleuré et je n’étais pas prêt pleurer. Et ce pas des larmes de vraiment de tristesse quand même. C’est juste.

Mike    

L’émotion.

Nicolas

C’était tout ce que ce que ce que j’avais gardé en moi depuis tellement de temps. C’est qu’en fait, là-dessus, tu te dis les choses. C’est un discours qui a été écrit, qui a été pensé. J’ai fait un vrai effort pour dire ça et était fier. C’est un mélange de fierté, de.

Mike

Wow et la pression qui tend aussi.

Et c’est ce que j’ai passé. J’arrive pas qu’en faisant très d’exigence parler, je connaissais tous les discours des uns et des autres, donc je n’ai pas tout aussi suivi le concours. Mais j’étais dans une bulle. En fait.

Mike    

Tu avais peut-être la force dans un état second aussi ou assez.

Nicolas

C’est ça ?

Mike    

C’est pas que tu planais un peu avec le plaisir. La joie, c’est l’émotion, c’est un truc.

Nicolas

C’est vraiment s’effectue tu ? Tu reviens sur ce que tu as, un film qui se passe à tous les flashback. Qui qui arrive. Je te cache pas. J’ai quand même écrit pas mal de discours pour ces concours et je voulais arriver.

Un but que j’ai fait un concours avant et je voulais gagner. Et puis j’ai perdu, mais j’ai perdu. Par rapport à quoi ça tombait ça ? Je le fais d’arriver en finale. Il ne m’aurait pas fait.

Ou beaucoup plus Heureux. C’est simple, il m’a vraiment fait un bien fou.

Mike    

J’ai déjà gagné parce que tu as participé.

Nicolas

C’est fait. Je pense que je peux en parler à mes amis, à mes enfants et petits enfants. Mais un truc vraiment qui change Et le regard des autres de mes Parents, de mon frère, c’est de.

Et de mon entourage, de Mon grand-père qui a été bègue vraiment autant pendant toute sa vie et qui fait une grosse partie et qui et qui a vu cette émission ? Et c’est lui parler tellement , à mon grand-père et je.

Mike    

Est-ce que tu est-ce que ton passage était vu par tes collègues de travail par exemple ?

Nicolas

Alors oui, peut être que je sais que j’en ai aussi beaucoup parlé ici à mes collègues, parce que j’avais besoin d’une fierté à ceux que j’ai vraiment soulé est un truc qui est bizarre, c’est que tu sors cette émission un peu tout le monde, tu as vu Même dans le métro. J’imaginais que les gens qui me voient.

et au boulot à ceux qui m’ont parlé. Mais je me remontre naturellement. Je t’ai vu à la télé, mais en règle, tu sais que je sais que j’en ai parlé à personne en masse, que j’ai fait. J’ai fait tous les. 

J’ai préparé cette émission. Soit il y a des gens à qui j’en ai parlé, deux ou trois jours avant, et ils n’étaient pas au courant.

Soit, c’est des gens qui l’ont vu. On sait qu’ils ont vu la télé, qui m’ont appris de quoi donc tu as, tu as fait un truc pendant un mois. Ça, c’était moi les autres. Mais c’est ça qui fait qui ce chauffage ? 

Tout ça, ça le le fait d’avoir dit des choses qui étaient vraiment très personnelles s’est fait dessus. Ça change. Et dans mon jeu.

Mike    

Et c’est vrai que, en parlant donc le fait de se confier de façon personnelle, même moi aujourd’hui en faisant le podcast dans les premiers épisodes ou je me confie sur mon enfance, ce n’est pas des trucs que je raconte à tout le monde et forcément c’est comme si je me mettais un peu à nu. 

Et au début, ça m’a fait bizarre et je me souviens, quand je l’ai écouté la première fois, je me sentais pas bien parce que ça me fait revivre un peu certaines émotions, tout ce que j’ai traversé, donc je sais pas si, si.

