Dans ce nouvel épisode de NOIR & BEGUE 🎙, nous parlerons du 7èmeart et son impact positif sur la sensibilisation au bégaiement.
Le cinéma a participé à une « dédramatisation » du bégaiement en le présentant sous un autre angle et pas qu’une souffrance, bien qu’il le soit toujours pour beaucoup de bègues. On retrouve souvent l’amour comme étant une source de motivation à sortir de sa zone de confort et aller vers l’inconnu en dépassant le handicap.
C’est une manière pour les réalisateurs, et les acteurs de montrer le quotidien de millions de personnes d’un point de vue différent en arborant plusieurs thèmes.
Mike a également réalisé un très court-métrage intitulé Je suis bègue. Nous en parlons en détail dans cet épisode. Réaliser ce film était pour lui un moyen d’apporter sa pierre à l’édifice et de perpétuer ce travail de sensibilisation.
De plus, le film P…P…P…S I love you par Elliot Hoffnung, est prévu pour la deuxième moitié de 2022. Il porte sur l’histoire d’un jeune garçon qui n’ose pas avouer ses sentiments à sa bien-aimée car il est bègue.
Ce qui est également bon à savoir sur ce court-métrage c’est qu’il a été en partie financé par l’Association Parole Bégaiement (APB).
On peut notamment citer certaines figures emblématiques du cinéma qui ont bégayé ou sont bègues : Hugh Grant, Julia Roberts, Bruce Willis, Samuel L. Jackson et bien d’autres.
Liste non exhaustive de films ou documentaires portant sur le bégaiement :
– M, par Sara Forestier, en 2017. https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/sorties-de-films/m-premier-film-de-sara-forestier-les-begaiements-d-un-amour-eperdu_3338691.html
– Le bégaiement fond au soleil, par Melissa Bronsard, en 2022. https://www.francetvpro.fr/contenu-de-presse/33943891
– Le discours d’un roi, par Tom Hooper, en 2010. https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=175305.html
– Bègue Aimant, par Fabrice Rouillat, en 2015 https://vimeo.com/134413651
– Je suis bègue, par Mike Muya en 2015, https://vimeo.com/119320625
Retrouvez les notes de l’épisode sur noiretbegue.fr
🎧 Bonne écoute
Podcast disponible sur :
Mike
Bonjour et bienvenue à tous sur ce nouvel épisode de Noir et Bègue. Silence, je bégaye. Bonjour Mazarine.
Mazarine
Bonjour. Ça va?
Mike
Très bien et toi?
Mazarine
Ça va nickel comme d’habitude. Super de bonne humeur. Toujours prête. La totale, c’est ça.
Mike
Il faut.
Mazarine
Tu es prêt toi aussi?
Mike
Je suis chaud. Comme d’habitude.
Mazarine
Et beh, on y va, c’est parti. On va parler du cinéma. Et comment ? On a fait avancer ce travail de sensibilisation en réalisant un court métrage intitulé Je suis bègue. Je pense que le titre ne peut pas être plus explicite qu’il ne l’est déjà.
Mike
C’est clair, c’est après.
Je tiens à souligner qu’il y a plein plein plein d’autres films documentaires sur le bégaiement. Et moi, j’ai voulu apporter simplement ma pierre à l’édifice. Sachant que je suis cinéaste et du coup, chacun utilise ses compétences pour faire avancer une cause. Et moi, c’était par ce biais-là. C’est un challenge, mais c’était intéressant de le faire pour.
Mazarine
Continuer là-dessus. En ce qui concerne la présentation du film, je vais te laisser tant occupé parce que je pense que t’es plus qualifié que moi. En ce qui concerne le sujet.
Mike
Oui, je peux parler rapidement de l’historique du film. C’était en 2015, il y a. Chaque année, il y a un concours qui s’appelle le Nikon Film Festival ou le sujet c’est Je suis, et toi, tu dois compléter, en te donne quelques indications et la durée était de deux minutes 30 . J’ai toujours voulu écrire sur des sujets qui me tiennent à cœur et en 2min 30, il faut toucher les gens, il faut choquer ou mettre les gens un peu mal à l’aise face à une réalité.
C’est venu en quelques secondes qui je suis, je suis bègue et le titre des films est parti de là. Et ce qui est drôle, c’est que j’ai choisi la boulangerie ou je bégaye. Ou. J’ai souvent bégayé. Du coup, donc, la dame me connaissait, elle savait que j’étais bègue. C’était un couple de boulangers très sympa qui a accepté de me prêter le fameux lieu qui autrefois a été mon lieu de calvaire. Et là, j’ai pu faire le film là-dedans. Il y avait vraiment toute une entraide autour de ce film. Entre la boulangerie, on a tourné ou l’équipe de tournage s’est restaurée, mais aussi la projection du film à la médiathèque de Choisy le Roi, qui avait soutenu qu’il y avait vraiment eu un bel élan de solidarité autour de cette cause.
Et moi, ça m’avait énormément touché à l’époque et c’était vraiment très plaisant à faire. Ce film, c’était d’abord pour moi un gros challenge d’arriver à écrire un film qui tient la route sur 2030.
Mazarine
la durée imposée ?
Mike
Oui, c’est lui qui a imposé ces deux minutes 30. Pas une seconde de plus générique en plus. Et là, je me suis inspiré tout simplement de ma propre vie de qui j’étais. Il y a une partie de fiction, mais la souffrance qui a travers ce film-là, c’est la souffrance que j’ai ressentie. C’est la souffrance que j’ai racontée depuis le début du podcast.
Si vous m’avez suivi dès le premier épisode et j’avais besoin de le manifester. Mais après j’ai fait un parallèle grâce à l’amour. Etc.
Mazarine
Et pourquoi avoir choisi la boulangerie ? Précisément parce que tu les connaissais.
Mike
Ou pour nous en tant que bègue ? Non, car la boulangerie, c’est un peu le fameux lieu ou qui revient assez souvent dans nos obstacles, dans l’enfer qu’on vit au quotidien, c’est le fait d’aller acheter son pain, geste qui est anodin pour toi, mais qui pour moi était énorme. C’est cette peur-là, cette sensation d’être regardée, cette sensation d’avoir une pression derrière toi.