Pour toi, ça a été le cas. C’est qu’après que je me suis senti un peu plus libre, je me suis dit bon, la douleur que j’ai, c’est une façon aussi pour moi de la libérer, puis de la partager avec d’autres bègues qui ont eu un parcours similaire.

Nicolas

J’ai revu la vidéo du grand oral et c’est un truc qui a deux ou trois ans et qui tombe vraiment pile. Quelques jours avant le tout premier confinement donc, du jour au lendemain, tu as tout le bénéfice que tu as eu de ce défi tombe un petit peu, parce que du coup, tu ne peux pas remonter sur scène. 

J’ai fait, j’ai et là aujourd’hui je fais, je repasse ce discours et je dis,  ce n’est pas moi, parce qu’il s’est passé tellement de choses entre temps. Et surtout, tu te dis c’est quand même dur d’arriver à dire des choses et parler d’institutrice qui te met au point de dire à la télé, je suis fière de l’avoir fait, mais le fait de me regarder, je me dis c’est pas moi. En fait.

Mike    

Et si tu avais cette institutrice en face de toi, qu’est-ce que tu lui aurais dit ?

Nicolas

Je l’aurais dit, tu vois que je suis capable, tu me mettais au point. Mais peut-être que le fait, qu’elle me met au coin, c’est un truc qui m’a donné envie de faire plus. 

Parce qu’une fois que tu es tombé vraiment très bas, tu as tout le monde qui te regarde un petit peu bizarrement parce que tu es trop différent. Et après, tu prends confiance en toi et ça, je pense que j’ai envie de lui dire que tu ne m’as pas détruit. C’est ce qui me rend encore plus fort.

Mike    

Plus fort que tu l’étais déjà.

Nicolas_          

Ouais. Mais alors peut être que j’étais déjà fort à l’époque, mais que je me rendais pas compte, et tu as tout un tas de choses qui m’ont montré que je peux le faire.

Et j’encourage vraiment les personnes bègues à faire du théâtre parce qu’il se passe un truc.

Mike    

Et une magie.

Nicolas

Ouais

Mike    

Mais qu’est-ce qui t’a pris d’accepter l’invitation dans cet épisode de Noir et bègue ?

Nicolas

En fait,  je suis tombé par hasard parce qu’en fait, je suis dans un groupe de personnes qui ont participé au concours d’éloquence du bégaiement. Et en fait, c’est un podcast vraiment sur le bégaiement avec une personne qui a été bègue. On dit déjà que c’est un exemple.

À mon avis. Pour beaucoup de personnes,  et surtout en fait je suis tombé sur un épisode qui me parle dès que tu parles de  ton quotidien. 

En fait, le premier mot que tu vas dire dans l’ascenseur, c’est le mot qui est dur à dire, dès que tu rentres en contact avec quelqu’un et que tu dis bonjour C’est dur parce que, ce mot, il sort soit pas parce que tu n’as pas d’autres mots. En fait, c’est ce mot-là qui fera que tu vas passer pour quelqu’un de sympa ou une personne fragile. Oui.

Mike    

Mais des fois après on finit par s’habituer.

Nicolas

Et heureusement qu’au bout d’un moment,  tu connais un petit peu les gens ? Donc, si tu n’arrives pas de dire bonjour, bah tu fais un grand sourire parce qu’ils sauront ce jour là  tu n’arrives pas à le dire. 

Mais c’est vrai que le premier moment ou tu rentres en contact avec quelqu’un, ce n’est pas évident et pareil tu parlais de ton expérience, dès que tu vas dans une Boulangerie et que tu as vraiment un temps très court là-dessus, tu vas vers une boulangère et qui sait déjà ce que tu vas prendre ? 

Presque, elle va dire, si tu n’arrives pas dire le mot. Ce n’est pas parce que tu vas te proposer du pain c’est toujours un truc, non ? Et je pense que tu peux que le problème des bègues, c’est de ne pas forcément arriver à dire non, toi tu ne veux pas ça, toi tu rentres parce que tu veux, parce que tu veux un croissant et ce croissant est dur à dire.

Tu veux une baguette, et ton but c’est ça et tu n’as pas envie de sortir avec un autre truc, c’est ça en fait. Moi je sais que pendant très longtemps je ne disais pas ce que je voulais et du coup, je disais oui à tout.

Mike    

Moi, c’est pareil au restaurant, je commandais le plat le plus facile à prononcer parce que je bégaie déjà même avant d’avoir prononcé, parce que dans ma tête, je lui ai dit Ah non, lui il a l’air trop compliqué. 

Ou sinon je disais moi aussi qu’on est avec d’autres personnes, genre la même chose. J’ai toujours vécu un peu dans toutes ces situations d’échappatoire et ça, ça fait grandir en moins de frustration énorme.

J’avais l’impression de vivre une vie qui n’était pas la mienne ou de faire des choses que je ne voulais pas. Et c’est que j’ai été deux entre le moi qui voulait pas et le moi qui de toute façon, tu n’as pas le choix, prend ce que la vie te donne et après, avec le temps, c’était d’arriver à inverser ça.

Si je veux un pain au chocolat, je dirais pain au chocolat, quoi qu’il en coûte, je ne vais pas dire croissant, je ne vais pas dire pain de mie ou tout ce que tu veux, je veux dire pain au chocolat, ça sera pain au chocolat. 

Et c’était de prendre cette décision qui pour moi était un peu difficile, même si je bégaie, peu importe le prix, je vais dire ce que je dois dire ou je veux avoir, ce que j’exige.

Nicolas_          

Et C’est ça, c’est vrai de ne pas porter les vêtements que la société te demande de porter.

Mike    

Ce n’est pas évident.

Nicolas

Et en fait, le fait de moi je veux être habillé comme ça, je veux manger ça. Et je sais que dès que je suis arrivé à Paris, j’ai vécu un petit peu ça entre temps. Mais dès que je suis arrivé à Paris, j’allais beaucoup plus chez McDo parce qu’à McDo, tu peux dire moi je veux, tu en fais, tu montres le Big Mac, donc il est là, il est présent. Ce que tu veux, c’est ça. 

Même Big Mac, c’est dur à dire pour une personne bègue. Tu veux un big Mac  parce que tu as un dessin. Et McDo, pour les bègues, c’est quand même pas mal par rapport à ça.

Mike    

Et maintenant tu as les écrans, tu peux  commander directement sur les écrans.

Nicolas

Tu as quand même une société qui est de plus en plus faite pour les personnes bègues. C’est vrai que maintenant, tu peux acheter tout sur Internet ? Tu peux envoyer des mails et en plus tu as le PDG de Doctolib qui est aussi une personne bègue qui a créé une appli, qui est vraiment révolutionnaire qui nous a permis de faire une première dose, une troisième.

Mike    

Et moi, je pense que la technologie aujourd’hui, c’est un peu à double tranchant. C’est vrai que moi il y a 20 ans, j’aurais aimé avoir des applications ou par exemple pour commander au restaurant, je sortais Uber eat, donc c’est beaucoup plus simple que d’aller par téléphone pour commander ta pizza. 

C’était impossible pour moi, mais est-ce que tu ne penses pas que le fait d’avoir toutes ces technologies va pouvoir participer à d’autres bègues, de se renfermer davantage et du coup moins d’interaction et moi en tout cas, je pense que ce qui m’a aussi aidé, c’est de sortir de ma zone de confort.

Donc j’ai du mal à parler un peu comme toi, mais je vais sortir. Je continue à parler alors que si j’ai tout apporté d’un clic, peut-être que je m’isole davantage.