Ou aussi le fait de bloquer devant la personne qui te demande qu’est-ce que tu veux. Donc, c’est vraiment un élément du quotidien qui pourrit un peu la vie d’un bug. J’avais besoin de faire un film s’ouvre à moi un lieu qui parle à tout le monde et aussi, mais qui parle à tous les bugs. C’est le point commun de toutes nos souffrances, un lieu, c’est-à-dire un peu particulier.
C’était vraiment assez intéressant de faire ce film-là et de pouvoir le raconter surtout en deux minutes 30 et lors de la projection. C’est assez particulier parce que quand tu viens dans une projection, tu attends à ce que le film dure dans le temps. Et là, ça a été très rapide. Le film a été suivi d’un débat et c’était très intéressant justement d’échanger sur le bégaiement.
Mazarine
Et durant la projection, est-ce que ça a été l’interaction avec le public ?
Mike
C’était très sympa. Il y avait énormément de questions sur ce qu’on vit en tant que bègues. Également des bègues. Dans la salle, il y avait mon orthophoniste de l’époque qui était là, mais qui était présente, avec qui les gens ont pu échanger et également avec des questions qui sont beaucoup plus destinées sur la partie professionnelle. Or, comme moi à mon retour, c’est beaucoup plus par rapport à mon vécu, comme je le fais dans mon podcast et vraiment pour partager notre ressenti, ce que nous vivons au quotidien.
Mais c’était vraiment un bel échange et les gens ont gardé un beau souvenir de cette avant-première qu’on avait fait. J’ai encore d’autres personnes aujourd’hui, mec qui m’en reparle de ses films et c’était très sympa. C’était vraiment une belle expérience à vivre et surtout à partager.
Mazarine
S’il n’y avait pas eu le Nikon Festival, je pense que tu aurais fait ce film quand même ou pas ?
Mike
Non, je ne pense pas parce que c’est une occasion qui s’est présentée à moi. Moi, je fonctionne toujours un peu par rapport aux opportunités. Lui aurait sûrement fait un autre film qui s’intitule Je suis bègue. Il s’intitulait Je suis bègue parce que le thème c’était Je suis. J’aurais pu l’appeler autrement. Et là, j’avais vraiment envie de faire un film assez personnel et à double titre.
Je suis bègue, mais je pense que j’aurais pu faire autre chose autrement. Mais pas mes films de 2030, ça, c’est quasi sûr.
Mazarine
Et est-ce que tu as rencontré peut-être des difficultés ou des obstacles, le tournage et la réalisation ?
Mike
Je n’ai pas rencontré d’obstacles particulièrement. Après, j’étais déjà dans le métier depuis une dizaine d’années et j’avais une équipe de choc. Tout a été maîtrisé. Sur le plateau, il y avait une trentaine de personnes, figurants en plus, équipe technique incluse. Donc forcément, il y a une certaine logistique. Mais je n’ai pas. Je n’ai pas spécialement rencontré d’inconvénient. Il y avait vraiment eu un travail en amont, notamment avec le comédien.
C’est là que j’ai vraiment, vraiment passé du temps avec lui, parce que le comédien de base n’était pas bègue. Passer du temps avec lui à le faire comprendre. Le bégaiement, comment je bégaye ? Donc, il y a vraiment une relation particulière qui s’est créée pour qu’il puisse vraiment se mettre dans la peau du personnage. Et moi, j’ai voulu reproduire un bégaiement, un bégaiement qui me ressemblait comme je suis, comme j’étais toujours dit.
Dix personnes qui bégayent, ne bégayent pas forcément de la même façon. Et moi, le bégaiement que j’ai voulu reproduire, ça a été un bégaiement qui me ressemblait, qui peut ressembler aussi à plein d’autres. Mais il fallait arriver à faire passer l’émotion. Dans tous les cas, c’était vraiment le challenge. Il fallait arriver à faire passer l’émotion dans tous les cas.
Mazarine
Pour les acteurs et figurants, ce que tu as vu faire une audition, quelque chose comme.
Mike
Ça pour les acteurs et les figurants. On est sur un court métrage bénévole. Toutes les personnes présentes étaient bénévoles, les trois acteurs principaux et et la dizaine de figurants. Donc ça a été vraiment pour moi un grand plaisir que les gens acceptent de participer à ce film-là bénévolement. Après, il y avait toute la prise en charge transport et restauration qui est bien normal.
Mais l’action de base reste bénévole et ça, je lui remercie encore et je le remercie toujours d’avoir accepté de participer à ce projet.
Mazarine
Petite question pourquoi ne pas avoir choisi un acteur bègue pour le principal ?
Mike
Pourquoi ne pas avoir choisi d’acteur bègue pour la simple et bonne raison que je n’en connaissais pas ? Et deuxième bonne raison que j’étais limité en terme de temps. Et la troisième bonne raison, c’est qu’un acteur peut s’imprégner de tous les rôles possibles. C’est ça, c’est d’arriver à sortir de sa propre personne pour entrer dans le corps d’autre personne et c’est ça aussi le travail d’acteur.
Mazarine
Donc ce que je me suis dit justement avec le manque de temps, avoir un acteur bègue, ça aurait été peut être ça aurait éviter le temps passé à travailler en amont, je pense.
Mike
C’est pas parce que tu es bègue que tu es forcément acteur. Et oui. Maintenant, demain, j’aurais trouvé cet acteur bègue et accepté dans le film qui avait la rage et la motivation de transcender ce personnage là. Why not ? Non que je l’aurais fait. Donc là, comme je l’ai toujours dit, je saisis les opportunités. Et cet acteur-là, j’avais vraiment eu un coup de cœur et j’ai vraiment accroché et très bien sympathisé.
Et dernièrement, je l’ai revu sur une pub à la télé et ça m’a fait bizarre parce que quand je le vois, je vois, je suis bègue et pareil. D’autres comédiens avec qui j’ai eu l’occasion de travailler sur d’autres projets. Et ça fait toujours bizarre de le revoir dans un autre contexte, notamment. Vraiment pour celui de je suis bègue.