Nicolas

Je suis vraiment d’accord avec ce que tu dis, c’est que par exemple dès que je sens que je n’arrive pas à parler, dès que je retombe dans cette histoire de bégaiement. Machin, genre même mes proches, je peux plutôt facilement envoyer un message SMS ou envoyer un mail… 

Il y a la démarche de prendre le téléphone. Et puis tu es crevé, tu as fait une Journée de travail. Je sais que le soir, des fois, je n’ai pas envie de parler et souvent les gens qui m’appellent, i tu as toujours envie de parler, toi ? 

Ben non, je suis crevé. Et surtout parce que le fait de bégayer, c’est un truc qui est vraiment crevant et qui en fait qui t’épuise très souvent Et je suis épuisé, ce que j’ai fait un effort vraiment incroyable.

Mike    

Est-ce que je disais ? Pour moi, le bégaiement, c’était physique, physique, physique et mental, mental, mental, parce que c’est à la fois physique, parce que j’ai mes branches que je bloque. 

Il faut sortir les mots. Je me bats et  mental, parce que j’ai tous les traits, toutes les émotions à gérer. J’ai mon débit à gérer. J’ai ma psychologie même aussi à gérer, donc moi ce que je disais dans un épisode, moi je rentrais à Paris, mais j’étais rincé.

Nicolas

Et ça, je pense que c’est vrai qu’il fallait que les gens qui voient les personnes dès qu’elles sont crevées. Moi le dimanche pareil, c’est impossible. Des fois, je ne vois personne, mais  pas parce que je n’ai pas envie. C’est qu’en fait le simple fait d’être entre soi et soi, quoi.

Et ça, c’est se promener, de prendre son vélo, de couper. Parce que le quotidien d’une personne bègue, c’est quand même dur, ce n’est pas simple. Tu passes par des moments ou tu vis très bien le fait d’être bègue, tu n’y penses même plus et inversement. En fait, des semaines qui sont dures à vivre.

Mike    

Aujourd’hui, tu dis que le bégaiement est toujours difficile à vivre pour toi, malgré le fait que tu l’as accepté ou pas.

Nicolas

Ouais, ca en fait, il y a une période ou les choses sont dures. Je ne peux même pas te dire pourquoi ça, c’est un simplement peut être que tu as un changement par ci, par là et ce que tu souhaites qui changera un peu dans tu n’es pas forcément très à l’aise, mais du coup, je pense qu’avec le temps et qu’avec l’âge, avec les techniques, avec tous les défis que j’ai faits. 

Je suis quand même beaucoup plus à l’aise et beaucoup confiant ce que je fais, j’imagine que ma vie dans les six prochains mois est beaucoup plus comme un truc qui fait peut être beau, alors qu’il y a des moments ou quand j’étais vraiment triste, tout paraît dur. Tu ne peux pas imaginer de ce que tu vis ton moment vraiment aujourd’hui et demain c’est.

Mike    

Loin.

Nicolas

C’est tellement loin.

Mike    

Est-ce qu’aujourd’hui tu diras que tu es heureux ?

Nicolas

Je pense, après avoir fait une définition du bonheur qui peut changer. Mais je pense qu’aujourd’hui ça ne joue pas les choses avec un peu plus de philosophie ça.

Mike    

Donc on peut être bègue et heureux.

Nicolas_          

Ouais, en fait même si les choses sont difficiles. La vie, parfois, ça glisse et tu vois les choses un petit peu dans son ensemble. Tu dis que globalement, ça ne se passe pas si mal et que tu serais prêt à relever d’autres défis, même si ça sera dur. 

Mike    

Donc tu es prêt à relever d’autres défis. Est-ce que tu serais prêt à refaire un concours d’éloquence, un grand oral.

Nicolas_          

En fait, je vais entrer un petit peu plus dans l’arrière soit avec des coachs, et c’est ce que je fais déjà  sur la seconde édition et maintenant un peu un petit peu moins avec le temps. Mais ça, je suis toujours présent derrière soit pour donner un conseil, soit justement pour être là. Et je pense ce que je vais faire, c’est prendre des codes d’éloquence.

Tu as le code  de l’art oratoire qui est sur Paris et tu as des cours qui sont personnalisées.

Mike    

Avec Stéphane André. Oui, j’avais eu l’occasion de faire ces masters classes pendant plusieurs années et du coup c’était une fois par mois et j’allais écouté les personnes sur scène et je me souviens un jour, il y a quelques années, j’étais monté sur scène, pas monter sur scène aussitôt, mais j’avais vraiment eu besoin d’apprendre, d’analyser. Et c’est vraiment une très belle expérience.

Nicolas ‘Jai eu le Chance. Il y avait un cours avec le concours d’éloquence du bégaiement. 

C’est avec Stéphane André qui, au-delà d’être un prof de théâtre, a été une personne qui te donne des pleins d’astuces qui te permet de toi, de prendre conscience de ton souffle, de comment est ce que tu te tiens. 

Comment  tu te prenais par rapport aux autres et un discourt en étant fluide, c’est aussi un discours ou tu te dis un droit.

Mike    

La posture.

Nicolas

Et en fait, c’est important de mettre en valeur ça aussi en partie par le corps.

Mike    

Et c’est un excellent prof en tout cas, et ces conseils m’ont été vraiment d’une aide précieuse. Est-ce qu’aujourd’hui, as-tu des projets liés au bégaiement dans l’avenir ?

Nicolas

Ah ben, soit avec l’APB, soit avec des personnes qui seraient d’accord pour le faire, soit en tant qu’élu en fait, ou pourquoi pas les jeunes en fait, c’est ce que je voudrais, ce serait de faire de la sensibilisation sur les handicaps qui sont non visibles. en fait le bégaiement a une partie qui est visible, une partie non visible

Mike

Iceberg.

Nicolas

C’est ça. C’est en fait ça. C’est ce qui permet quand même de quelqu’un n’est pas bègue et ne sait pas beaucoup, beaucoup d’émotion ou de stress qui fait que tu es planqué. Le fait que tu ne puisses pas dire s’il y a certains mots et ça j’aimerais parler du bégaiement, mais aussi des personnes qui  ont des troubles de la tension et de l’hyperactivité. 

Ça, c’est des choses dont on commence à parler aujourd’hui, mais qui étaient présentes avant et qui en fait c’est tous ces handicaps qui sont moins visibles et je crois qu’en handicap actuellement, il y a beaucoup plus de handicaps qui sont invisibles que de handicaps qui sont visibles, ce qui est très modestement je peux mettre en place une formation de sensibilisation soit dans ma ville, soit par l’APB.  

Mike    

En tout cas, je t’encourage. En tout cas je t’encourage énormément. Donc bravo et bravo pour ton énergie et pour ton engagement. As-tu des conseils à donner à des personnes bègues pour mieux gérer leur quotidien au travail, dans la vie personnelle ?

Nicolas

En fait, il va falloir faire vraiment en ce moment. C’est un peu mon premier conseil. C’est que tu sois entouré de gens qui vous aident soit avec des potes, soit de voir une orthophoniste, parce que moi, je ne sais pas. -, tu avais des orthophonistes.

Mais c’est une démarche qui t’aide.

Mike    

Moi, j’en ai eu trois, mais les deux premières, ça ne m’a pas aidé. C’est plutôt la troisième et la dernière et je pense que la moitié après, je pense qu’il faut arriver à. Le professionnel était spécialisé au bégaiement et je pense qu’elle comprenait aussi, par rapport à mes difficultés, le niveau que j’avais et j’applique encore aujourd’hui tout ce qu’elle m’a appris, même si j’arrive à avoir cette parole fluide et cette parole fine.

En gros, c’est un peu la conséquence de tout ce que j’ai pu mettre et tout ce que j’ai pu mettre en place. Et comme je le dis un peu comme toi, je conseille toujours aux gens, à tous les bègues en tout cas, d’aller consulter, de reprendre l’orthophonie, même si on n’a pas l’impression que ça va nous aider, mais au moins de leur essayer et surtout de mettre de la volonté.