C’est vrai que quand je le vois, je revois mon film. Quand je le vois, je revois encore tout le parcours qu’on a pu faire ensemble.
Mazarine
Et comment ça s’est passé ? Le travail avec lui, c’est-à-dire que vous, vous vous restez à deux et tu lui expliquer en gros comment tu dois bégayer, comment est-ce que moi, mon bégaiement, je le ressens ?
Mike
C’est exactement ça. Par exemple, sur les passages du film, je lui ai expliqué un peu la vie d’un bègue, comment on se sent, la sensation, les réactions, l’émotion, le visage, la bouche. Quand je bloque, qu’est-ce que je fais ? Comment je me sens ? On a refait les scènes tellement de fois pour qu’il puisse capter et par moments, tu oublies qu’il n’est pas bègue et là tu dis Wow !
Là je pense qu’on a le truc. Et puis on a répété les scènes une fois, deux fois, trois fois, une dizaine de fois et et à force. Et c’est vraiment imprégné du personnage. Et de ressentir un peu cette douleur-là. Par exemple, j’ai une scène de Tainmont cordé sur le pont, je suis enfermé dans ce corps sans voix, avec les larmes, etc. une émotion et moi au montage quand j’ai mis la musique et j’avais envie de pleurer alors que c’est mon fils alors que c’est moi qui l’ai écrit et j’ai dit ouah !
Il va faire ressentir l’émotion et c’est pour ça que je trouve formidable dans le métier que je fasse. C’est arrivé à créer des émotions et aujourd’hui, comme on sensibiliser sur le bégaiement, à l’époque, j’ai voulu faire un film et ce qu’il y a un très court, un très court métrage. On appelle ça et c’est facile à partager. Des minutes 30, ça se partage, ça se regarde, etc., Et il y avait vraiment un bon engouement autour de ce film qui, je l’espère, aura une seconde vie. Pour sensibiliser davantage sur le bégaiement.
Mazarine
Je l’espère.
Mike
Aussi.
Mazarine
Et au niveau des retours, comment il a été accueilli ? Le film surtout par des personnes bègues.
Mike
Oh.
Mazarine
Ça me.
Mike
Suffit d’ailleurs.
Mazarine
Combien de nominations aux Oscars, du coup.
Mike
N’ont pas de nomination pour moi ? Tant qu’une personne a vu le film, c’est déjà une victoire. Le film a été très bien accueilli dans l’ensemble et j’ai juste vécu une situation qui est un peu particulière. Je fais partie d’un groupe qui est sur Facebook. Quand le film est sorti, j’ai un ami qui envoie un message sur Facebook qui me dit Tiens Mike ton film a été partagé dans le groupe.
Tout ça, il est commenté, vient assister au débat, moi je ne faisais pas partie de ce groupe. Moi, à l’époque, je faisais ma sensibilisation. Quand j’étais bègue, je le faisais pas. Je ne faisais partie d’aucune association. Je menais mon combat de mon côté, je n’avais même pas qu’il existait un groupe Facebook comme moi qui souffrait. C’est bien intéressant.
Plus on est nombreux, plus. Et quand je suis arrivé et le message était Ouais, c’est encore un journaliste qui a fait un film sur le bégaiement, cette fameuse scène de la boulangerie, la fameuse scène de la boulangerie qui revient. Et là et là, du coup, je viens, je me présente, je dis je suis Mike, le réalisateur du film que je suis bègue, etc.
Et le fait d’avoir dit que je suis bègue, c’était un peu un sentiment d’appartenance et ça permet de faire baisser les tensions. Si les gens aimaient, c’est fou. Mais les gens, ils étaient beaucoup plus à l’écoute et ça changer la vision au premier regard que c’est une vision plus humaine. Qui de mieux qu’un bègue pour parler du bégaiement alors qu’on soit moi personnellement, je pense que non, même si je pense que non.
Bègue peut faire un film sur le bégaiement ou autre, c’est juste à quel point cette cause lui tient à cœur, tout simplement. Tant qu’on reste juste, tant qu’on passe de l’émotion, tant qu’on sensibilise, peu importe. Est-ce que tu as un handicap ou pas ? C’est vraiment le fait de défendre l’handicap qui prime. Et moi, j’ai moi. J’avais toujours eu cette approche-là.
Après, j’ai défendu mon film, j’ai défendu mes choix, on a échangé dans la joie et la bonne humeur et depuis, je fais partie du groupe. Mais c’était vrai que ça au début, ça m’avait un peu déstabilisé de se faire attaquer pour justifier en gros un peu du fait que je sois réellement bègue. C’était un peu une façon de gagner en légitimité.
Pour avoir fait ce film-là, alors que je trouve ça un peu à des années-lumière de ce que j’aurais pu penser.
Mazarine
Je pense que c’est le sentiment d’appartenance qui a pu nous jouer sur la situation. Le fait d’avoir une personne qui les comprend, qui sait ce que c’est, le bégaiement, la souffrance que ça représente.
Mike
Mais aujourd’hui, ce qui est drôle, c’est que je refais un peu le même combat parce que j’ai une parole fluide. Alors là, c’est reparti. Encore de la limite de gagner ma légitimité, de dire ce que je suis vraiment.
Mazarine
Mais suite à des audios il y a dix ans, peut être que.
Mike
C’est vraiment ça qui est fou de gagner encore cette légitimité-là, de dire que je suis bègue. Je ne veux pas faire semblant de bégayer alors que je maîtrise ma parole. Assez, ça n’a pas de sens. J’ai participé à une avant-première du film de Mélissa Brassard qui s’appelle Le bégaiement fond au Soleil et lors du cocktail, j’ai échangé avec d’autres personnes et un si oui, mais toi tu ne bégayes pas.
Je disais que j’avais lancé un podcast et tu vois, tu ne bégayes pas. Ici, je le regardais, ça ne s’entend pas. Il était tellement.
Mazarine
Plus.