Parce que si tu reprends l’orthophonie, mais que tu n’as pas la volonté, elle ne pourra pas réellement t’aider.

Nicolas

Ce qui est bien aussi avec une orthophoniste, c’est que tu peux parler de ton bégaiement parce que tu as quand même des moments qui sont sensibles, qui sont durs à une personne à qui tu parles de ton bégaiement. C’est bien, tu as des codes de selfhelp aussi avec d’autres personnes, bègue.

Un truc qui est vraiment bizarre.

Moi ce que ce que j’ai remarqué, c’est que tu mets deux personnes bègues en face d’un truc qui fait que tu as un jugement qui part. Et ça, c’est un truc qui fait bien. Au début on se demande qui est bègue là-dedans, mais qui est  vraiment bègue?

Mais parce que tu as une mise en confiance qui se fait après. Le dernier conseil que je peux donner, c’est faire du chant, du théatre, de la sophrologie, beaucoup de choses qui sont liées, souvent avec, avec la respiration, de prendre conscience du corps. 

Dès que tu te sens, tu pars trop loin, des idées qui vont trop loin. En fait, tu respires, tu parles du ventre, tu fais plusieurs inspirations et tu reviens au corps.

Et le théâtre, le chant, tout ça, tu reviens au même endroit parce que toutes tes émotions. Elles partent de là. Dès que  tu perds le contact avec ton corps, c’est que tu bégaies.

Mike    

C’est très beau ce que tu dis, parce que c’est, c’est un peu moins ce que j’applique au quotidien. Toujours d’arriver à me ressourcer, de revenir. Tu joues encore, tout part de là. Je trouve vraiment très intéressante cette approche. 

Et si tu devais donner un conseil aux personnes noon-bègues, comment appréhender le bégaiement ? Qu’est-ce que tu leur dirais en fait ?

Nicolas

C’est-à-dire que tu es en face d’une personne qui a du mal à dire les choses. Donc c’est une répétition de syllabes. Le bégaiement peut être gênant, mais moi j’imagine toujours la personne  qui est en face de toi. Il faut comprendre que tu ne bégaies pas seul peut-être. Tu as toujours une personne en face qui écoute, qui est mal à l’aise, qui veut parler.

Et c’est une communication qui n’est pas simple parce qu’en fait on a un débit qui n’est pas entre guillemets normal, on marque des pauses à des endroits ou n’est pas vrai et ça ça m’aide. Donc on dérange un peu et je pense qu’il faut faire certainement avec tout ce qu’on fait actuellement. 

Le podcast, c’est que plus on parle du bégaiement, moins on aura à expliquer qu’on est bègue.

Et pourquoi ? C’est qu’en fait.

Il y a beaucoup de handicaps dont on parle, qui sont entrés dedans. Tu as une sensibilisation qui en permanence à faire. 

Et moi, si je devais donner un conseil à une personne qui est non bègue, c’est que ce n’est pas grave, ce n’est pas contagieux en plus, c’est que c’est dur à vie, mais la personne qui est en face à elle a des moments où elle sera  un peu moins bègue, ou elle aura des choses intéressantes à dire et  qu’il faut prendre un peu le temps et qu’on peut être surpris par une personne bègue  parce qu’elle peut dire des choses qui, qui peut être aussi être très intéressantes.

Mike    

Est-ce que tu peux me donner ton avis sur la sensibilisation, sur le bégaiement aujourd’hui ? Un constat, un avis, un état des lieux ?

Nicolas

En fait, je suis née dans les années 80, donc dès quand on parlait des Bègues et du bégaiement dans les médias, dans les films, c’était souvent pour se moquer.