Mike
Ça s’entend, plus. Disons que j’ai même plus l’énergie de me défendre. Je sais que ça me passe outre. Mais non, moi, le plus important, c’est de parler de bégaiement. Est-ce que je bégaie ou pas n’a pas d’importance ? Est ce que je bégaie ou pas ne joue pas sur la cause ? C’est une situation qui peut être déstabilisante, mais aussi, entre guillemets, culpabilisante de dire tiens, moi, j’ai réussi à faire ce travail-là et du coup, j’ai l’impression de peut être un peu comme un imposteur un peu confus qui a l’épisode d’intro, mais je suis passé vraiment outre.
Je passe au-delà de tout ça parce que pour moi, le plus important, c’est de parler bégaiement, avec ou sans bégaiement. Juste le fait de parler de bégaiement, de sensibiliser par rapport à ma douleur, par rapport à mon parcours, par rapport à tout ce que j’ai pu mettre en place, qui m’ont aidé à voir la parole que j’ai aujourd’hui.
Et là, dans la deuxième saison. Ce qui va être encore plus intéressant encore, vraiment sympa, c’est de raconter les histoires d’autres personnes de parcours que le mien. J’ai eu le plaisir et l’honneur de voir conter mon parcours sur plusieurs épisodes. Les prochains épisodes qui arrivent, je raconterai les histoires d’autres, bègues ou non bègues aussi. Mais toutes ces personnes là en point commun, ils sont attachés à la cause du bégaiement et pour moi, c’est le plus important.
Mazarine
Et pour vous faire un petit aparté sur le film, j’ai eu une question qui me vient en tête vu que c’était en 2015. tu bégayais encore beaucoup, je pense.
Mike
En 2015, non ? J’avais déjà commencé ce gros travail-là, mais ma parole était beaucoup moins fluide qu’aujourd’hui.
Mazarine
Et du coup, ça se passait comment ? La communication avec les trois personnes qui partagent avec toi le plateau de tournage ?
Mike
Non, j’avais déjà atteint un certain niveau d’aisance vocale. Aisance relationnelle, donc. 2015 sur relativement jeune. C’était il y a encore sept ans. J’avais déjà entamé ce travail et a été beaucoup plus à l’aise sur un plateau de tournage. J’ai géré des plateaux beaucoup plus grands, jusqu’à une trentaine de personnes, donc c’était dans mes cordes. Et après j’avais déjà commencé ce travail de technique.
Comment maîtriser ma parole ? Qui peut être en plus, qui pouvait être amplifié par le stress ou la pression sur le tournage. Mais j’ai mis, j’ai maîtrisé déjà ma parole pour m’exprimer, mais je n’ai pas eu de gros blocages ou non. J’arrivais à mieux, j’arrivais à me faire comprendre, je me focalisais pas sur le fait de ne pas bégayer.
Je peux focaliser sur le fait qu’on va faire ce film et on se confronte sur l’objectif. Quand j’ai fait ce film-là, j’ai eu une période plus forcément parce que le fait de me remettre dans ce, dans mon propre personnage, le fait de cocher une personne sur le bégaiement, le fait de parler bégaiement, le fait de voir tout par rapport au bégaiement avait amplifié.
Ça avait amplifié mon bégaiement sur une courte période. Mais après, j’arrivais toujours à me recentrer sur mon état naturel de bien être. Et puis ça allait dans l’ensemble. La différence entre 2015 et 2022, c’est que le travail a été progressif, le travail était constant, la parole est beaucoup plus fluide. 2015 J’avais une parole, j’accompagnais moins ma parole avec un charisme, avec une aisance, et j’ai continué à faire ce travail-là que j’avais commencé il y a une dizaine d’années, pour avoir justement cette fluidité que je contrôle naturellement.
En 2015, j’étais dans le contrôle. 2022, je suis dans mon subconscient. C’est ça vraiment la vraie différence. Parce que quand je fais ce film-là pour m’adresser aux gens, etc., j’ai été dans le contrôle. Par exemple, quand je suis allée voir le couple de Boulanger, j’ai bégayé pour leur demander alors que quand je suis revenue le jour du tournage, j’ai très peu Bégué avec eux.
Je vois, c’est le bégaiement, ce n’est pas forcément quelque chose, je bégaye à chaque fois que je parlais.
Mazarine
Un aspect un peu aléatoire.
Mike
C’est vraiment aléatoire. Donc je peux, je peux commencer à bien parler, je bégaye en plein milieu ou je bégaie à la toute fin. Donc c’est vraiment quelque chose d’aléatoire. Après, pour ne pas payer, j’étais vraiment dans un contrôle absolu, un contrôle des émotions, un contrôle de ma posture, etc., et comme je dis toujours au bout d’un moment, c’était ultra fatigant.
Et aujourd’hui, oui, je m’autorise, je m’autorise à bégayer sans problème. Je suis beaucoup, beaucoup moins sur le contrôle et ça se fait automatiquement que je me pose plus la question est ce que je vais bégayer ou pas ? Donc c’est plus des paramètres qui font partie de mon existence, malgré le fait que je ressens toujours le bégaiement. Mais tout le travail que j’ai fait me permet d’avoir une aisance pour parler de moi.
Mazarine
Et est-ce que tu as l’intention de peut-être réaliser un autre film ou un autre projet vidéo sur le bégaiement ou pas ?
Mike
Un projet de film pour le moment, non. Après, j’ai juste des petites trames par ci par là qu’il traversait l’esprit, vu qu’en tant que cinéaste a toujours pas mal d’idée. J’ai toujours eu une scène. C’est une scène que je dis depuis une dizaine d’années dans ma tête, mais je pense peut-être que j’en ferais peut-être un film. C’est une scène assez choquante, une scène assez violente.
Ça, c’est ça qui m’avait inspiré le titre de mon livre. Au bout du fil, c’est un petit gamin qui voit sa mère tomber et c’est un petit gamin qui bégaye beaucoup et qui appelle le Samu. Avec le stress de voir sa mère tomber par l’émotion. La personne au bout du fil je vous écoute, mais le son ne sort pas.
Et j’avais commencé à écrire et je me suis arrêté. Là, ça peut faire un joli, un joli film et dès la première scène, tu te médias dans le bain que ça peut être facile. Après, je n’ai pas continué à l’écrire, mais je pense que peut être que, en fonction des opportunités que je vais avoir dans la vie, je pense que je.
Quand le scénario au bout du fil. Si je dois faire un film sur le bégaiement, je pense que je développerai ce projet-là. Mais sinon, là, avec le podcast, ça me prend déjà un temps monstre tout de suite. C’est d’ailleurs un temps fou et ce n’est pas quelque chose que j’avais réellement anticipé parce que tu tiens, je vais faire un podcast et là tu vois tout l’engouement, tout le talent qu’il y a derrière, toutes les rencontres que j’ai à faire, tous les épisodes enregistrés, mais sans plaisir du tien, je fais que même si ça me prend beaucoup de temps, mais j’ai l’impression d’apporter vraiment, vraiment quelque chose à la communauté des bègues, des non-bègues à
la terre, tout le monde et dire Tiens, on va raconter nos histoires, on va raconter nos parcours. Le bégaiement, ce n’est pas que moi, le bégaiement, c’est toi, le bégaiement, c’est nous, c’est tout ce qui nous entoure et ça peut toucher tout le monde. Et ça sera beau justement, mon rôle, c’est d’arriver à raconter les histoires au-delà de la mienne.
C’est de raconter notre histoire, notre souffrance et aussi nos ambitions, nos succès. Comment on a surpassé notre handicap invisible et aussi aidé ceux qui ne l’ont pas encore passé. C’est ça le Channel pour moi, avec noir et bec.
Mazarine
Comme vous le savez, comme je viens de le dire, mon bébé, c’est pas juste un retour d’expérience raconté et partagé au monde. Que tu sois bègue, c’est partager le quotidien de millions d’autres personnes qui ont traversé ou qui traversent la même chose que toi actuellement. En plus du podcast, on cherche aussi du coup à sensibiliser des personnes sur les autres plateformes, que ça soit des réseaux sociaux, que ça soit.
Mike
Il faut sensibiliser un max, il faut aller chercher les gens. Le podcast est un format qui est intéressant. Après, tout le monde ne va pas forcément écouter des podcasts et le but, c’est d’aller chercher avec la matière que nous produisons dans ses podcasts, d’aller les diffuser autrement sur les différentes plateformes, notamment Instagram et aussi tiktok qui est en vogue. Et plus on va aller chercher ces jeunes là, des jeunes ou des moins jeunes, et plus on va sensibiliser au bégaiement.
Même si le socle reste le podcast. Et on va le décliner à travers une bonne curation de contenu pour aller toucher une nouvelle audience et surtout pour chaque personne qui tombera sur un extrait ou peu importe va entendre parler de bégaiement et ça va le pousser à se poser la question comment je réagirais ? C’est quoi le bégaiement ? Attiser cette curiosité-là ?
Qui peut le pousser à en savoir plus et attiser cette curiosité qui peut le pousser à mieux réagir quand il va tomber en face d’un bug ? Pour moi, ça va être déjà un joli challenge d’arriver à un stade de visibilité. Que parler de bégaiement au-delà du 22 octobre ? Et je me suis rendu compte aussi que, à travers les réseaux sociaux, que je n’étais pas tout seul et ça fait énormément plaisir de voir qu’il y a d’autres pages.
Il y a beaucoup d’autres personnes qui parlent de bégaiement, donc plus on sera nombreux et mieux c’est. Moi, j’ai fait le choix de partir sur un forum, un podcast. Il y en a qui sont principalement sur Tik Tok, d’autres sur Insta. Mais c’est vraiment cet ensemble de toutes ces initiatives qui font partie de la sensibilisation. Mais les pouvoirs publics ne le font pas, nous ne le faisons et nous comptons justement sur toutes ces personnes qui peuvent tomber sur ces vidéos-là, qui peuvent tomber sur sur le contenu lié au bégaiement, de pouvoir les relayer derrière pour atteindre encore plus de personnes et plus on les attend, plus on sensibilise et mieux c’est.
Comme je dis, une personne sensibilisée au bégaiement, c’est une souffrance ou une situation en moins.
Mazarine
Un homme qui nous disait que tu comptes aussi faire un autre film sur un petit enfant qui doit appeler le Samu qui vit une situation assez traumatisante. Et j’ai une petite question est ce que tu comptes faire un film joyeux un jour ou pas ?
Mike
Franchement, c’est ouais. Tu sais, quand tu fais un film joyeux, est-ce que tu touche vraiment des gens.
Mazarine
on peut toucher par le rire ?
Mike
Ouais, ouais, c’est vachement une vie rigolote.
Tu sais, j’aime choquer. Il faut que j’attire l’attention rapidement. Si je fais, tu te vois bien. Ouais, je vais décrocher et je n’arrive pas à écrire sur l’humour. Tu ne penses pas que je suis un mec drôle ? Mais je n’arrive pas. À écrire sur l’humour et j’écris vraiment sur des sujets qui me touchent et qu’on me touche. Et parce que c’est dans les tripes, je ne fais pas des films joyeux, je ferais des films ou y a une leçon à retenir. Et cette leçon, c’est plus le surpassement, la motivation, le fait de grandir, le fait d’aller loin. En fait, c’est plus le côté combat.
Tu vas y arriver et notamment moi je vois cette scène-là avec le gamin qui n’arrive pas entre le stress de voir sa mère en train de mourir du tibia appelé Pasquier stressé et la tour de Thor au bout du fil, ça crée une situation qui est ultra gênante, ultra déstabilisante. Tu n’aimerais pas être à sa place et lui non plus ne, mais n’aimerais pas être à sa propre place et ça te pousse à réfléchir.
Mazarine
Je sors de la salle.
Mike
C’est qu’il faut créer. Il faut sortir un peu les gens de leur zone de confort. Un peu, tu sais, toi, ta vie. Et à côté de ça, tu as des gens qui n’ont pas la même vie à des gens qui ont vies. Comme je dis souvent des petites Titanic, c’est tellement gros. Tu demandes comment il va faire avec la force. Ils arrivent quand même malgré tout.