Maintenant, on parle du bégaiement comme un film sur le roi, donc le terme le discours d’un roi et je pense qu’il y aura un avant et un après. Tu as des exemples d’acteurs qui ont été bègues avant ou même qui le sont un peu aujourd’hui ? 

Ça, je pense que progressivement. On de moque plus des bègues, mais qu’on va écouter ce qu’ils ont à dire et certainement. 

Dès que tu fais de la sensibilisation, tu as des périodes où on va parler du bégaiement. Donc moi, à un moment donné, on a parlé du grand oral, je pense avoir été un petit maillon de la Chaîne. Tu auras d’autres personnes bègues qui vont me voir à la télé. 

Ce sont tous ces exemples qui feront que le bégaiement sera beaucoup moins lourd à vivre pour les jeunes qui vont arriver sur cette terre qui vont faire un effort. Mais cet effort sera peut-être un petit peu moins dur et même les Parents, parce qu’un parent qui découvre que son enfant il est bègue, ce n’est pas évident. 

Eh bien en fait, maintenant je pense que si tu envoies un enfant voir une orthophoniste, le bégaiement peut se soigner beaucoup, beaucoup plus rapidement. Je pense qu’une vie ne sera beaucoup et beaucoup moins dure à vivre, je pense.

Mike    

C’est vrai plutôt c’est soigné plus tôt. Ça peut s’atténuer forcément en fonction de l’intensité. Chaque bègue ne vit pas de la même façon, mais après moi je sais. Moi je rajouterais au-delà du bégaiement, même si c’est vraiment un peu le socle. 

Ton entourage, parce que tu es la moyenne des cinq personnes, tu fréquentes le plus et c’est un entourage qui est bienveillant.

Bah ça va te permettre, ça ne va pas supprimer ton bégaiement, mais ça va permettre de mieux vivre avec aussi. Donc je pense que ça peut t’aider.

Nicolas

Mais après, tu es comme des gens proches de toi qu’ils vivent mal parce qu’ils ont eu une histoire aussi, par rapport à ça, ils te voient bégayer. Ils sentent que tu n’es pas bien et comme tu disais que tu as de l’empathie toi en tant que personne bègue, mais les gens aussi en face, c’est quand tu crées un lien qui fait que ce bégaiement qui fait. 

Moi je suis vraiment très mal à l’aise, mais pourquoi est-ce que là tu bégaies et pourquoi là tu ne bégaies pas ? 

Parce que je ne suis pas capable de comprendre des fois, au moment même où je suis en train de dire le tout, je n’ai pas eu le Recul pour dire pourquoi. Parce que tu as des mots qui sont forts, qui sont durs à dire le mot bégaiement, c’est un mot qui est dur à dire. 

Bien pour autant, des fois, je peux te le dire très bien et des fois ça sera très compliqué. Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi pas ? Et cette question là, en fait, elle est dérangeante.

C’est assez, c’est vraiment, c’est en fait ça. On te demande d’avoir un recul maintenant. À un temps, c’est ça qui me gêne.

Mike    

Je comprendrais. Merci en tout cas, Nicolas, pour cet échange. Merci beaucoup d’avoir participé à cet épisode. Donc c’est très intéressant d’avoir ton retour d’expérience dans Retour de Vie et aussi partager avec nous tes projets. Et bravo en tout cas pour le concours d’éloquence et pour le grand oral et plein de bonnes choses pour la suite.

Nicolas

Merci à toi également. Bravo pour ton podcast qui à mon avis peut permettre de sensibiliser énormément de personnes bègues et les proches de personnes bègues. C’est en faisant ce travail-là. Que ce sera beaucoup plus simple.

Mike    

Merci beaucoup chers auditeurs. À très bientôt. Encore merci Nicolas. Merci beaucoup d’avoir écouté ce podcast. J’espère qu’il vous a plu. Ce contenu a été fait avec beaucoup d’amour et l’amour, ça se partage retrouve également les notes de l’épisode sur noiretbegue.fr .

À très bientôt.

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