Mazarine
Je te posais cette question parce que j’ai fait plusieurs recherches sur des films qui traitent du bégaiement et j’ai constaté qu’aujourd’hui le cinéma participe beaucoup à une sorte de dédramatisation ou démocratisation du bégaiement. Et dans beaucoup de films, on va voir le sujet du bégaiement qui est traité en parallèle de l’amour. C’est-à-dire que souvent on va avoir un personnage qui va vaincre son bégaiement pour aller vers l’amour ou aller parler à quelqu’un.
Et on peut notamment citer le film M de Sara Forestier qui est sorti en 2017 ou elle joue elle-même le rôle du personnage principal. Et c’est l’histoire d’une jeune femme qui va rencontrer un homme qui lui-même est illettré et elle bègue. Et ça va créer une histoire d’amour un peu impossible où ils ne vont pas oser communiquer l’un avec l’autre, etc.
Et j’ai l’impression qu’on assiste à une certaine telle du bégaiement dans le cinéma. Mais qu’est-ce que tu en penses ?
Mike
Parfaitement d’accord avec toi parce que moi, dans mon film, je suis bègue. Il y a également le lien avec l’amour à la fin, l’amour aide dans tous les aspects de la vie. C’est essentiel pour une personne d’avancer. Et si cette personne bègue a cet amour-là et trouve l’amour, ça rend la vue beaucoup plus légère. Et c’est cette légèreté qui t’aide dans tout ce que tu fais, au-delà même du bégaiement.
C’est que l’amour a une part importante dans la vie d’un homme ou d’une femme, bègue ou non bègue. Donc c’est un sentiment universel et qui touche ceux qui ont un handicap et même ceux qui n’en ont pas en fait. Pour moi, oui, l’amour est un fil conducteur et c’est tout à fait normal qui se retrouve dans notre art.
Mazarine
Et on retrouve également dans un autre film qui rejoint aussi le fait qu’on disait que ce sont les associations qui font le plus gros du travail sur la sensibilisation face au bégaiement.
Mike
Je confirme f
Mazarine
Le film s’intitule du coup I love you par Elliott au film qui va sortir durant la deuxième moitié de 2022. Et c’est aussi l’histoire d’un jeune garçon qui n’ose pas, avouer ses sentiments à une jeune femme. Et ce film a été en partie financé par l’APB. On salue encore une fois bravo !
Mike
Tout à fait bien, je suis fier.
Mazarine
Et oui, comme je le disais, du coup ça rejoint aussi cette revalorisation du bégaiement au cinéma.
Mike
Écoute, c’est intéressant. Plus il y a des initiatives comme ça et ça fait avancer la cause. Donc, c’est vraiment top. J’ai hâte de le voir. D’ailleurs ce film.
Mazarine
Pareil, il semble super intéressant. Comme on l’a fait précédemment mentionner, le film Le Bégaiement fond au Soleil. Enfaite le documentaire, excusez moi.
Mike
Mais.
Mazarine
Qui montrait le bégaiement au soleil par Meyer. Ça bon, ça ?
Mike
Moi j’ai eu l’honneur de le découvrir en avant-première, donc j’ai vu avant vous les gars. Très, très beau documentaire. C’est sur concours d’éloquence, en retraçant un peu les parcours de ces personnages-là et entre portraits et ce qu’ils ont vécu durant cette expérience là, ce qu’ils ont appris, leur passage sur scène, c’est vraiment incroyable. Et ce qui dégage ce documentaire-là, c’est vraiment le combat.
Le fait de se battre pour y arriver était une vraie énergie, une vraie positivité. C’est toutes ces personnes-là qui surpassent leur handicap et c’est ça qui est beau à voir. Et d’ailleurs que j’aurai le plaisir de la recevoir dans un épisode, de rester à l’écoute et on va pouvoir développer, discutez de son film, ça va être un vrai plaisir.
Et Mouna d’ailleurs, qui a créé le concours, fera également partie dans les épisodes de noir et bègue. Et ça va être un plaisir de parler de son engagement, voir tout ce qu’il a mis en place justement pour créer cette entité de sensibilisation qui apporte une pierre énorme à l’édifice qui est le bégaiement.
Mazarine
Documentaire qu’on vous invite d’ailleurs à découvrir le plus tôt possible parce qu’il sera diffusé sur Internet normalement, également.
Mike
En replay sur France Télévisions. Et je vous invite également toutes les personnes de découvrir tous les films, pas mal de films qui traitent de bégaiement. Vous aurez la liste dans les notes d’épisode, on fera une petite liste des films sympa, mais je mettrais le mien en premier d’ailleurs. Autopromotion, ça va. Donc on peut le mettre à la fin, ça pousse, pas de problème, mais on vous partagera une liste des films qu’on a trouvé sympa. Et s’il y a d’autres films qui manquent à la liste, n’hésitez pas à nous envoyer un message via les réseaux sociaux comme ça, on actualisera cette liste là et pour en faire une base de données sur le bégaiement.
Et ça va être top comme ça. Les soirées popcorn Netflix de la soirée pleurs, mouchoirs XXL, de voir les films qui vont te faire pleurer, qui vont être déstabilisés, mais surtout qui vont te donner la force et la joie face au bégaiement.
Mazarine
Mais pour savoir pourquoi, sensibiliser au bégaiement, ça tient autant au cœur, sachant que tu as réussi à presque en sortir aujourd’hui.
Mike
Je pense que c’est trop facile de se dire tiens, aujourd’hui, j’ai une parole fluide, je bégaye plus comme avant que j’oublie la cause qui m’a tenu à cœur. Tiens, je bégaye plus. Le bégaiement, ça m’intéresse. Oui, c’est derrière moi, c’est impossible. Je suis le bégaiement, je suis bègue, ça fait partie de moi. Je peux avoir une parole fluide, mais je le resterai à vie.
Et pour moi, tu sais quand des fois une cause, ce n’est pas quand ça va bien, que ça y est c’est ancré en moi. Donc pour moi, je ne me pose même pas de questions. C’est tout à fait normal et naturel pour moi de faire ce combat-là. Et surtout, comme j’ai toujours dit, c’est important pour moi d’aider. Moi, j’ai une part refus d’aujourd’hui, mais je me dois d’aider ceux qui n’ont pas ou ceux qui le vivent mal, ou même ceux qui ont une parole fluide, qui ne sont pas bègues.
C’est de les parler du bégaiement, justement, pour qu’ils puissent aussi le connaître, ce que c’est qu’il puisse mieux réagir. Donc pour moi, mon combat, ce n’était pas simplement ça y est, j’arrive à mieux m’exprimer et j’oublie tout le reste. Non, je ne peux pas avancer, ça fait partie de moi et pour moi, aider, c’est une raison d’être sur terre.
Je ne suis pas là juste pour du business, gagner de l’argent. Et de mon côté, non, je suis là pour vivre. Donc la vie que j’ai, pour partager mes expériences, mes joies, mes douleurs et si je peux aider les gens à aller de l’avant, si je peux aider les gens à aller vers le haut, si mes mots, mon retour d’expérience ou ma présence ou un échange que je pourrais avoir, une personne peut aider à changer sa trajectoire.
Comme je dis toujours la trajectoire, c’est super important. Et ce podcast a pour but d’impacter des trajectoires. Le bégaiement n’est pas une fin en soi, c’est arriver à passer au-delà, arriver à le surpasser. Et moi, j’ai réussi à dompter et je pense que d’autres personnes réussiront également à le dompter. Donc je raconte mon histoire, je raconte les histoires d’autres bègues.
C’est l’ensemble de toute cette énergie positive qui va faire qu’on peut aider davantage. On peut sensibiliser davantage et je crois et je crois, dur comme fer.
Mazarine
C’est encore ce travail de sensibilisation qui à faire et à refaire et à refaire et à continuer puisqu’il n’a pas été fait avant.
Mike
Non, qui n’a pas été fait avant ? Non, il a déjà été fait, je rajoute plus, mais c’est un travail enfin qu’on dit qui n’a pas été fait. Là je vois plutôt les pouvoirs publics, mais il y a toujours eu des initiations, enfin et toujours des initiatives autour du bégaiement, notamment par la pub ou, comme je l’ai dit tout à l’heure, via les réseaux sociaux, etc mais on n’a pas la visibilité qu’on mérite, tout simplement par rapport à l’impact de notre douleur.
Il faut que ça soit beaucoup plus visible. Donc aujourd’hui, je n’ai pas la prétention de dire qu’avec Noé Bègue, ça y est, tout va changer du jour maintenant. J’apporte la pierre et c’est cette somme de pierres qu’on fera en vrai rocher et tu peux pas ne pas le voir. Donc pour moi, la sensibilisation c’est important et je dirais même pas que c’est un plaisir ou non, c’est naturel.
Je ne me pose même pas la question est ce que j’aurais pu faire autrement ? Non, je le fais parce que je dois le faire tout simplement. Et ça me fait plaisir d’aider. Et je reçois énormément de messages depuis le début du podcast et je vous remercie énormément. Et ça fait très plaisir que les gens te disent que tu leur parles, que les gens te disent qu’ils ont traversé la même chose.
Les gens ont l’impression d’être compris et j’échange énormément. Je ne pensais pas que j’allais recevoir autant de messages, autant d’engouement. Je ne suis pas le porte-parole des Bègues, loin de là. Je raconte mon histoire et j’invite d’ailleurs tous les autres bègues qui souhaitent partager leur histoire ou même les autres personnes qui ne bégaient pas, dont la cause leur touche le micro est ouvert.
Comme toujours, le micro reste ouvert. Venez.
Mazarine
Discutons, vous êtes les bienvenus.
Mike
Vous êtes les bienvenus. On va sympathiser, on va parler bégaiement. On va parler aussi de comment le bégaiement aujourd’hui impact dévie positivement ou négativement sur tout est plus important. C’est comment on a grandi, comment ce Handicap nous a fait grandir au-delà de l’être humain que nous étions avant. C’est un challenge, mais je vais le relever avec vous et j’ai besoin de vous.
Moi, j’ai besoin de vos oreilles parce que moi, j’ai la bouche pour parler. Mais si personne n’écoute, ça ne va pas le faire. Donc merci. Merci à tous pour tous les messages que je reçois au quotidien. Et et ça me donne envie enfin. C’est fou, mais ça me donne envie de faire encore plus de choses. Il faut oui. À la base, je vais faire mon podcast, je mise sur Spotify, Deezer, etc et là, je me dis waow !
Avec toute l’énergie que je reçois, il va falloir que j’aille sensibiliser davantage sur d’autres canaux que linkedin, notamment sur le volet professionnel. Il y a un chantier énorme à faire et là j’ai fait un post qui a eu énormément d’engouement, pas mal de messages. Ma boîte de réception a été full et ça m’a fait plaisir de dire que les gens se sont intéressés à mon histoire, que les gens se sont intéressés à cette cause-là.
Donc là, sur les collines, j’irai encore plus loin avec l’aura que je peux avoir parler du bégaiement dans le monde du travail, sensibiliser les RH à sensibiliser des chefs d’entreprise. Et vraiment de voir comment on peut arriver à sensibiliser à fond un max sur ce volet professionnel. Parce que tous les bègues et jeunes étudiants sur le marché du travail savent que le marché du travail est le reflet de la société actuelle.
Si la société actuelle n’est pas sensibilisée à ce secteur, elle ne connait pas réellement ce que le bégaiement peut ressentir. Le milieu professionnel ne va pas les accueillir à bras ouverts. C’est à nous aussi de faire ce travail de sensibilisation, autant au niveau professionnel que chez les ados sur Tik Tok. Donc pour moi, LinkedIn, c’est important. Je continuerai mon combat sur linkedin et également pour aller toucher les plus jeunes sur tik tok.
Je ne promets pas de faire la danse du ventre. J’essaierai quand même de partager du contenu intéressant, mais toujours avec ce qui est un peu déstabilisant que j’aime bien. Je ne pourrais pas faire des trucs très joyeux. Peut être que d’autres trouveront de l’humour, mais moi je. Le but, c’est en quelques secondes. Il faut que je t’accroche quoi ? Et j’aime bien faire pleurer aussi. J’aime bien créer l’émotion plutôt que faire pleurer. Pleurer, ce n’est pas drôle.
Mazarine
un code promo pour des mouchoirs.
Mike
Kleenex s’ils veulent faire des promos, c’est le moment tapé noir et bègue. Sur leur site, vous aurez une petite réduction et toi Mazarine. Que penses-tu de ce combat.
Mazarine
Pour un traitement ? Avant ça, le bégaiement va. Comme je l’ai dit, je n’y connaissais rien du tout.
Mike
Maintenant, tu le connais. C’est vrai. en direct. Tout le monde t’écoute.
Mazarine
C’est vraiment un handicap que je ne connaissais pas du tout dans mon entourage et pas de personne bègue. Je ne suis pas bègue non plus, donc forcément je n’ai jamais cherché à m’y intéresser plus que ça.
Mike
J’apprécie ta franchise.
Mazarine
Et et c’est vrai qu’après beaucoup, beaucoup de recherche, c’est très touchant et assez attristant de voir le peu de choses qui ont été faites sur ce handicap. Parce que ce soit par exemple, je ne sais pas l’autisme ou la trisomie, on a forcément de la sensibilisation, que ça soit à la télé, que ce soit sur les réseaux sociaux, un peu partout.
Mais en ce qui concerne le bégaiement, je n’ai jamais rien vu lu ou entendu, peu importe la plateforme, que ce soit à la télé également ou pas.
Mike
C’est sûr que si tu n’es pas connectée le 22 octobre, la Journée mondiale. Il y a très peu de chance de le voir. Les choses sont en train de changer. On va changer les choses et.
Mazarine
J’en avais également. J’avais entendu parler .
Mike
chaque 22 octobre. Je t’enverrai un message pour pas que tu nous oublie et maintenant les choses les choses sont en train de bouger et je pense que comme tu dis, c’est pas assez visible et ça sera de plus en plus visible dans les semaines et les mois dans les années à venir, parce que nous, notre souffrance, elle est toujours là et je pense que les chiffres de 650 000 bègues, les fameux 1 %, je pense qu’il faut vachement les revoir à la hausse.
Il y a beaucoup de gens qui bégaient, beaucoup de gens qui souffrent en silence. Les chiffres sont les chiffres, mais je pense que l’impact sur nos vies va au-delà des tous les chiffres qu’on peut nous communiquer. Et il faut vraiment arriver à aller à toucher un maximum de gens.
Mazarine
Eh bien, chers auditeurs, auditrices ! Cette première saison de Noir et bègue touche à sa fin.
Mike
En dèjà. Bon, maintenant, j’ai fait le tour de mon effort.
Mazarine
Et comme tu veux me dire, tu nous as raconté ton histoire tout au long de cette première saison.
Mike
Et merci à toi de m’avoir aidé à raconter mon histoire.
Mazarine
Mais de rien.
Mike
Et comment tu l’as vécu cette première saison avec moi ?
Mazarine
Assez bien pour être honnête. C’est la première vraie émission ou podcast que je coanime. Du coup, c’était assez stressant, mais c’était une très bonne expérience.
Mike
Ce n’était pas trop triste.
Mazarine
Au fond, je vais me relever, mais on va essayer.
Mike
Kleenex sur la table.
Mais sinon tu as pris plaisir à le faire. Et pour moi, c’était un grand grand plaisir de coanimer avec toi. Merci de m’avoir apporté ta joie, ta bonne humeur, de m’avoir permis de faire cette thérapie, comme je l’ai toujours dit. C’était pas forcément joyeux. Tous les sujets que j’abordais. Et merci beaucoup pour ta bienveillance. Et j’espère qu’avec cette première saison que j’ai réussi à te sensibiliser face au bégaiement, tu as apporté une vraie pierre aussi à l’édifice.
Tous les bègues, moi en premier tu te remercions et les non bègues aussi. Les erreurs.
Et c’était un vrai. C’était un vrai challenge de faire cette première saison et la deuxième saison s’annonce encore beaucoup plus challenging. Et on va raconter d’autres histoires, de m’aider à raconter la mienne et moi j’irai chercher d’autres histoires à raconter avec tous les mecs et pour faire avancer la sensibilisation autour du bégaiement. D’un grand merci à toi vraiment. Madrid. C’était très très sympa de coanimer le podcast avec toi.
Mazarine
Mais merci beaucoup, ça me fait très plaisir. Et encore une fois, je vous remercie de nous avoir écouté pendant toute cette première saison. Je vous remercie pour votre fidélité, pour vos partages et merci pour tous vos messages. Il faut savoir qu’on les dit absolument tous. Merci beaucoup pour tous vos retours qui me font très plaisir et je vous dis à bientôt sur.
Mike
Ah oui, mais il y a une petite chose, on a reçu pas mal de messages qui dit ouais Mazarine, une belle voix et moi pourquoi on ne dit pas moi je. Et c’est vrai que je suis jaloux, mais c’est vrai. Et un jour on va au restaurant, on voit des collègues de boulot avec qui on avait envoyé le fameux podcast.
La fille avec qui tu co-animes le podcast. Elle a une belle voix et c’était Madrid et elle est à côté de moi. Et. C’était drôle et légitime. Et du coup, j’ai été tout ému et tout a reçu des compliments. Bah moi, on me dit que mon histoire, moi, c’est déjà ça. C’est un compliment. Bon, pour la belle voix, ça sera peut-être pour la saison deux.
Mazarine
Ça sera peut-être les invités qui recevront les compliments. Ce n’est pas moi.
Mike
C’est ça.
Moi. Perso, les compliments, ça m’importe peu. Le plus important, c’est que vous écoutez et que vous partagez que si ça vous touche, pour moi, c’est le plus beau des compliments. Donc merci à vous. Abonnés, vous réécoutez la saison et je vous donne rendez-vous très très rapidement pour Noir et bègue 2.
Mazarine
Et clap de fin pour moi.
Mike
Clap ! Silence, ça tourne. Bon là, du coup, c’est silence. Ça c’est terminé.